Chapitre 3 : Nate

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Je marchais tout seul depuis une dizaine de minutes dans le lycée, tâchant de comprendre ce que pensait Angel. Le voir suivre cette fille partout m'avait arraché un léger électrochoc. Tout un tas de molécules s'était répandu dans mon corps, faisant monter la tension. Je ne voulais pas voir quelqu'un autour d'elle. Lorsque que je décidais qu'une proie m'appartenait, personne ne devait s'en approcher.

Pas même mon ami.

Personne.

L'image de ces deux-là me revenait sans cesse. Angel était vraiment un étrange personnage. Je le connaissais depuis le collège, il était toujours resté fidèle à lui-même. Il ne parlait jamais si ce n'était pas indispensable et se plaçait à l'écart, un vrai loup solitaire. Mais par moments ce loup avait davantage le profil de l'alpha. Il n'avait peur de rien et n'avait besoin de personne, il semblait arrogant et égoïste, mais surtout fort, sous tous ses aspects. Il était capable de s'affirmer dans un groupe sans que personne ne conteste son autorité, malgré son mépris. Pourtant, il avait quelques bons côtés dont aucun n'avait connaissance. Il n'était pas réellement apprécié, seules quelques personnes tout au plus le considéraient. Oui, il était vraiment étrange. Je détestais ça.

Durant ces années, j'étais agréable, souriant et sociable. J'étais donc son opposé, et l'opposé de cette image que je m'étais construite quelques printemps plus tard. Je n'étais pas particulièrement jaloux de lui, mais par moments, je l'enviais. C'était peut-être une des raisons pour lesquelles j'étais devenu celui que j'étais. Par rancœur et par envie.

Jamais je ne l'avais vu s'attirer des problèmes sans aucune raison, personne n'osait s'opposer à lui. Un jour, un élève l'avait provoqué, et lui, avait mordu à l'hameçon pour la première fois, il s'était battu comme si sa vie en dépendait contre une bande de plusieurs garçons, en vain, même s'il s'était bien défendu. Je n'étais arrivé qu'après coup, je l'avais aidé à se relever et emmené se soigner. En marchant, je lui avais demandé ce qui le poussait à rejeter les autres. Sa réponse avait alors tenu en une courte phrase : « Parce que je déteste tout le monde. » « Il lui manque une case », avais-je pensé, en riant de ses paroles. Il m'avait paru être l'archétype du garçon peu fréquentable, pourtant, ça m'avait plu.

Par la suite, j'avais passé plus de temps avec lui et lui avais présenté mes amis. Ryan l'avait tout de suite accepté, après tout, Ryan n'était pas difficile. Le second avait eu plus de difficultés. Ils n'étaient jamais devenus amis, ils avaient simplement fait en sorte de se respecter, et de rendre leur vie quotidienne en communauté supportable. Finalement, nous étions devenus un groupe de quatre, avec des principes et des règles auxquelles nous n'avions eu aucune peine à nous conformer par la suite.

C'était au lycée que nous avions rencontré Jason, le jour de notre rencontre, nous nous étions querellés pour une petite bousculade qu'il n'avait pas appréciée. Il nous avait fait comprendre qu'il ne nous aimait pas le moins du monde. Quelques heures après, Ryan était venu déjeuner avec lui, s'installant à sa table, sous prétexte qu'il le trouvait intéressant. Nous avions suivi, l'ayant presque forcé à passer du temps avec nous et avions fini par former une bande de cinq. Ils étaient devenus une famille pour moi. Une famille avec des relations plutôt complexes, mais une famille tout de même.

La dernière chose dont j'avais envie était de rentrer chez moi. À cette heure, en fin de semaine, mon père s'y trouvait probablement. J'entrepris alors de perdre une heure de plus à la cafétéria du lycée. Je m'y dirigeai machinalement, lorsqu'en passant dans le corridor, quelqu'un se posta à mes côtés, marchant à mon rythme. Les mains dans les poches, je tournai vivement la tête en direction de mon accompagnateur. J'eus la surprise de voir la femme qui avait assisté sans réagir à la scène où je déversais du soda sur Kris.

Moi + Moi + VousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant