Chapitre 3 : les joutes du destin

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Le matin s'étire lentement sur les murs de ma chambre, une lumière douce filtrant à travers les rideaux de soie, mais mon cœur était plongé dans l'ombre des secrets et des regrets. J'étais rentrée discrètement au château après une nuit tumultueuse, une nuit où j'avais abandonné ma pureté à un homme dont je ne connaissais ni le nom ni le visage. Mes doigts caressent le tissu, et un frisson me parcourt lorsque les souvenirs de la nuit précédente refont surface. Je me tiens au bord du lit, la lumière du matin dansant sur ma peau. Mes pensées s'entrelacent, tissant un fil invisible de culpabilité́ et de désir. J'ai brisé les chaines d'une destinée imposée, mais à quel prix ? La trahison se profile à l'horizon, et pourtant, une flamme résiduelle d'audace brûle dans mes veines. Je scrute la chambre, mon refuge silencieux où les murs sont les seuls témoins des événements de la nuit. Mon regard se pose sur le miroir qui capture mon image, mes yeux portant le reflet d'une princesse devenue complice de l'interdit. J'ai trahi mon royaume, ma famille, je serai bientôt une princesse déchue, une paria au sein de ma propre famille, condamnée à porter le fardeau de mes actes impardonnables, et maintenant, les conséquences de mes actes imprudents menacent de s'abattre sur moi telle une lame acérée, prête à me déchirer de l'intérieur. Des larmes brûlantes parviennent à s'échapper de mes yeux alors que je me remémore le visage austère de mon père, la colère dans son regard lorsque je lui avais demandé de ne pas me marier avec le roi de Valorfell. J'avais espéré échapper à ce mariage imposé avec des paroles, mais maintenant, la réalité de mes actions me rattrape de manière impitoyable. Comment allais-je affronter mon père, ma famille, après avoir souillé l'honneur de notre lignée ? Comment pourrais-je regarder dans les yeux ceux qui avaient placé leur confiance en moi, pour ne trouver qu'une traîtresse dissimulée derrière un masque ? Une partie de moi voulait fuir, s'échapper de cette prison dorée qui était devenue mon royaume, pour disparaître dans les ombres de l'oubli. Mais une autre partie de moi, plus forte et plus déterminée, refusait de céder à la lâcheté.

Je me lève avec une résolution nouvelle, une détermination à affronter les conséquences de mes actes avec courage et dignité. Même si cela signifie faire face à la colère de mon père, à la désapprobation de ma famille, je devais assumer mes choix.

Le silence de la chambre est brisé par le bruissement de la parure qui tombe de mon lit. La robe de princesse que j'endosserai plus tard semble étrange, vestige d'une noble dame, que je n'étais plus. Ma dame de compagnie s'affaire autour de moi, et redouble d'effort pour faire de moi la plus belle femme de la cour. Alors qu'elle finit de coiffer mes longs cheveux en une lourde tresse, les portes de ma chambre s'ouvrent lentement, dévoilant l'ombre familière de mes serviteurs. Leurs regards, empreints de respect feint et de curiosité voilée, se posent sur moi. Je les rejoins et descends lentement les escaliers du château, traversant les couloirs comme une ombre. Un voile de dignité́ masque le tumulte intérieur, mais mes pensées brûlent d'une intensité indéniable. Le hall s'ouvre devant moi, un espace imposant rempli de l'histoire de ma famille. Les regards des portraits qui ornent les murs semblent me scruter, leurs yeux témoins de la princesse qui a trahi sa propre dynastie. Je réprime un frisson et poursuis mon chemin avec détermination, un rempart contre les jugements silencieux. Les portes du salon s'ouvrent, révélant un monde qui ignore encore le tumulte qui gronde en moi.

Mon père, assis sur le trône, me fixe du regard. Son regard, habituellement empreint d'autorité, semble scruter mon âme, percevant peut-être la gravité inhabituelle dans mes prunelles. Les murmures cessent lorsque je m'avance vers lui, ma robe de princesse flottant autour de moi comme une cape d'innocence. Les yeux du royaume reposent sur moi, et dans ce moment solennel, je m'apprête à réduire à néant le rôle qui m'a été́ assigné.

- Elara, ma fille bien-aimée, que viens-tu faire ici si tôt ? demande-t-il d'une voix qui porte à la fois l'autorité et la tendresse.

Je m'incline légèrement en signe de respect filial, les mots prêts à jaillir de mes lèvres.

Un serment de glace et de flammesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant