Tw : mention d'agression sexuelle et de viol. Si vous ne vous sentez pas de lire quelque chose à ce sujet je préfère que vous passiez votre chemin. Mon but n'est pas de vous blesser ou de vous mettre mal à l'aise. Simplement de faire de la prévention. Prenez soin de vous toujours et parlez-en si vous avez besoin d'aide.
Parce qu'on ne parlait pas toujours de la victime. Parce qu'elle n'avait pas toujours droit à un nom. Parce qu'au final c'était l'horreur de l'agresseur qui était mise en évidence. Lui avait le premier rôle. Son visage était placardé sur les journaux, son nom était prononcé par toutes les bouches et chacun connaissait ses actes.
Mais pour la victime ? On ressentait de la pitié, peut-être de la tristesse et on partageait sa douleur un temps. Puis on oubliait.
Pourtant, elle, ne pouvait jamais oublier. Elle ne pouvait s'enlever de la tête les images horribles qui y défilait en boucle. Elle ne pouvait s'enlever les mains sur son corps, le souffle sur sa peau, le son de sa voix ni l'envie de vomir qui l'empêchait de manger. Elle ne pouvait rien oublier.
Quant à l'agresseur ? S'il était suffisamment pourri, il s'en sortait sans rien. Sans même que son nom soit connu, sans aucune esclandre. Il continuait de vivre sa vie. Même pas un peu honteux de ses actes. C'était juste une erreur de parcours. Et ce n'était pas grave si ça recommençait. Il n'y avait pas mort d'homme.
Il y n'y avait pas mort d'homme.
Pourtant c'était tout comme pour la victime. Parce que son passé était mort à ce moment-là. En même temps que ses cris et ses larmes après s'être rendue compte que personne ne viendrait la sauver et qu'elle n'en était pas capable seule.
Mais ça qu'est-ce qu'il en avait à foutre lui ? Juste une gamine qui sur réagissait. Il était sûr qu'elle avait pris du bon temps mais qu'elle voulait simplement faire de sa crise d'adolescence un événement plus dramatique. Peut-être qu'elle ne lui avait pas explicitement dis oui mais il l'avait lu dans ses yeux. Il avait assez d'expérience pour savoir quand c'était consenti ou non tout de même. Puis si elle ne voulait pas que ça arrive elle ne se serait pas habillée de cette façon et ne lui aurait pas souri ou répondu quand il l'avait abordé. Il savait comprendre un non quand même.
Il savait comprendre un non ?
Alors pourquoi il ne s'était pas arrêté lorsqu'elle avait crié et s'était mise à pleurer ? Pourquoi est-ce qu'il avait juste ri en lui arrachant ses vêtements ? Pourquoi est-ce qu'il avait continué de la détruire alors qu'il s'appropriait sa virginité ? Pourquoi est-ce que depuis elle évitait les miroirs ? Pourquoi est-ce qu'elle n'osait plus sortir ? Pourquoi est-ce qu'elle détestait tout de son être ? Pourquoi elle n'arrivait plus à dormir sans revoir son regard écoeurant ? Pourquoi, si comme il le disait, il comprenait un non ?
Pourquoi est-ce qu'elle avait juste envie que tout s'arrête depuis alors que pour lui ce n'était plus qu'un vieux souvenir ? Pourquoi est-ce qu'il arrivait à vivre comme si de rien n'était alors qu'elle avait l'impression d'être déjà morte ? Pourquoi elle ? Pourquoi elle et pas une autre ? Pourquoi elle était sortie ce soir-là au lieu de rester chez elle ? Pourquoi elle s'était habillée ainsi ? C'était sa faute au fond. Elle s'en voulait.
C'était ça la différence. Lui ne s'en voudrait jamais. Il n'était responsable de rien. C'était elle la fautive. Oui. La victime était définitivement la fautive. L'agresseur n'avait rien fait de mal. C'est ce que la plupart pensaient. Elle n'était qu'une petite allumeuse qui aurait du apprendre sa leçon plus tôt. Elle avait bien mérité ce qui lui était arrivé.
Elle avait mérité qu'on lui arrache une partie d'elle-même. Elle avait mérité ces cauchemars sans fin. Elle avait mérité qu'il soit incrusté dans sa rétine. Elle avait mérité qu'on la viole.
A croire qu'il n'était pas le seul pourri dans cette société. A croire que le monde était rempli d'ordures qui donnaient raison à un déchet. A croire que c'était normal qu'une femme se fasse agresser dans la rue. A croire qu'elles n'avaient pas leur mot à dire et qu'elles devaient juste subir. C'est normal elles n'avaient qu'à pas s'habiller ainsi.
Elles n'avaient qu'à pas porter des tenues dans lesquelles elles se sentaient belles. Elles devraient plutôt se cacher si elle voulait éviter ça. Et c'était normal d'insulter une femme si elle disait non. C'était normal de tabasser une femme qui refusait une avance. C'était normal de dénigrer une femme. C'était normal de mépriser une femme lorsqu'on oubliait qu'on était au monde grâce à l'une d'elles.
Parce que ces pourritures n'étaient pas capables d'un minimum de self-control devant un bout de peau exposé. Parce que c'était aux victimes d'empêcher ça d'arriver. Pas aux agresseurs de se retenir.
Parce que c'était les victimes qui sombraient et les agresseurs qui s'en sortaient.
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Cet os était dur à écrire. Il aurait du sortir pour la journée de la femme mais il a eu du retard.J'espère qu'où que vous soyez vous allez bien et que vous êtes en sécurité. Ce dont parle cette histoire peut arriver à n'importe qui. Et la pire des choses est de se taire et de ne pas en parler. S'enfermer dans sa souffrance n'est pas une solution. Et je comprends que ce soit dure de parler d'un événement traumatisant. Mais ne restez pas seul.e. Ne donner pas raison à votre agresseur.se. Parce que j'ai beau parler de l'agression d'une femme par un homme le contraire arrive aussi et on en parle beaucoup moins. Si vous êtes témoin de ce genre d'événement je vous en prie aider la personne. Et si vous êtes vous même la victime, aidez vous, ne vous laisser pas sombrer.
Je suis de tout cœur avec vous et suis toujours ouverte à la discussion si vous en ressentez le besoin.
Prenez soin de vous ❤️
Nuggetsdelanuit

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Recueil d'OS en tous genres
General FictionComme son nom l'indique, c'est un simple recueil d'OS, la plupart étant écrits sur un coup de tête. En espérant qu'ils vous permettent de vous évader le temps d'un instant de cette réalité un peu trop terre à terre :).