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Un livre bulgare et un bon café réconfortant calmaient temporairement la vague à l'âme de Kalina

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Un livre bulgare et un bon café réconfortant calmaient temporairement la vague à l'âme de Kalina. Chaque jour, elle tentait de se débarrasser des papillons noirs enfermés dans son esprit et chaque jour, le même scénario se reproduisit. Pour fuir la réalité, elle plongeait dans les histoires fictives, en espérant de s'y perdre à jamais. Malheureusement, sa soif d'échapper à son sort était égale à sa soif de caféine, qui a déjà été englouti par la gourmande qu'elle est. L'étonnement la saisit face à cette constatation. Péniblement, elle se leva de son lit moelleux, quittant son espace de confort. Un rayon de soleil éblouissant détourna son regard embrumé de fatigue vers la fenêtre. La fin de journée ensoleillée a incité du monde à profiter du beau temps. Un petit sourire s'esquissa sur le visage de l'endormie réveillée. Des étincelles de gaieté brillèrent dans ses pupilles, comme si la lumière du soir avait évacué l'orage turbulent en elle. Puis, sous une pulsion impromptue, elle enfila une belle robe verte ainsi qu'une veste en jean délavée avant de déserter son appartement. Ses talons claquaient sur le trottoir effervescent de bonne humeur et ses lunettes teintées lui montraient un des aspects de la vie. Oublier ses soucis le temps de lâcher prise et sourire aux roses jaunes que le destin lui réservait.

La foule, diversifiée en âge et en caractère, s'animait autour d'elle tel un tourbillon de fraîcheur. Le vacarme apaisant adoucissait l'ouïe de la jeune femme, usée par le tintamarre des appareils électroniques envahissant sa cuisine. Une paix s'installa en elle. Ses jambes avançaient vers une destination inconnue et le vent ambiant valsaient avec ses cheveux, embellissant le spectacle ordinaire nocturne. Jamais une soirée ne lui avait semblé aussi paisible, féérique. A moins que le travail l'ai fait oublier la magie du soir.

Sa promenade improvisée l'amena dans un somptueux parc où elle n'avait jamais mis les pieds. La végétation s'illuminait sous les lueurs dorées de l'or du soir. Une énorme variété de fleurs était répandue dans le jardin enchanté. De charmantes infrastructures habillaient l'espace fleuri. De modestes lacs, des puits et fontaines décoratives ainsi que d'adorables kiosques attiraient les rares visiteurs de l'endroit.

Sa balade s'arrêta lorsque son attention se porta sur une rose rouge, entourée minutieusement d'un ruban amarante, déposée sur un banc en pierre. Elle était la seule de son espèce en ce lieu. L'amusée s'y approcha, curieuse, en traversant une arche végétale. Puis une pensée lui vint à l'esprit : et si quelqu'un l'avait oublié ?

Kalina regarda autour d'elle pour voir si quelqu'un l'aurait perdu. A gauche. A droite. Personne. Sur ses gardes, elle s'assit à côté de la majestueuse fleur, attendant que le propriétaire vienne la récupérer. Une rose rouge. C'est une rose rouge.

Elle repensa à toutes ces fois où Jules était venu lui apporter ce même bouquet de pétales. Le souvenir de leur rencontre lui revint. Une rose rouge à la main, Jules attendait une femme, sous une averse incessante, abrité par un parapluie noir. Kalina était sortie au même moment pour fuir une énième dispute avec ses parents. A la vue de son future âme-sœur, le jeune s'assit à ses côtés sur le banc mouillé et partagea son abri de fortune. Elle était trempée et sanglotait. Ses gouttes de tristesse se mêlèrent aux grelottements que lui provoquait le froid. La voix calme et les paroles réconfortantes de l'étranger apaisaient le tonnerre de larmes déchirantes. Leurs regards se croisèrent avant qu'il ne lui offrît sa rose rouge. Elle sourit puis abandonnant leur toit fragile, ils dansèrent sans se soucier de la météo. La pluie fracassante devint Cupidon et les tourtereaux ne se quittèrent plus. Jusqu'à ce qu'il disparaisse sans donner de nouvelles. Elle n'avait pas reçu de rose rouge depuis longtemps.

Personne n'est venu chercher le bourgeon éclos. Cela faisait déjà près d'une demi-heure qu'elle attendait à côté de cet objet qui lui était nostalgique. Un dernier coup d'œil scuta les environs avant qu'elle n'attrapât d'un geste brusque la fleurette ainsi qu'un sourire aux lèvres.

Forte. Puissante. Une confiance en elle la gagna telle une grandiose fièvre. Elle savait que voler était mal, mais être fou fait parfois du bien, non ? La voleuse sortit du parc avec un visage souriant. Elle ne pensa plus à rien. Ou peut-être juste à ce qu'elle mangera ce soir-là.

Elle rentra chez elle, étonnement soulagée. Cependant, une fatigue extrême l'accabla, sûrement dû à cette excursion urbaine tardive. Les derniers rayons du soleil passaient du côté obscur de la force tandis qu'elle introduisit sa trouvaille dans un vase. Son lit l'attira et l'emmena dans les bras de Morphée. Morphée, qui le lendemain, prit l'apparence d'un odieux réveil et la repoussa de ses bras. Un soupir. La routine allait recommencer.

Les rideaux repoussés laissèrent la lumière du jour éblouir la jeune femme. Toutefois, un détail se démarqua à l'aide de l'ensoleillement soudain sur la rose déposée sur sa table de chevet. Une petite note était inscrite sur un morceau de papier blanc, accroché grâce au ruban.

Pour la plus belle des roses, je t'aime

Un choc étourdit les pensées de Kalina. Le mot n'est pas signé mais elle sait de qui il provenait. Jules. Même écriture, même expression. La sonnerie retentit. Elle court ouvrir la porte, emmenée dans un tourbillon de folie amoureuse. Son prince charmant était juste devant elle. Une petite rose rouge éclot au petit matin. 

L'éclosion de la roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant