A la table d'un fast-food, un homme dégustait tranquillement un hamburger. Les cheveux courts, le regard posé sur son téléphone, il mangeait en regardant une série. Un sweat rouge était posé juste à côté de lui, tandis qu'il dégustait allègrement son repas. Seul. Les rares autres clients qu'il avait aperçus étaient soit venus récupérer leurs commandes, soit n'étaient pas restés longtemps. Et pendant qu'il croquait pour arracher un morceau de viande et de pain, le dernier client qui restait, en plus de lui, poussait la porte de sortie.
Il jeta alors furtivement un coup d'œil. Il ne restait plus que lui, ainsi que la dernière serveuse, et un autre employé qui semblait encore trifouiller derrière le comptoir. Le dîneur les regarda un instant. Chacun était affairé à faire ce qu'il avait à faire mais ils le faisaient assez vite. De là où il était, il n'arrivait à voir qu'elle, en train de nettoyer le comptoir. L'autre employé était en train de faire quelque chose d'autre. Il ne savait pas quoi mais il avait l'air assez occupé en tout cas. Celui-ci se leva soudain et posa des clés sur le comptoir.
─ Je te devance ce soir. Une urgence, dit-il en s'adressant à la jeune demoiselle.
─ J'espère que ce n'est rien de trop grave, rentre bien.
Le jeune homme se releva et lui fit la bise avant de hocher la tête.
─ N'oublie pas de bien fermer en rentrant. A demain !
Sur ces mots, il prit son manteau et s'éclipsa, non sans jeter un dernier coup d'œil à ce client tardif. Tardif, oui mais habituel. On le connaissait ici et depuis un moment déjà. Il avait l'habitude de venir manger là deux à trois fois par semaine. Ce n'était pas ça qui le gênait mais le fait qu'il soit venu assez tard aujourd'hui. Cependant, il ne dit rien et parcourut rapidement la distance qui séparait le comptoir de l'entrée. Ce soir, il avait à faire. Et pas de temps à perdre du tout.
Assis à sa table, notre homme mordit à nouveau dans son hamburger et accompagna cette bouchée d'un verre de coca, tout en regardant les battants de la porte se refermer. Il venait à peine de commencer que c'était l'heure pour lui de savourer les dernières saveurs salées de son plat se mélanger à l'acidité sucrée du coca qu'il était en train de siroter. C'était toujours aussi bon, putain. La recette n'avait pas encore changé. C'était pour ça qu'il continuait à venir là. Afin de consommer ce goût qui l'avait fait aimer les hamburgers plus tôt dans sa jeunesse. Un bon hamburger, encore fait à l'ancienne, comme il les aimait.
S'adossant dans son siège, il reposa les yeux sur les images qui défilaient devant ses yeux, au travers de son téléphone. Il buvait lentement son verre, tout en profitant du calme de l'endroit avant la fermeture. C'était aussi pour ça qu'il aimait venir manger là les soirs. Les gens ne restaient jamais ou jamais bien longtemps. D'autres encore, préféraient se faire livrer. Alors, lui en profitait pour savourer ses repas, en silence, dans le plus grand calme, lorsqu'il se retrouvait seul.
Quand il était là, il remarquait le plus petit changement. Une différence dans la déco, un client qu'il ne reconnaissait pas du tout, les nouvelles chaussures de l'une des serveuses qu'il détestait, et l'ambiance qu'il pouvait y avoir parmi les employés et leur supérieur. Il se permettait de jouer à trouver ce qui avait changé depuis son dernier passage. C'était son petit moment à lui dans la journée, avant de retrouver la chaleur de son appartement. Son seul moment de répit après une journée chargée, le nez dans les chiffres, les tableaux et les graphiques. Histoire de s'évader en avalant au passage un bon repas.
Il jeta un œil à sa montre ; les aiguilles affichaient vingt-deux heures et quart. Dans quinze minutes, c'était la fermeture officielle du restaurant. Même s'il ne prenait déjà plus de client. Il allait être temps de s'en aller pour notre homme. Et il n'était pas le seul à le penser. Au moment même où il releva les yeux de sa montre, la serveuse lui amena la note. Elle posa doucement la facture dans un pot près de lui et se mit à débarrasser en rangeant ses couverts sur le plateau qu'elle avait apporté.
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WEEKEND AVANT SUICIDE
Teen FictionNe jamais sous-estimer le ressentiment que quelqu'un peut garder. Ne jamais sous-estimer la rancœur car le temps n'efface jamais vraiment les séquelles. Elles restent jusqu'à ce que qu'on les ravive, pour s'enflammer de plus belle. Encore pire, si e...