vii)

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alexander venait de vendre un vélo tout rouillé qu'il avait volé à une gamine. c'était une belle journée. le soleil grisaillait au loin derrière les nuages. il chantonnait un vieil air que lui avait appris son grand-père. alexander avait fait pas mal d'argent. il était content. il alla se promener sur le rebord de la tamise. au loin, quelqu'un sautait d'un pont et atterrissait à grand fracas sur le sol. près d'un entrepôt, qui servait autrefois, lorsque londres recevait de la marchandise d'autres pays, un vieillard somnolait, avec pour seule couverture un bout de tissu râpé. alors qu'alexander approchait, celui-ci ouvrit les yeux et sourit.
« vous entendez ? c'est un rouge-gorge. »
il répéta :
« un rouge-gorge qui chante. ah, mais je le vois ! regardez, dans l'arbre, là-bas. »
alexander se tourna. il n'y avait pas d'arbre. ni de rouge-gorge d'ailleurs. rien qu'une vieille voiture rouillée.
pourtant, il sourit.
« c'est vrai, c'est un bel oiseau. »
le vieillard reposa la tête vers l'arrière.
« le ciel est si bleu. »
puis, après quelques instants, il souffla :
« la vie est si douce, ici. »
les yeux clos, il se laissa aller contre le mur en métal. puis il ne bougea plus. alexander resta quelques temps là, à attendre. il voulait être sûr.

l'espoir vit même en enferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant