CHAPITRE III

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Janvier 2023, San Francisco.

6h30. Le réveil sonne impitoyablement depuis une heure. Si je ne veux pas être en retard, je crois que je n'ai plus vraiment le choix : Il faut que je me lève. Mes paupières sont lourdes, et chaque muscle de mon corps proteste contre l'idée de quitté le confort de mon lit. Cela fait deux semaines que l'on est rentrés de Londres, mais notre retour sur le continent américain s'avère plus compliqué que prévu. J'ai énormément de mal à me remettre du décalage horaire, j'aurais dû prendre quelques jours de congés supplémentaires. Allez Jade, motivation.

Il faut que je me prépare en vitesse. Je m'étire, me sentant comme un zombie tout juste sorti de son sommeil. Mes yeux luttent pour s'ouvrir complètement. Je m'assieds au bord du lit en veillant à ne pas réveiller Alec, qui dort à poings fermés dans une position des plus inattendues. Il ressemble à une princesse, allongée d'une manière gracieuse et délicate. Son bras est subtilement posé sur son front, tandis que ses jambes sont croisées avec une élégance surprenante. Ses lèvres esquissent un léger sourire. Je ne peux m'empêcher de sourire face à cette vision inattendue. Je prends discrètement mon téléphone et capture l'instant. Je dois dire que cette position, à la fois drôle et touchante, offre un contraste surprenant avec son côté ibérique, sa barbe de trois jours, ses bagues et tous ses tatouages. Je l'embrasse sur l'épaule puis sur la joue, attrape un kimono en satin que je noue à ma taille et me dirige vers la cuisine.

Je coule mon premier café de la journée et par café j'entends : latte macchiato. J'adore cette douce odeur de café et de caramel qui emplit toute la pièce, la journée ne peut commencer qu'après en avoir bu un, c'est un indispensable pour moi. Le temps qu'il coule, j'appuie sur la télécommande, afin d'ouvrir tous les stores de l'appartement. Mon visage s'assombrit légèrement en découvrant le temps gris et pluvieux à l'extérieur. Je soupire, déçue par cette météo qui ne fait que renforcer mon sentiment de fatigue, lié au décalage horaire. Je n'aime pas la pluie, je suis toujours de moins bonne humeur quand il pleut. C'est triste, c'est moche, c'est humide. Il existe vraiment des gens qui aime ce genre de temps ? Merde l'horloge tourne, je me force à quitter la fenêtre et à me concentrer sur le reste de la journée qui m'attend.

J'ouvre doucement la porte de la chambre afin de récupérer quelques habits dans le dressing. Je tente de faire le moins de bruit possible. Je marche sur la pointe des pieds, seulement éclairée par la lumière de mon téléphone. Mission réussie. Je referme lentement la porte derrière moi, mais à peine ai-je le temps de me retourner, que la manche de mon kimono reste coincée dans la poignée. Mission échouée, je répète, mission échouée. Je me fige, horrifiée par le vacarme inattendu qui a déchiré le silence matinal. Je jure en chuchotant et mes yeux s'élargissent, fixant la porte qui a repris sa position initiale.

Rien de tel pour m'énerver dès le matin. Vous savez, c'est comme le sac qui craque quand tu le retires de la poubelle, le drap qui s'enlève du matelas quand tu te couches ou la chaussette qui glisse dans la chaussure. Je jette un regard anxieux en direction du lit, mais Alec dort toujours, étonnamment paisible malgré le chaos qui vient de se produire. Un soupir de soulagement s'échappe de mes lèvres. Ouf. Heureusement qu'il a l'habitude de s'endormir avec ses écouteurs dans les oreilles. Quand il part se coucher, il faut toujours une télé allumée ou de la musique à écouter, je pense que ça l'empêche de se perdre dans ses propres pensées.

Ce matin, je prends les transports en commun vu qu'Alec a besoin de la voiture pour aller chez le coiffeur, en fin d'après-midi. Pour une fois tout s'est bien passé dans le métro, personne n'était bourré dès 9h00 du matin, aucun bébé n'a pleuré et il est même arrivé à l'heure. Serait-ce une bonne journée finalement ? J'arrive dans les bureaux Peterson avec 10 minutes d'avance, cafés et viennoiseries à la main.

Et si demainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant