Cette lettre m'a rendue folle

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mon domicile, j'ai une vue plongeante sur cette petite pièce. J'y vois défiler des parents, des grands-parents, des baby-sitters qui patientent.

Comment ne pas vous remarquer ? Vous êtes longue, blonde, vous ne portez aucun maquillage (vous n'en avez pas besoin), votre peau est splendide. Lorsque je vous ai regardée pour la première fois, vous étiez en train de rêver, les yeux perdus vers la fenêtre.

Vous ne pouviez imaginer que quelqu'un vous observait avec autant d'attention. J'ai dû poser mon stylo pour m'approcher de la fenêtre, tout en faisant attention à ne pas vous révéler ma présence. À quoi pensiez-vous ? Vous aviez l'air à la fois triste et rêveuse. Vous portiez une jupe en jean qui dévoilait vos mollets dorés. Vos mains posées sur vos cuisses étaient fines et délicates, vous portiez une alliance. Vous étiez seule dans cette salle d'attente, et seule devant mon regard qui vous dévorait à votre insu. Je n'ai pas pu m'empêcher de me laisser aller à une excitation exquise. Je me voyais, devant vous, à genoux, à lentement embrasser, puis lécher cette peau lisse, à remonter le long de vos jambes avec ma bouche. La semaine d'après, vous lisiez un roman de Patrick Modiano. Vos cheveux étaient attachés. Vous étiez seule au monde avec votre livre. Une fois, vous avez levé le regard vers les rideaux, comme si vous avez senti que j'étais là, derrière, et que je vous épiais, comme si vous avez capté malgré tout la chaleur qui émanait de moi. Je n'ai pas pu deviner la couleur de vos yeux, mais ils m'ont semblé noisette.

Cette lettre m'a rendue folle   Où les histoires vivent. Découvrez maintenant