Chapitre 2 : Alexia

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L'alarme de mon réveil me sortit d'un profond sommeil, et m'indiqua qu'il était déjà sept heures, soit l'heure de me préparer pour les cours. J'aurais largement préféré rester dans mon lit et dormir un peu plus, malheureusement, il me semblait que ma mère ne m'en laissait pas le choix. Tant pis, j'allais devoir faire avec et supporter les gamins immatures qui passaient dans les couloirs et balançaient des critiques ou des insultes.

Cela faisait maintenant trois semaines que je m'étais mis tout le monde à dos en venant en aide à Kris, le garçon persécuté. C'était tellement cliché, pourtant je ne pouvais pas le laisser. Insultes, bousculades et blagues en tout genre... Je n'avais pas réellement pensé que les choses se dérouleraient ainsi. En fait, si, j'en avais été convaincue, mais j'avais pensé que ça se serait estompé au bout de quelques jours.

Je m'étais attiré les foudres de pratiquement tous mes camarades sous prétexte que j'avais osé dire ce que je pensais au garçon que la classe, et même plus, adulait. OK, je n'avais peut-être pas vraiment réfléchi avant d'agir. Notre discorde avait duré une semaine tout au plus durant laquelle j'avais tenu tête à Nate Park, puis j'avais fini par me faire écraser, tout simplement. J'en avais honte. Un seul élève avait réussi à retourner un lycée entier contre deux de ses semblables, deux camarades, et dorénavant, je devais assumer mes choix. Mais je n'allais pas me laisser marcher sur les pieds, loin de là.

J'attrapai vivement mon téléphone et fis démarrer une de mes musiques préférées avant de me lever et de me diriger vers la salle de bain. Je vivais dans un petit appartement de deux chambres, un salon, et une petite cuisine. Je partageais ma chambre avec ma sœur de seize ans, en première dans le même lycée que moi, tandis que ma mère occupait la seconde pièce.

Nous venions d'emménager dans un immeuble au loyer plus qu'acceptable, ne pouvant pas nous permettre un logement trop coûteux. De ce que j'avais pu comprendre, la plupart des familles étaient dans une situation similaire à la nôtre, sans grands moyens. Plusieurs de mes voisins fréquentaient le même lycée. Le climat y était étrangement plutôt agréable. Nous avions changé de ville au mois d'août dernier pour nous installer dans une autre banlieue lorsque mon père avait commencé à travailler à l'étranger. Il avait décidé de poursuivre sa vie au Canada, son pays d'origine, prétextant ne pas pouvoir abandonner ses obligations professionnelles cependant, seule ma mère tentait encore d'y croire. Il devait certainement mener une vie bien différente là-bas, mais ma sœur et moi faisions mine d'adhérer à ses histoires simplement pour ne pas faire de la peine à la seule personne qu'il nous restait.

Ma cadette, Éden était éveillée depuis un bon moment déjà, ayant pris le temps de coiffer sa chevelure brune, maquiller ses yeux marrons et mettre en valeur ses traits fins. Chaque matin qui avait suivi la rentrée, elle s'était mise sur son trente-et-un, elle avait intégré le groupe de filles populaires qui passaient leur temps à casser du sucre sur le dos de quiconque leur déplaisait. C'était le cliché même des adolescentes typiques que personne n'appréciait. J'avais tenté de la mettre en garde mais elle m'avait répondu comme toujours « ne t'inquiète pas, je gère », ce qui m'avait inquiétée davantage.
Finalement je m'étais résignée, après tout, son prénom quelque peu masculin ne devait pas être anodin, au vu du tempérament de feu qu'elle laissait paraître. Elle était connue au collège pour se battre à la première occasion, du haut de son mètre soixante-trois, elle craignait très peu de monde et ne voyait le danger nulle part. Si quelqu'un s'en prenait à elle, elle n'hésitait pas à lui montrer qu'elle savait très bien se défendre. Malgré son manque de sang-froid, elle était tout de même appréciée par son entourage. J'étais peut-être son aînée, mais parfois je devais avouer qu'elle faisait peur.

Moi + Moi + VousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant