Destins croisés à NYC

J'aurais pas dus me faire pardonner

                                             Elora

Au lever du jour, je fus arrachée de mon sommeil par le vent qui traversait ma chambre mais aussi par le bruit des gouttes d'eau de la douche que prend Mathew tous les matins. Pourtant, ce n'était pas seulement le souffle de l'air qui m'avait sorti de mon sommeil paisible. D'habitude, j'aurais volontiers profité de quelques minutes de sommeil supplémentaires, mais aujourd'hui, je devais me lever tôt pour les devoirs supplémentaires d'arts que ma professeure m'avait recommandés pour m'améliorer. En sortant de ma chambre, je croisai Mathew qui se dirigeait vers la sienne, ses yeux cernés trahissant une nuit agitée. Son regard, froid et fatigué, ne laissait aucun doute : il avait mal pris ce qui s'était passé hier soir. Je sentais la culpabilité s'installer en moi. Après tout, il avait seulement essayé de m'aider. Si je n'avais pas été aussi têtue, peut-être que la soirée aurait pris une tout autre tournure.          je suis idiote.......

Je me hâtai ensuite vers l'arrêt de bus pour ne pas le rater, même si cela signifiait retarder mes excuses envers Mathew. Après quelques minutes d'attente, le bus arriva enfin, et je m'installai à peu près au milieu de celui-ci, les écouteurs dans les oreilles, plongée dans mes pensées. J'essayais de rester positive et de me plonger dans des scénarios, mais les pensées de Mathew continuaient à m'assaillir. Pourquoi je ne cesse de penser à lui ? Pourquoi est-ce que je ressens autant de culpabilité alors que nous ne sommes pas amis ? Pourquoi...

Mathew, avec son regard fatigué et distant, hantait mes pensées, même lorsque j'essayais de les chasser. Pourquoi son image occupait-elle tant mes pensées ? Pourquoi cette culpabilité persistante, alors que notre relation n'était rien de plus qu'une simple colocation de pacotille ? Et pourtant, il était si exaspérant. Pourquoi ? J'avais besoin de réponses

Perdue dans mes pensées, je n'avais même pas remarqué que le bus s'approchait de mon arrêt. Je me leva pour pour me diriger vers les portes qui s'ouvrit a quelque centimètre de moi  je franchis le seuil de l'enceinte du lycée. Je me dirigeai vers ma salle d'art, laissée ouverte par ma professeure pour les élèves qui voulaient exprimer leur créativité. Les œuvres des étudiants étaient exposées dans cette salle, ce qui lui conférait une atmosphère inspirante. Je m'installai à une table, mon regard se posant sur la peinture inachevée qui attendait patiemment mes pinceaux. Les heures semblaient s'envoler alors que je me laissais emporter par l'inspiration. Mais il était déjà temps de ranger mon matériel pour rejoindre mon prochain cours. Je ne suis arrivée que depuis quelques jours, mais j'ai l'impression d'avoir connu cette professeur depuis longtemps, surtout parce qu'elle est super gentille, mais aussi peut-être que c'est simplement que l'on partage la même passion.

Avec un soupir, je pris mon sac et sortis de la salle, me dirigeant vers mon casier pour déposer certains cahiers et en prendre d'autres dont j'aurais besoin. En parcourant les couloirs du lycée, je perçus du coin de l'œil le visage d'Iliam, visiblement dans une situation délicate. Les filles qui l'entouraient semblaient l'assaillir de questions et de gestes indésirables. Iliam est devenu leur proie ce matin. Je le voyais tenter maladroitement de s'en libérer en leur opposant des excuses qui sonnaient creux. Il devrait s'améliorer en excuses s'il veut un jour se libérer de leur emprise. Son regard était un appel à l'aide, mais malheureusement pour lui, je n'avais pas le temps de jouer les sauveurs. J'esquivai son regard et marchai d'un pas pressé. Désolée, Iliam. Celui-ci semblait réellement désespéré en me voyant partir. 

Depuis mon arrivée, je n'avais aucun ami à part la compagnie de Mathew, qui faisait cela seulement par gentillesse, et celle d'Iliam, rencontré la veille. Arriver en plein milieu de l'année dans un nouvel endroit quand les groupes sont déjà formés n'était pas facile, surtout en tant qu'étrangère. Je n'avais jamais eu beaucoup d'amis, et les rares que j'avais eus étaient toxiques. La compagnie de Mathew et Iliam me suffisait pour l'instant.