Saphirs

Chapitre 2: comme de la fumée

Pour un instant, le cœur d'Aliz a semblé s'arrêter. Son premier réflexe fut d'essayer de se rassurer. Il avait simplement passé la nuit dehors et puis c'était tout.

Elle descendit de l'étage où les chambres étaient situées pour rejoindre les autres. Koah était toujours le premier levé, Winnie le suivait et Rahim se réveillait à l'odeur du petit déjeuner. Hazen et elle ne se levaient jamais avant que le soleil soit haut dans le ciel comme ils veillaient souvent très tard.

Le tiefling était en train de sculpter un morceau de bois; un nouvel ustensile pour Winnie, peut-être.

-    Est-ce que t'as vu Hazen?

-    Non, pas depuis hier soir.

-    Il n'était pas dans sa chambre...

-    Il a sûrement trouvé quelqu'un avec qui passer la nuit, Aliz. Ne t'inquiète pas.

-    T'as sûrement raison, Koah.

Plus la journée s'avançait, plus un sentiment de malaise prenait place dans le ventre de la voleuse. Le soleil était déjà à moitié caché par l'horizon quand elle décida d'aller le retrouver pour lui donner la raclée de sa vie.

La taverne se trouvait juste à côté et elle fut vite arrivée à destination.

Une odeur d'ivresse planait partout dans l'espace et il y avait au moins trois personnes au sol parce qu'elles avaient passé leur après-midi à boire.

Aliz s'approcha du bar pour parler au propriétaire qui nettoyait des verres. Son gros ventre de bière et sa drôle de moustache lui donnait un air de joyeux vivant. Il était toujours là pour servir des boissons, peu importait l'heure ou la journée, ce qui voulait dire qu'il savait probablement quelque chose au sujet d'Hazen.

-    Salut Bobie! T'aurais pas vu mon fouteur de trouble préféré, par hasard?

-    Ah! Aliz, veux-tu une pinte?

Elle hocha la tête et déposa quatre pièces sur le comptoir avant de s'asseoir. Il n'allait pas cracher le morceau à moins qu'il y ait un petit échange d'inclus. Bientôt, il déposa la bière devant elle.

-    Il est venu hier, pourquoi?

-    Il n'est pas rentré, alors je le cherche.

-    Oh, peut-être qu'il est resté avec le jeune homme qui l'a accompagné en sortant?

-    Est-ce que c'était quelqu'un que je connais?

Hazen avait une multitude de conquêtes, mais jamais personne qu'Aliz ne connaissait pas au moins de nom, au grand malheur du casanova. C'est qu'elle avait des yeux et des oreilles. Il ne les ramenait jamais à la maison, mais elle finissait toujours par entendre parler du garçon ou de la fille à qui il aurait brisé le cœur. C'est qu'ils fréquentaient toujours la même taverne.

Comme on disait : Hazen fournissait le thé et Aliz le buvait grâce à ce cher bon Bobie, telle une sœur qui se mêle de ce qui ne la regarde pas.

-    Non, je ne l'ai jamais vu avant. C'était un elf d'une tête plus petite qu'Hazen. Ses cheveux étaient noirs... Hum... Il était très pâle; pour être honnête, quand je l'ai vu, j'ai tout de suite pensé qu'il était malade. C'est tout ce dont je me souviens!

-    C'est déjà un bon début. Merci Bobie.

Elle termina son verre d'une dernière grande gorgée et salua le barman avant de ressortir. Il y avait définitivement un truc étrange dans toute cette situation. Son meilleur ami aurait dû s'être manifesté depuis longtemps. Elle pouvait accepter qu'il aille passer la nuit dehors, mais pas qu'il ne donne aucune nouvelle pour toute la journée qui suit. Ce n'était pas normal. Elle espérait juste que ses inquiétudes soient infondées.