12 juillet

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Je reviens tout juste de chez Maryse et Albert et j'ai beaucoup de choses à raconter. Je le fais maintenant que je me rappelle de tout sinon je risque d'oublier.

Quand je suis arrivée chez eux, Maryse était la seule à m'accueillir. Elle m'a expliqué qu'Albert est plutôt du genre timide. On a discuté toutes les deux, principalement d'Albert. Elle trouve qu'il a comme un mal-être en lui car il ne parle pas beaucoup et n'a quasiment aucun copain. Elle trouve aussi qu'il n'est pas très grand et se demande si c'est pour ça qu'il se sent mal. Elle évoque aussi un possible harcèlement à l'école. Je lui ai raconté vite fait que cela arrive et je lui ai parlé rapidement de Lana.

Maryse m'a ensuite montré la maison et j'ai vu la chambre d'amis dans laquelle j'allais dormir. Puis elle nous a présenté Albert et moi. J'ai tenté de discuter avec lui mais il me répondait à peine.

Quand Maryse est partie, Albert s'est réfugié dans sa chambre. Je l'ai laissé tranquille le temps de réchauffer le repas et je suis allé le chercher. Je lui ai proposé de dîner devant la télévision et j'ai bien vu que cela lui a plu, j'imagine que sa maman ne fait pas cela.

J'ai réussi à décrocher quelques phrases de lui mais avoir une vraie conversation avec lui risque de prendre du temps. Peu importe, chacun est comme il est et je ne le juge pas.

Je ne peux pas dire que j'ai passé une bonne soirée en sa compagnie, j'ai fait mon boulot et puis c'est tout. Au moment d'aller se coucher, il m'a semblé un peu différent, ou plutôt troublé lorsque je suis entré dans sa chambre et qu'il se mettait dans son lit. Par habitude avec Jordan et Lana, je lui ai demandé s'il était bien allé faire pipi et il s'est mis à rougir. Je lui ai dit bonne nuit, et bien précisé que je restais dormir dans la chambre d'amis au cas où il aurait un souci.

Trente minutes plus tard, après avoir échangé quelques messages avec Maryse par téléphone pour lui dire que tout allait bien et après avoir rangé la cuisine, je suis allé voir si Albert dormait.

C'était bien le cas mais quelque chose a attiré mon attention. Le rayon de lumière que produisait l'ampoule du couloir éclairait directement le lit d'Albert et plus particulièrement son bas de pyjama. Je me suis approché de lui et j'ai constaté comme une épaisseur à son entrejambe, comme s'il portait une couche. Sa maman ne m'a pourtant rien dit à ce sujet. Cela m'a fait me rappeler qu'il avait rougi la veille quand je lui ai demandé s'il avait été faire pipi aux toilettes.

Je suis ressorti de sa chambre après lui avoir remis sa couette sur lui, et je suis allé me coucher. Le matin, vers 7 heures, je suis retourné dans sa chambre. Cette fois-ci sa couette était sur lui et je ne voyais plus son pyjama. Par contre, c'est un paquet de couches que j'ai vu dépasser de sous son lit. Je l'ai pris et regardé. C'était un paquet de couches pour bébés, des tailles 4, pas du tout adapté à son âge. Je l'ai reposé là où il était, sous son lit.

Je n'imagine pas une maman acheter de telles couches pour un enfant de 11 ans qui fait pipi au lit. Je l'ai réveillé gentiment mais ne voulant pas le mettre mal à l'aise, je ne lui en ai pas parlé.

Nous nous sommes retrouvés au petit déjeuner peu après. J'ai observé son pyjama mais je n'ai rien vu d'anormal, aucune forme pouvant laisser penser qu'il avait une couche en dessous, ni même une odeur de pipi.

Comme la veille, Albert ne me parlait pas et j'ai décidé de crever l'abcès. Je n'imaginais pas venir régulièrement le garder si nous ne pouvions pas communiquer. Je lui ai donc demandé s'il faisait pipi au lit et là, Albert se met à pleurer. Je me suis approchée de lui pour le consoler et là, sans que je ne m'y attende, il s'est mit à parler.

Il me raconte qu'il ne fait pas pipi au lit mais qu'il préfère porter des couches, qu'il se sent plus en sécurité avec. Il me dit que sa maman n'est pas au courant, qu'il ne faut pas lui dire sinon elle ne sera pas contente et qu'elle ne voudra plus de lui. Ce qu'il m'a dit m'a vraiment étonné et j'ai réussi après plusieurs minutes de discussion à le calmer. Je l'ai questionné sur les couches qu'il avait dans sa chambre et il m'a dit qu'il les avait achetées mais qu'elles étaient trop petites.

Sa maman est arrivée peu après. Je lui ai dit que tout s'était bien passé. Albert m'a regardé dans les yeux à ce moment-là, se demandant certainement si j'allais lui dire quelque chose ou pas. Je lui ai souri et il m'a souri également.

Je suis ensuite rentrée chez moi, sans rien dire à Maryse de cette discussion entre Albert et moi. Je ne sais trop quoi penser de tout ça. Dois-je tout raconter à sa maman ? J'imagine qu'elle est en droit de savoir et qu'elle pourrait me reprocher de ne pas lui avoir dit plus tard si elle l'apprenait. Si je lui parle, je trahis en quelque sorte sa confiance. En plus, je me dis que ce petit secret peut peut-être m'aider à me rapprocher de lui, à comprendre ce mal être qu'il a, et donc peut-être l'aider, d'une manière ou d'une autre.

Pile poile au moment où j'écris ces lignes, mes yeux tombent sur ce paquet de couches, ces Drynites.


🇨🇵 Journal d'une baby-sitterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant