CET INCONNU

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                              01.

Avec cette brise glacée de l'hiver, je me sens revivre. J'étais sur le quai de la maison de ma mère. Je voulais lui annoncer de moi-même que j'ai abandonné la fac de droit, même si je me doute, qu'elle le sait déjà. Mon coeur se prépare déjà à d'éventuelles jugements venant d'elle. Je voulais devenir avocat ou procureur, pour prouver à mère que j'étais capable de faire de grandes choses comme elle. Mais après avoir été témoin de tout ses cruautés humaines, j'ai plus voulu y retourner.

J'entre dans la maison, et de l'entrée je pouvais entendre le frôlement de ses cuisses et le grincement de ses talons aiguilles. Elle applaudit et se met devant moi, elle ricane et me regarde avec ses yeux pleine de mépris et de pitié que je déteste tant.

Elle: On m'a dit que tu as abandonné le droit.Je suis pas étonné , après tout je ne m'attendais à rien venant de toi. Elle me répète toujours les mêmes mots "Tu ne sers à rien comme ton père" , "Tu n'ira nulle part en agissant comme un perdant", "Pourquoi tu ne meurt juste pas , afin que nos maux à toi et moi ne cessent enfin", "J'ai choisi le mauvais cheval en misant sur ton père" . Chacun de ses mots avaient l'effet d'une épingle qui s'est enfoncé directement dans mon coeur, chaque mot faisait des petits trous invisible dans chaque recoins . Pourquoi me suicider alors que ses paroles me tuait peu à peu?

Les gens se demandent comment une mère peut faire cela à son enfant mais pas seulement, elle faisait aussi vivre un enfer à mon père de son vivant. Elle a toujours été comme ça depuis que j'étais tout petit , jamais heureuse de ce qu'elle avait. Pourtant elle avait tout ce que les gens souhaitaient au plus profond d'eux-mêmes, une famille, un mari aimant, un travail décent et bien payé. Dans tout ça, elle n'aimait que son travail et négligeais le reste, mon père, notre vie de famille et y compris moi.

Mon père aimait cette femme que j'appelle rarement "Maman". Il dit qu'elle n'était pas comme ça avant, et que la fille pour laquelle son coeur battait à l'époque n'était pas elle. Je lui ai demandé s'il regrettait de l'avoir épouser, mais il m'a repondu que non et que grâce à ce mariage il a pu m'avoir moi, j'étais une bénédiction selon lui, la lumière qui lui manquait.

À vrai dire, je voulais faire tout ça pour lui mais il est mort avant que je ne puisse briller. À quoi bon continuer alors que la raison est parti avec lui.

Je me dirige vers le seul endroit où je pouvais m'évader, la bibliothèque. Les livres étaient le seul moyen qui me permettait de fuir cette triste réalité qu'était ma vie. Mais à mon plus grand désarroi, le magasin était fermé. je m'affale contre la porte, ma tête posé sur mes genoux en cachant ma tête entre mes bras, je pleure. Pleurer en public n'est pas vraiment la bonne chose à faire mais je voulais que tout ce poids lourd qui pesait sur mon coeur s'en va et rien de mieux que de pleurer.

J'entends quelqu'un dire de ne pas bloquer le chemin. Je lève la tête et remarque qu'il s'adressait à moi, je ne savais pas qui c'était, je voyais encore flou à cause de mes précédentes larmes. Je me lève et le laisse passer, il sort des clés et ouvre la porte. Je me precipite vers cette lumière que je voulais tant depuis une heure déjà.

Je jette un coup d'oeil à l'inconnu, nos regards se croisent, ses yeux était noir, ses vêtements de la même couleur que celle-ci. On se disait bonjour et je détournais mon regard sur le sol à chaque fois qu'il me regardait, c'était tellement gênant, en plus j'avais encore les yeux gonflés.

La nuit tombe, j'aurais dû rentrer directement, venir ici n'a été qu'une perte de temps. Je m'assois sur une chaise et l'homme s'approche de moi
Tiens bois un peu d'eau et je te conseille d'aller te rincer le visage. J'arrivais pas à croire qu'il me parlais informellement, il me faisait peur avec ses yeux noirs, dans le vide, on aurait dit un psychopathe. Est-ce que cet eau est empoisonné et qu'il veut me tuer? Non, c'est impossible. Il faut que je parte d'ici...

Merci pour l'eau mais je dois y aller, aurevoir!! Je disais cela en me précipitant vers la sortie.

Finalement, cet inconnu m'a permis de penser à autres choses, même si ce n'était que pour quelques minutes. Il est presque 19h et je n'ai pas d'autres endroit où aller apart chez moi, alors je rentre. Mon appartement n'est pas très spacieux mais mon budget ne me permet d'en avoir un, un peu plus grand. Arrivée à mon appart, je me glisse tout de suite sous les draps. Aujourd'hui a été une journée crevante, comme tout les autres à vrai dire.

Le matin, j'ai eu du mal à me réveiller. J'ai mal partout, le long de mon corps. Mais j'arrive encore à me lever du lit et à aller rejoindre mon ami au café du coin. Ce café est assez populaire, il vient d'ouvrir il y a quelques semaines et tout les tables sont déjà bonder. Je m'assois en face de mon ami Fuma et on parle de tout et de rien. Un serveur vient prendre notre commande, sa voix m'est familière, je lève la tête et je remarque que c'était le gars d'hier. C'est peut-être un hasard alors j'agis comme si je l'avais jamais vu.

La journée se termine aussi banalement comme mes autres jours. Je passe devant la rue du magasin et je remarque qu'il est ouvert. Au moins, je pourrais terminer cette semaine avec un peu de joie. J'entre, je m'attends à voir Mr Lee mais il n'y avait personne à l'accueil alors je me suis permis de lire un ou deux livre jusqu'à ce que j'entends un bruit venant de l'accueil. Peureux comme je suis, au début j'ai pas voulu y aller mais j'étais quand même curieux alors j'ai voulu vérifier. Il n'y avait personne.

J'imagine que je suis trop fatigué et je commence à entendre des voix. Le bruit s'est déplacé et maintenant il vient des toilettes, un livre épais à la main, j'étais prêt à frapper quiconque qui sortait de la porte des toilettes.

La porte s'ouvre et sans savoir qui c'était, je frappe la tête de la personne qui en était sorti. Je l'entends dire ça fait mal, je suis soulagé, c'est un humain. Je croyais que c'était un fantôme ou quelque chose comme ça, vu le bruit qu'il émettait depuis les toilettes. Je m'excuse et il relève la tête vers moi, sa main est encore sur son visage.

Il me regarde et je fais de même. Je me suis réjouis bien trop vite, j'aurais mieux aimer rencontrer un fantôme ou même un zombie au lieu de lui. C'est encore le barjo d'hier...

                                         
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JE M'AIME À TRAVERS TOI [NICHOJOO]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant