01. Nouveau départ

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Lénaya


- Viens, c'est par là, porte B2.

J'attrape la main que ma meilleure amie me tend et commence à accélérer le pas. Notre avion part dans trente minutes et nous sommes toujours dans le hall de l'aéroport de Veracruz.

- On va louper l'avion Lé, désolée.

Quand je suis sortie de chez moi, ce matin, à l'heure indiquée et que ni Adriana ni son chauffeur n'étaient là, j'ai trouvé ça louche. Elle m'avait laissé un seul message m'annonçant qu'elle arriverait dans trente minutes.

Ce qui est encore plus étrange étant donné que ma meilleure amie est l'une de ces personnes toujours là dix minutes en avance et qui ne supporte pas le retard.

J'ai donc attendu sur le perron de ma résidence universitaire qu'elle arrive, accompagnée de son éternel chauffeur privé, privilège du travail de son père qui est le président de la cour suprême de justice de la nation du Mexique.

Lorsqu'ils sont arrivés et que j'ai vu ma meilleure amie, ses yeux rougis et gonflés, j'ai compris qu'il y avait un vrai problème. Je m'apprêtais à lui demander si tout allait bien, mais son hochement de tête m'a demandé si on pouvait en reparler plus tard.

Et après un voyage, en voiture, silencieux, nous voilà dans ce hall bruyant en direction de la porte B2. À côté de nous, des hommes et des femmes dans la même situation que la nôtre, courent dans tous les sens par peur de rater leurs avions.

Un haut-parleur s'allume et une voix féminine résonne dans les couloirs.

« Chers voyageurs, nous vous annonçons que la porte d'embarquement pour l'avion AJ380 en direction de Rio de Janeiro au Brésil va fermer ses portes dans les prochaines minutes. Bon voyage. »

- Vite Adri, ils vont fermer les portes.

On se met à trottiner jusqu'aux portes de sécurité, ou les douaniers nous attendent. Leur uniforme bleu marine et leur casquette les différencie du reste des voyageurs.

Un homme tenant un talkie-walkie nous invite, d'un geste de la main, à avancer vers lui.

- Bonjour mesdemoiselles, vos passeports por favor.

Il les attrape en même temps avant de les ouvrir. Ses pupilles font des allers-retours entre nous et les passeports.

- Quelle est votre destination ?

- Rio de Janeiro, réponds-je sans hésiter.

Il hoche la tête et continue :

- Vous partez combien de temps ?

Adriana est toujours mutée dans un silence qui m'inquiète de plus en plus.

- On part deux semaines.

- Vous logez où ?

- Dans un hôtel.

Il ferme les deux passeports et nous les tend.

- Bien, allez-y si vous ne voulez pas louper votre avion. Les portes d'embarquement vont bientôt fermer. Et faites attention au quartier de Rocinha à Rio, j'y suis déjà allé, c'est un terrain dangereux.

Je le remercie et avance en prenant la main de ma meilleure amie. Dès qu'on sera assise sur nos sièges, je la questionnerai pour savoir ce qui la met dans cet état.

On arrive à passer les portes d'embarquement de justesse et on s'immisce entre les sièges jusqu'à trouver les nôtres. C'est parti pour dix heures de vol, mon cœur commence à battre de plus en plus vite. Je n'ai jamais pris l'avion certes, mais j'ai eu une période où j'adorais les documentaires sur les crashs ou sur les disparitions d'avions, ce qui me vaut aujourd'hui une peur bleue de ce moyen de transport.

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