Past and Present

Respire: 1,2,3.

Manchester, Angleterre, Décembre 2019

6 mois. 182 jours. 200 000 minutes. Et plus d'1 millions de secondes. C'est trop court, beaucoup trop court. Je m'en veux tellement de pas avoir percuté plus tôt. Je me suis laissé porté pas l'automne, Halloween, les thés chaud de ma mère. Je n'ai même pas pris le temps de lire les livres conseillés pour le meilleur cours de l'année. Sans oublier Emmy qui ne pense qu'à une chose : les mecs. Vu que elle est obsédée par ça, elle est également obsédé par le fait que selon elle, et je dis bien selon elle, que Lyam serai sur moi.

Depuis mes débuts ici, Lyam s'est toujours persuadé qu'il était en concurrence avec moi. Nous étions de la même promo. C'est lors de mon exposé avec Emmy que tout a basculé. Il a posé ses yeux sur moi, et ne les a plus jamais enlevés.

Flashback : Manchester, Angleterre, octobre 2017

Respire. 1,2,3. Expire. Respire à nouveau. 1,2,3. Expire à nouveau. Je déteste les oraux et ça depuis toujours. Même en école élémentaire j'aimais pas ça. J'ai l'impression que tout le monde me scrute comme ci tout ce que je disais pouvait changer le monde. Bon bref, imaginer tout le monde à poil ça ne marche pas, va falloir se faire à l'idée.

Je débite mon texte que j'ai appris par coeur sur la cathédrale de Manchester, qui n'est pas le sujet le plus incroyable de la Terre. Mais, alors que je m'efforce de regarder ma promo avec le plus de conviction possible, je remarque quelque chose de très perturbant. Vers le milieu de l'amphi, un garçon me scrute. Mais il me scrute avec tellement d'intensité que c'est perturbant. On dirai qu'il est capable de lire en moi.

Je débite mes paroles en essayant de ne pas m'attarder sur celui qui ne pas lâche pas depuis 15 minutes :

-...Voilà, c'est ainsi que nous pouvons affirmer que la cathédrale de Manchester est sans aucun doute, un des emblèmes les plus fort de la ville et du pays.

La promo nous applaudit. Je regarde Emmy qui me sourit d'un signe de fierté immense. Elle comprend et sait à quel point faire ce genre de chose demande un effort sur humain pour moi. Contrairement à elle, je ne suis pas née avec une aisance d'oratrice.

- Bravo, purée, tu es vraiment incroyable. Tu vois, il suffit parfois d'oser pour ce rendre compte de quoi on est capable vraiment, me felicite-t-elle.

De nos jours,

Cette phrase, je me l'a remémore assez souvent. Elle m'encourage toujours et me pousse dans mes retranchements. Elle m'aide aussi à soutenir le regard de Lyam depuis plus de 2 ans. IL me pousse dans mes retranchements. IL me provoque. IL m'agace. Peut-être qu'il devrai consulter un psychologue, peut-être que je comprendrai enfin son besoin de m'avoir dans le collimateur.

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- Bonjour, je m'appelle Monsieur Rogers et je serai votre professeur de psychologie sociale et cognitive durant cette année universitaire, cria le fameux monsieur Rogers dans l'amphithéâtre plein à craquer.

C'est le premier cours de l'année. Enfin non, rectification, c'est le premier cours intéressant de l'année. La routine des cours de méthodologies ça me tue déjà d'ennuie. Les premiers mots ont été uniquement là pour nous faire la présentation des associations, des semaines d'intégrations un peu partout et aussi de servir de guide aux premières années. Mais je sens que le cours de Monsieur Rogers en sera autrement. En effet, notre enseignant n'est pas n'importe qui dans le milieu universitaire anglais. Après avoir fait son cursus de psychologie à l'université de Manchester, il a décidé de partir au Canada pour se spécialiser en criminologie. Autant vous dire que ces récentes recherches dans le domaine sont plus que reconnues. On rêvait de le revoir ici après son périple au Canada. Lors de son retour, il avait affirmé dans la presse locale « se sentir pleinement chez lui lorsqu'il est à Manchester ». Petite précision: Monsieur Rogers est le parfait exemple du chic à l'anglaise. Avec ses cheveux roux, sa grande taille, et sa voie affirmé, les trois quarts de la gente féminine fondent à chaque début d'heure. Mais, je dois être l'exception qui confirme la règle. J'ai un objectif, un gros objectif: j'ai pas le temps de m'extasier devant chaque bel homme que je croise dans la journée. Je ne m'intéresse uniquement qu'à son expérience et aux connaissances qu'il peut m'apporter. Emmy me trouve aigrie, fermée, rabajoit selon ses dires.

Elle, elle ne s'extase pas non plus mais je vois bien dans son regard qu'elle est bien heureuse d'être là.

- Comment tu peux ignorer le charisme de James jusqu'au bout ?, me questionna-t-elle.

- Pour la simple et bonne raison que je refuse que l'on soit deux psychopathes. J'en ai bien assez d'une seule pour l'année la plus importante, ripostais-je. Et, en terme de rouquins, je préfère Ed Sheeran.

Emmy n'a pas eu le temps de me juger pour mon amour sur le chanteur anglais que son rouquin préféré à elle se mit à parler. Ordinateur, thé ( parce que faut rester fidèle aux clichés, faut pas déconner), et je suis prête à enfin m'attaquer au coeur du sujet.