Alan:
Cette fille m'intrigue, c'est seulement quand j'ai fait l'appel en cours ce matin que je me suis souvenu du prénom de cette idiote, Ilona.
Qui sort boire des coups à 23h30 alors qu'elle est encore au lycée sérieux ? Elle m'a perturbé. La façon dont cette écervelée m'a fixé m'a perturbé.
Ce matin, pendant mon cours, elle s'est faite discrète. Au fond de la salle, à côté de son amie. Ces yeux étaient cernés, pas étonnant vu ce qu'elle faisait hier soir. Je l'ai vu bailler plusieurs fois, et mes yeux posés sur elle à chaque fois qu'elle montrait un signe de fatigue l'ont persuadé d'arrêter ça tout de suite, de bien se tenir et de suivre mon cours.
J'ai quand-même pris un malin plaisir à la provoquer en la reprenant, ou en lui demandant de répéter ce que je disais, elle n'a d'ailleurs pas été capable d'en sortir un mot. J'ai même voulu la faire passer au tableau, mais je ne tiens pas à être cruel à ce point. Vu sa manière de se bouffer la lèvre et d'enfoncer ses ongles dans sa paume, je devine qu'elle est plutôt anxieuse.
Qu'elle aille pas me faire une crise le jour ou elle passe au tableau.
La sonnerie retentit et tout le monde s'empresse de ranger, comme pour me montrer que mon cour les faisait royalement chier.
La pote de la gamine l'attend, assez impatiemment, mais semble tout de même vachement compréhensive, va savoir pourquoi. Si j'avais une pote qui se bourrait la gueule la veille des cours et que je devais la traîner le lendemain, ça fait longtemps que je l'aurais envoyé boulet. Mais son amie semble étrangement patiente.
_ L'attend pas, j'ai à lui parler. dis-je à l'amie d'Ilona, dont j'ai complètement oublié le nom.
Elle lance un regard à son amie, compatissant, mais à la fois interrogateur, comme si elle se demandait pourquoi le nouveau prof du lycée voulait discuter avec une élève. Elle hoche la tête et s'éclipse rapidement, sûrement déjà en retard pour son prochain cours.
Ilona me regarde, elle semble inquiète, comme si elle était certaine que j'allais lui passer un savon dans les secondes qui allaient suivre.
_ Calme, je vais pas te bouffer, gamine.
Elle soupire, sûrement agacée par le surnom que je lui donne. Tu peux soupirer, moi ça me fait bien marrer, gamine.
_ Alors, pas trop dure la reprise en gueule de bois ?
Elle me regarde. Ses yeux bleus sont perçants, elle semble énervée et pour une raison inconnue, j'en jubile. Je ne suis pas comme ça avec mes élèves habituellement.
J'ai toujours été provocateur, mais jamais je ne fais attention à ce qu'ils font, c'est franchement le dernier de mes soucis. Mais je ne sais pas, elle est étrange, comme si elle avait construit un mur autour d'elle, elle a toujours de la méfiance dans le regard.
Au bout de quelques secondes, elle finit enfin par articuler:
_ Je ne suis pas en gueule de bois.
Sa voix est posée, mais assez froide. Hier, je n'ai à peine saisi ce qu'elle m'a dit tellement les gens parlaient fort. J'ai seulement deviné à son expression qu'elle avait les nerfs à vif, je n'avais pas fait attention à son timbre de voix.
En revanche, j'ai pu faire attention à son langage corporel, à la façon dont elle s'est crispée quand elle a senti mon corps derrière le sien, de ses frissons, de sa façon de déglutir quand mon souffle s'est écrasé contre son oreille.
Elle était bien trop tendue pour que ce soit normal.
_ Tu devrais faire attention, une gamine comme toi dans un bar comme celui d'hier, ça pourrait mal tourner, si tu vois ce que je veux dire.
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HEAL [SECONDE VERSION]
RomanceLes problèmes de familles... Ilona nage dedans depuis son enfance. Issue d'une famille riche, la perfection est le mot d'ordre. Un mot que sa mère a trop prit à cœur, au point de détruire sa propre fille. Pression, agressions et violences, Ilona ne...