Pamela n'est pas encore rentrée. Comme à son habitude, elle est incapable de tenir ses promesses. Je suis toujours obligée de prendre soin d'elle et de m'occuper de tout. J'ai autre chose à faire quand même. J'en peux plus mais dès qu'elle va rentrer, elle va s'excuser et je vais encore lui pardonner parce que j'ai envie d'y croire. J'ai envie de croire qu'elle va changer. Qu'elle va tenir sa promesse cette fois – ci. Qu'elle va réellement devenir celle qu'elle m'a toujours promise d'être. C'est vrai, elle a des défauts, elle ment, elle triche, elle est pitoyable à des moments. Pamela n'est pas la meilleure personne au monde mais personne n'est parfait. Aucunes personnes n'est totalement bon ou mauvais, on est toujours un peu des deux, cela dépend des moments de la vie, des circonstances, des personnes. Alors Pam, qui n'est pas rentrée et qui va encore pleurer pour s'excuser et me supplier de lui pardonner, en disant que c'est pas sa faute, je vais encore accepter. Je suis allongée dans mon lit, j'attends patiemment malgré mon envie de dormir, d'aller dans les bras de Morphée.
J'entends un bruit sourd, le bruit d'une personne qui se cogne contre le canapé, il est 3 heures du matin alors effectivement on entend tout. Zéro bruit pour absorber son entrée fracassante. Je descends dans le salon et je la retrouve allongée par terre, ses cheveux baignant dans son vomi, qui pue l'alcool et les tortillas avec sa sauce piquante. Je la connais par cœur cette odeur, et cette situation déplorable.
" Allez viens Pam, on va te débarbouiller et on va aller se coucher lui dis – je.
- Arrête, je sais me débrouiller toute seule réplique Pamela, en me repoussant violemment contre le meuble du salon qui fait que mon dos frappe un grand coup et je sais que demain j'aurais un beau et gros bleu en bas du dos et des supplications venant de Pam. Cela m'exaspère, mais je n'ai pas le choix. On a rarement le choix dans ce genre de situation, faut bien qu'il y ait une adulte. "
Pamela se lève difficilement, en se soutenant au canapé mais retombe parce qu'elle a du mal à tenir sur ses jambes. Avec la quantité d'alcool absorbée, cela est pas étonnant quand on connaît sa résistance à l'alcool. Elle a l'habitude de lever le coude. Elle adore caresser la bouteille.
Je la regarde avec pitié car c'est ce que je ressens pour elle a ce moment – là. Elle me donne envie de tout claquer et ne jamais revenir, si seulement j'avais la force de le faire. Je la laisse galérer un peu. En imaginant ma vie autrement.
" Bon, tu comptes m'aider là ! Tu vois bien que j'y arrive pas toute seule. Tu es vraiment qu'une idiote, tu sers à rien, encore heureux que j'ai l'alcool pour me faire oublier ta présence et ta stupidité. Sinon pourquoi serais – je devenue alcoolique. C'est de ta faute, tu as gâché ma vie Philomène, si seulement tu pouvais mourir dit elle. "
Elle continue de cracher son venin, pendant que je l'amène dans la salle de bain. Et je lui demande d'arrêter de parler et de dire ses inimitiés à mon sujet. Mais quand elle est branchée sur cette fréquence, on ne peut l'arrêter alors je laisse couler.
Je prends le gant de toilette et nettoie son visage, en faisant des petits cercles avec ma main, tout doucement pour pas qu'elle est mal, malgré le fait que j'en ai envie mais je ne peux pas lui en faire, elle n'est pas dans son état normal. Je la déshabille et la plonge dans l'eau tiède pour la laver, en mettant une boule moussante à l'odeur de la banane, elle adore cette odeur et ceci la détend. Je me mets à laver sa sublime chevelure blonde, presque blanche.
Après la douche et sa fréquence pas très joyeuse, on va se coucher ensemble dans le même lit, car elle me supplie de dormir avec elle. Parce qu'elle ne veut pas être seule et que je suis la seule personne à qui elle fait confiance. Elle est adorable dans ces moments – là. Elle est douce, gentille, elle est celle que j'aime. Celle que j'aimerais toujours même si elle me brise plus souvent le cœur qu'elle ne devrait. Elle est tellement belle. On dirait une princesse, avec ses cheveux, son corps menu, et son visage de poupée. Elle me fait craquer. Alors je cède et je m'installe dans le lit et la prend dans mes bras pour qu'elle puisse se reposer et dormir correctement.
Mais je sais que ce n'est pas sain comme situation. Que ce n'est pas acceptable. Je suis victime de violence psychologique. Je suis prise dans ce chantage. Je ne peux la laisser seule, même si je serais heureuse et dans une maison sécurisée et que je pourrais vivre ma vie, celle que je suis censée vivre.
Je suis au courant de tout cela, que je me bats pour deux et que le combat me détruit, puise dans toutes mes forces. Je sais que j'en sortirais pas vivante. Cependant je ne peux la laisser seule et dans cette situation, elle pourrait en mourir si j'étais pas là pour la sortir de son vomi ou l'empêcher de se cogner violemment.
" Bonne nuit, maman. Je serais encore là demain et toutes les autres nuits pour t'aider, que je lui chuchote tout en lui caressant les cheveux pendant qu'elle sombre dans le sommeil. "
Je me réveille en sursaut, après avoir fait ce rêve. Du moins, revivre ce souvenir, un parmi tant d'autres et tous de ce même genre et j'en ai connu d'autres mais je vais pas me plaindre, il y en a qui on connut pire. J'essuie mon front, j'ai froid et je transpire. Je me sens glacée, vide. Je me sens coupable de l'avoir abandonné. Elle est morte de ma faute. Si seulement je n'avais pas été égoïste et je serais restée près d'elle. Pamela ne serait pas morte noyée dans son vomi après s'être cognée contre la table basse en verre dans le salon quand elle cherchait le bouchon de sa bouteille qui avait roulé sous la table.
Je me lève du lit et je vais courir pour oublier ce souvenir et cette étrange sensation qui parcoure tout mon corps. Je suis responsable de la mort de Pamela Rabelle.
VOUS LISEZ
Abandonnez tout espoir
Non-FictionPhilomène est une jeune femme qui a su s'élever socialement en faisant des choix qu'elle ne regrette pas au contraire, elle ne renie pas son milieu social d'origine, elle en est fière même. Philomène est une docteure en psycho - criminologie, côtoi...