Chapitre 17

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Eira était convaincue que son père, après la mort de sa mère en 1820, était devenu paranoïaque.

Sa mère avait été tuée par un vampire. La brune se souvenait encore quand elle déposa un baiser sur son front avant de quitter la maison pour faire les courses. À cette époque, ils vivaient encore en ville.

Toute la journée, la jeune fille avait attendu avec inquiétude et angoisse. Elle espérait que sa mère allait bien et qu'elle reviendrait bientôt avec son sourire habituel, peut-être même avec une petite surprise pour elle comme elle le faisait chaque semaine. Souvent, elle lui ramenait un livre, un vêtement ou un bijou, lui disant qu'elle l'avait vu et qu'elle avait pensé à elle. Elle lui répétait qu'elle l'aimait, qu'elle était sa princesse et son trésor le plus précieux.

Mais Eira avait espéré en vain. Sa mère n'était pas revenue. Elle avait été attaquée par un vampire qui l'avait mordue et laissée pour morte. Lorsqu'Esteban était allé à sa recherche, il fut de retour avec la mère de la jeune fille dans ses bras. Elle avait du sang qui coulait de son cou, maculant le tissu de sa robe bleue et un regard vide et horrifié. Cette scène s'était imprégnée dans l'esprit d'Eira et ne s'était jamais effacé depuis ses douze ans.

Ce jour-là, la brune avait vu son père pleurer, hurler, maudire... Les larmes coulaient sur ses joues creusées par le chagrin et ses cris enragés résonnaient dans la maison silencieuse.

Depuis ce jour, la jeune fille avait senti sa vie prendre un sacré coup— Esteban changea du tout au tout, se renfermant sur lui-même comme une huître protégeant sa perle. Après quelques années, ils déménagèrent aux abords de la Nouvelle-Orléans sans aucune explication préalable, s'installant loin de toute âme qui vive, dans une maison isolée, entourée uniquement par Mère Nature.

Au final, Eira fut profondément marquée par les traumatismes de son enfance.

Le vampire femelle détestait les endroits confinés et sans issue. Elle en avait la nausée, une sensation de malaise qui lui tordait l'estomac chaque fois qu'elle se retrouvait enfermée.

Après leur déménagement, Esteban avait passé tout son temps au travail. La brune ne savait pas de quoi s'agissait-il, mais elle savait qu'elle se retrouvait emprisonnée dans la maison jusqu'au retour de son père dans l'après-midi ou parfois jusqu'à la tombée de la nuit. Elle entendait encore le bruit des clés qui tournaient dans la serrure, le signal que son père avait quitté la maison...

Entendre ce son la dérangeait jusqu'à ce jour, ça l'asphyxiait. C'était comme si chaque tour de clé lui coupait un peu plus le souffle, la laissant essoufflée et paniquée.

Esteban était constamment hanté par la peur des vampires qui pourraient s'en prendre à sa fille lorsqu'il n'était pas là. Sa paranoïa l'avait conduit à installer des serrures et des cadenas à toutes les portes et fenêtres de leur maison.

Une simple invitation de la part d'Eira aurait suffi pour permettre à ces suceurs de sang d'entrer chez eux... Cette idée avait poussé Esteban à transformer leur humble demeure en une véritable forteresse impénétrable, enfermant sa précieuse fille dans une cage dorée. Il lui répétait inlassablement qu'elle était en danger, qu'elle devait rester sage et obéissante, et qu'elle pouvait toujours lui faire confiance.

Même si c'était un peu excessif, la jeune Eira exécuta les instructions de son père à la lettre. Au fil des années, la brune ne pouvait s'empêcher de se sentir prisonnière, non seulement des murs de la maison, mais aussi de la peur constante d'Esteban.

Elle avait grandi, atteignant ses 19 ans, mais il y avait eu une routine qui avait tenu bon— Elle ne pouvait goûter à l'air frais qu'à travers les fentes minuscules des fenêtres, celles que son père consentait à ouvrir pour aérer la maison. Elle se sentait si seule et si étouffée dans sa cage, qu'elle aimait faire passé ses petits doigts par les minces ouvertures pour jouer avec les oiseaux qui venaient se promener sur le rebord extérieur de leur fenêtre.

Perdue || THE VAMPIRE DIARIESWhere stories live. Discover now