Chapitre 10 : Confession, perles de sang et enlèvement.

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Yerin avait eu tort de penser que cette histoire était finie. Elle avait l'impression de vivre un cauchemar. Un cauchemar dont elle ne pouvait pas se réveiller. Elle venait de recevoir un nouveau message qui lui avait glacé le sang.

"Je t'avais prévenue. Jong-goo est le premier. La prochaine, ce sera Min-ji."

Le message était accompagné d'une photo de Jong-goo étalé au milieu de la route. Le message suivant était une vidéo. Yerin, déjà sous le choc du premier message, lança la vidéo, le cœur serré. La scène lui était familière. Elle reconnaissait l'endroit et se souvenait de ce moment. C'était quand elle et Min-ji s'étaient changées dans le cagibi de l'infirmerie.

"Si tu essayes encore de me résister, je posterai cette vidéo sur le site de l'école et sur tous les réseaux sociaux. Ça t'est peut-être égal, mais qu'en est-il de cette pauvre Min-ji ? Elle est innocente. Elle ne mérite pas ça. Si sa vie est ruinée, ce sera de ta faute."

Yerin avait la sensation d'étouffer. Il lui fallait de l'air frais. Elle s'était réfugiée sur le grand toit terrasse. La famille Kim vivait au vingtième et dernier étage d'un immeuble de standing, dans le très huppé quartier de Cheongdam. Son père avait acquis ce grand penthouse en duplex, doté d'un magnifique toit-terrasse aménagé avec piscine couverte, jardin ornemental, ainsi qu'un petit potager sous serre. Tout cela pour la modique somme de trente milliards de wons*. C'était sa mère qui s'occupait des plantes et du potager, c'était son passe-temps favori. C'était un lieu de détente et d'apaisement, mais ce soir, Yerin peinait à trouver la paix intérieure.

À cette hauteur, le vent frais et puissant fouettait son visage. En contrebas, les gens et les voitures paraissaient minuscules. De petits points lumineux qui se déplaçaient comme des chenilles processionnaires. La clameur de la capitale montait haut dans le ciel. Le bruit diffus des moteurs, les coups de klaxonnes et le son des sirènes. Jong-goo se trouvait quelque part là-bas, au milieu de ce chaos urbain. Seul et blessé. Mort, peut-être. À cause d'elle.

Peut-être qu'elle ferait mieux de se tuer avant que quelqu'un d'autre soit blessé par sa faute. Il y avait une grande rambarde en métal pour prévenir les chutes accidentelles, mais si elle montait sur une chaise, elle pourrait l'enjamber facilement. Si elle sautait d'ici, elle mourrait sur le coup. Elle n'aurait pas le temps de souffrir. Du moins, c'est ce qu'elle espérait. Mais elle ne voulait pas mourir... Pourquoi devrait-elle renoncer à sa vie ? Qu'est-ce qu'elle avait fait de mal ? Elle ne méritait pas ça...

— Yerin ! appela sa mère du bas des escaliers qui menaient au toit. Yerin, tu es là-haut ? Viens vite ! C'est Jong-goo. Il a été renversé par une voiture. Il est aux urgences.

Agrippée à la rambarde, Yerin contemplait le vide qui s'étendait à ses pieds. Elle ne pouvait pas mourir. Elle ne voulait pas mourir. Si elle disparaissait comme ça, que deviendrait sa mère ? Que penserait Jong-goo ? Plus que jamais, elle avait besoin d'aide. Elle ne pouvait plus rester silencieuse.

— Yerin ! Tu m'entends ? Tu ne veux pas aller voir Jong-goo ?

Yerin descendit les escaliers. Elle tenait encore son téléphone à la main.

— Maman... murmura-t-elle avant d'éclater en sanglots.

Elle avait pleuré un long moment dans les bras de sa mère, puis elle lui avait tout raconté. Elle lui avait montré tous les messages du stalker.

— Mon dieu, Yerin... fit sa mère, horrifiée par ce qu'elle lisait. Pourquoi tu ne m'en as pas parlé tout de suite ?

— Je suis désolée, Maman, dit sa fille en sanglotant. J'avais peur qu'il t'arrive quelque chose... Je ne savais pas quoi faire.

LOOKISM : Une vie de secretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant