Je n'en revenais toujours pas. Comment pourrais-je être dans ma chambre, allongé sur mon lit alors que je l'avais fait, j'avais sauté, mettant fin à mon existence tourmentée. Pourtant, j'étais allongé là, dans une égratignure. De plus une mystérieuse note écrite à la main était posé sur ma table de chevet.
Avais-je donc rêvé ? Non, un songe ne peut pas être si... réel. Toutes la haine, la douleur que j'eus éprouvée ne pouvais pas être factice. Pourtant, avec une chute pareille, j'aurais forcément finie à l'hôpital. Dans tous les cas, il était presque évident que j'avais échoué. J'étais de retour dans ma vie, ma mort, mon enfer... je ne pouvais rien y faire. Malgré moi, des larmes se mirent à couler sur les joues.
Après avoir pleuré pendant de longues minutes, extériorisant mes démons intérieurs, je me leva finalement de mon lit pour saisir la note sur ma table de chevet puis la lire. Elle était écrite par ma mère. Celle-ci me disait qu'elle avait dû partir pour le travail et qu'elle reviendrait à quatorze heures trente environ. Elle voulait également s'assurer que je partais au lycée à l'heure. En effet, exceptionnellement, je commençais les cours l'après-midi, soit vers quatorze heures.
Cette attention me surprit particulièrement. Depuis le décès de mon père, ma mère s'était renfermée sur elle même, ne faisant plus vraiment attention à moi. Il était donc inimaginable qu'elle m'écrive un mot pour me prévenir de son absence. Que lui était-il arrivé ? Cela restait un mystère à élucider, mais je n'avais pas le temps de m'y attarder. Il me restait moins de deux heures pour manger et aller au lycée. Je devais donc me dépêcher si je ne voulais pas arriver en retard, et par extension attirer l'attention des autres sur moi.
Je me préparai ensuite à manger en vitesse, un plat simple, des œufs brouillés. Une fois rassasiée je prit une douche rapide, enfila mon uniforme, composé d'une chemise blanche parsemée d'un peu de bleu, ainsi que d'une robe noir m'arrivant aux genoux, ajoutant un peu de parfum par réflexe, et commençai à coiffer ma longue chevelure châtain claire que je nouai en une tresse. Je fit aussi rapidement mon sac, prenant mes affaires de mathématiques, que j'avais pendant deux heures, ainsi que de français, et de sciences politiques. En effet, je finissais vers dix-huit heures.
Une fois prête à treize heures et demie, j'enfilai mon sac à dos puis sortis de chez moi, fermant bien évidemment la porte. S'en suivis alors un long trajet d'une vingtaine de minutes pour arriver à destination, pendant lequel je pensais à ce qu'il m'étais arrivé. Cette situation semblait tout bonnement irréaliste et incompréhensible. J'avais beau chercher, je ne trouvais aucune explication logique à ce qu'il m'arrivait. Je ne pouvais rien faire, juste prier pour que ce soit un rêve, et non un cauchemar, pour que mon monde ne devienne pas plus incolore que ce qu'il était déjà.
J'arrivai finalement devant l'établissement cinq minutes en avance, rentrant dans l'imposant bâtiment en pierre blanche et à l'architecture pittoresque. En effet, il s'agissait d'un monument historique, ayant été une école impériale sous Napoléon I, puis un lycée de garçon jusqu'en mille-neuf-cent-soixante.
C'était d'ailleurs pour sa fabuleuse histoire qu'il me charmait tout particulièrement, bien que le fait qu'à une certaine époque, je n'aurais pas été accepté éveillait en moi une drôle d'émotion. De la rage, de la colère, de la frustration, de l'incompréhension ? Toutes ces réponses semblaient à la fois véridiques et insensées. Son statut actuel témoignait de l'avancée des droits des femmes au cours du temps, ce qui était rassurant, bien qu'une question dominait toujours en moi en pensant à ce fait là. L'égalité était-t-elle un jour atteignable, ou alors une simple utopie ? Certes, les choses continuaient de bouger mais on ne pouvait changer les lois de la nature. Un homme n'était pas une femme, tous deux étaient différents dans un certain sens bien qu'intrinsèquement liés. Même avec toute la bonne volonté du monde, il resterai toujours des inégalités causées par notre statut à la naissance, à la sélection naturelle, à la génétique.
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Une odieuse utopie
Random« À quoi bon rester ici si je ne m'y sens pas bien ? À quoi bon travailler d'arrache-pied pour satisfaire ses désirs ? Pourquoi devrais-je exister, si ma vie lui appartient ? Au fond, quel intérêt de rester dans ce monde ? » Lia, une jeune fille de...