Délicatesses - 1ère partie

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Mode d'emploi pour votre couple

Comment être heureux avec une personne qu'on aime ?Nouer une forte amitié avec celle que l'on aime, jusqu'à obtenir une grande complicité. Puis, se laissant guider par ses yeux neufs, qui confondent les sentiments et découvrent le penchant de l'âme, retomber tout doucement amoureux de cette nouvelle meilleure amie. Puis, recommencer. Et si ça fonctionne pour les deux : vivre heureux. Voilà.

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Mélancolie
Par terre, les feuilles laissées pour mortes et tordues de froid par l'automne prennent la forme de crapauds sans vie, et le souvenir de toi me hante encore.Ah ! Si je pouvais effacer ton souvenir comme je balaye ces feuilles... D'un coup de pied bien planté ! J'en serai ravi, mais tu ne pars pas de ma tête. Tu es mon automne, et déjà je crains l'hiver.

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Plus que briller : scintiller
Quand nos yeux tendent à se fermer, nous ne restons jusqu'à la fin éblouis que par ce qui demeure nourri d'un éclat véritable.

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Le métier évolue
Si d'aventure on tombait sur une compagne qui nous enchante, et que celle-ci nous offrait de beaux enfants dont une fille, alors, on se mettrait inconsciemment à l'élever pour qu'elle devienne à nos yeux la femme qu'on aurait aimé avoir, permettant à tous ceux qui un jour tomberaient sur son chemin d'avoir leurs yeux briller du plus bel éclat, de la même lumière qui m'attendrit aux années où, moi-aussi, je creusai au hasard et héritai d'un diamant. Or, de quoi peut succéder un diamant, sinon un autre diamant ? C'est un métier difficile qu'être celui de père pour sa fille, il réclame tact et admiration pour donner la brillance ou pour plutôt la laisser s'exprimer, car tout réside dans la pierre, si tant est qu'elle est précieuse. Amoureux puis papa, on est d'abord archéologue puis polisseur. On a d'abord la chance de tomber sur une femme de matière rare et précieuse, de laquelle on fabrique d'autres bijoux, qu'on polit pour qu'ils gardent tant que possible cet éclat du diamant mère.Continuez de creuser.

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Une bonne raison
Quelle consolation peut-on tirer du départ de celle qu'on a aimé ? Donner son nom à sa future fille, si un jour on en a une. Car quel plus beau clin d'œil peut-on faire à ses amours passées, que d'en donner le nom à l'enfant qu'on a eu d'une autre, dans le secret de nos souvenirs ?

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Doux diagnostic
L'amour est un tendre tremblement d'où foisonne la passion sans frivole frisson.

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On devait se croiser...
S'il y avait réellement un destin, je t'aurais rencontrée et aimée de n'importe quelle façon – comme ma mère, comme une femme dont je serais tombé amoureux, comme ma fille que j'aurais chérie, comme une sœur que j'aurais protégée devant tous les dangers. Qu'importe. Nos deux âmes m'apparaissent liées par quelque chose qui dépasse le simple cadre de la filiation et dévoile en un instant la magie de nos destins unis, peu importe la nature, peu importe le type de nœud.

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Une vie, une symphonie
La vie qui commence est précédée par le silence absolu, un néant sans figure ni son, et se termine de la même manière. Entre deux se joue l'unique symphonie. On la joue, en s'écoutant, on s'admire, on prépare le prochain mouvement, on grossit ce qui nous échappe presque, on voit languir indéfiniment les moments de détresse, on virevolte, ça vivote, des danses à chaque strophe d'allégresse. Les ponts, les refrains... On improvise, on intègre la fausse note. À ce propos, on voit tout de suite la qualité d'un musicien à la manière d'intégrer cette fausse note à son jeu.J'observe et constate sans juger la mélodie de chacun que je rencontre au premier son qu'il déploie. Bien que je ne croie pas à la « mystique de la hiérarchie », il persiste une bonne manière de se différencier des autres en jouant sa symphonie différemment des standards ronflants ou des railleries excentriques. Nos vies se ressemblent quasiment toutes depuis la nuit des temps et pourtant il nous faut livrer notre propre interprétation de ce grand classique qu'est l'existence humaine. Comment la jouer de nos jours ? Pas trop fort, en variant la mélodie, le ton, les effets, s'adapter, le rythme, les instruments dont on apprend l'usage, sans oublier l'orchestre, mélange d'empreintes et d'imprégnation...Bien jouer ne se fait pas sans ses oreilles, ses mains, son esprit, mais surtout, sans son cœur.À la manière de se produire sur scène, je ressens ma vie comme cette unique représentation, applaudis en toute franchise et à la fin, je tacherai de ne pas manquer un rappel.

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Le fouet du jeu
Je crois que trop de fois en amour j'ai oublié de prendre mon fouet !Je pensais pourtant m'en tirer convenablement en m'en passant, mais cela fût une double erreur : pour moi car trop timide et lâche devant cette arme facile qui me tendit les bras, et pour cette bataille qui doit valoir le coup. Un fouet peut bien servir d'attache solide comme de tenaille aux méprises, ne m'effraye-je pas de m'en servir à l'avenir !

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Promesse du matin
Au tendre baiser du matin, je me réveille délicatement.Je ne sais plus pourquoi je souris, ni même ce qui m'enchante.Je ne compte pas ces premiers soucis qui me reviennent subitement,J'écarte les veilles de ces instants, Car c'est l'heure de mon éveil :Tendre parfois, douloureux sinon, Mes yeux s'ouvrent les premiers,« Encore ce matin le soleil me devance,Ce jour commence comme tous les autres,Mais ne finira comme aucun. »C'est la promesse que je me fais,pour chacun des matins.

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« Appogiatures », pensées mêlées sur le quotidienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant