✩ CHAPTER TWENTY THREE ✩

5.1K 380 833
                                    

ADRIEN

Posé sur le canapé, une jambe sur ma cuisse, mon pied tremblant, je tourne la page de mon livre, jetant des coups d'œil à ma mère au téléphone.

D'un sourire hypocrite, elle rigole aux blagues sûrement pas très fines de son interlocutrice. Sa main retenant son menton, elle écoute sans vraiment y porter attention, tout en admirant ses dernières photos parut dans un grand magazine.

Elle passe une main, lentement et délicatement dans ses cheveux blonds, avant d'interpeller la gouvernante de la maison afin de lui amener sa tisane quotidienne.

– Ta fille ? Me regarde-t-elle. Quel âge elle a ? Un an de moins que mon fils, c'est assez courant. Un dîner, oui, ça peut...

Je ne veux plus écouter. Il y a toujours une personne à me présenter. Mon nom de famille suffit, celui de la femme en face aussi, tant qu'il sonne la richesse et un avenir assuré dans ce milieu fermé.

Amèrement, je tourne ma page manquant de déchirer le papier léger. Ces dernières semaines sont compliquées. Les fêtes étaient pires que d'habitude. Toute ma famille a vu la vidéo sous tous les angles.

Celle où je me trouve perché sur un banc devant cette foule féministe. Peu importe ce que j'ai dit ou non, ma présence suffit à tout fissurer. Je n'étais le bienvenu nulle part.

Mon père m'a attendu dans le salon, furieux et m'a balancé des horreurs. Je n'avais aucune place pour me justifier, je devais me taire et subir les coups de sa violence verbale. Je pouvais hurler, taper, pleurer, rien n'aurait changé. Je suis la risée de la famille.

Sans parler de mes cousines qui ont montré, sous mes yeux, la vidéo à mon grand-père, en plein repas de Noël. Cette image ne me quitte plus depuis trois semaines :

Son expression qui change, son regard passant au-dessus de ses verres de lunettes et qui plonge au fond de mon âme. Il a tout dit, sans paroles. De la colère, du dégoût et une profonde déception. Je suis une honte, pour tout le monde.

Je n'arrive pas à savoir si je m'en veux... ou bien au contraire.

Après son appel, c'est un visage froid et fermé que reprend ma mère. Refermant sa pochette, elle me jette un coup d'œil et dit d'un ton désolé :

– Ce soir, c'est la soirée de ton père. Il ouvre une nouvelle entreprise en Europe, ta présence et un discours est obligatoire. Entendu ? On part d'ici une heure pour les Hamptons.

Je ne dis rien, comme depuis quelques jours. Quand elle sort de la pièce, je respire un peu plus et dépose mon livre ouvert sur mon torse. Ma main passant en va-et-vient sur mon front, un léger mal de crâne m'appelle.

Comme au début de mon nouvel an, seul.
Volontairement, évidemment. Même si j'avais commis un meurtre, on continuerait de me traîner comme une peluche, n'importe où, tant que je suis là pour rassurer.

J'ai bu, au début de la journée et je n'ai cessé de boire quelques verres avant de dormir longuement dans mon lit. Ma maison vide ce soir-là, je n'avais rien à faire à part traîner en costume au milieu de New York. N'importe où, tant que j'étais loin de chez moi et de ce quartier bourré de fêtes entre hommes et femmes d'affaires.

Le pire pour moi, aurait été de fêter le nouvel an au milieu de personnes si fermées d'esprit qui me veulent sûrement pour mon argent. Mais je m'en fous de l'argent, j'aimerais vivre. Être libre, savoir décompresser et rire toute la journée.

H*te Club || TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant