16. Louve

12 4 0
                                    

Il est dans mon lit.

Il est dans mon lit, juste à côté de moi, torse nu, et tous mes sens sont en alerte. Mes oreilles sont à l'affût du prochain coup de tonnerre, mes yeux sont grands ouverts alors qu'il fait tellement noir qu'on n'y voit strictement rien, ma bouche est sèche, mes doigts crispés sur ma couette duveteuse, mon nez emplit de son odeur.

Il est . Je ressens sa présence bien plus intensément que s'il était simplement à mes côtés en plein jour. Ma vue ne me sert à rien, et mes autres sens s'en retrouvent décuplés. Je le ressens dans chaque pore de ma peau, j'entends sa respiration.

Focalisée sur sa présence, j'en oublie l'orage et sursaute violemment lorsque à nouveau, le tonnerre gronde bruyamment. Immédiatement, son corps se tourne vers le mien, protecteur, et son bras passe sur ma taille nue et s'enroule autour avec douceur.

"Hé, je suis là. Murmure-t-il, si proche que c'est comme s'il était à l'intérieur de mon esprit."

Je sens ma respiration s'accélérer, et suis beaucoup trop consciente de son corps plaqué tout contre le mien. Nos peaux se rencontrent et m'apportent un réconfort innommable, pile ce dont j'ai besoin à cet instant.

Alors, laissant tomber mes barrières, au moins le temps de cette nuit, je me love entièrement contre lui en me tournant face à son torse brûlant. Nos jambes s'entrelacent si naturellement que c'en est déconcertant. Ma tête trouve sa place au creux de son épaule, ma main se pose sur la peau nue de son flanc.

Je suis tellement bien, juste ici, que j'en oublie pratiquement d'être gênée.

C'est juste pour ce soir. Il est juste venu par pitié pour moi. J'en suis douloureusement consciente, mais je décide de ne penser à rien d'autre qu'à sa présence réconfortante.

Bercée par le son de sa respiration, calée confortablement contre lui, je m'endors en quelques minutes, à des années lumières de l'orage qui déchire le ciel à l'extérieur.

Je suis réveillée par la sonnerie mélodieuse de mon réveil que j'éteins immédiatement par réflexe. Mon esprit sort peu à peu du sommeil, puis tout à fait lorsque je sens une présence avec moi dans mon lit. Un bras autour de ma taille, un corps lové contre le mien, contre mon dos. La soirée de la veille me revient alors en mémoire.

Je rougis instantanément lorsque je me rends compte de l'endroit où est placée une de ses mains. Elle enveloppe un de mes seins sous mon débardeur remonté, épousant parfaitement sa courbe. Ma respiration s'accélère, je ne sais pas quoi faire et sens la panique pointer le bout de son nez.

Dégage-toi Louve ! À moins que tu n'en aies pas envie ?

Sa respiration, toujours aussi calme, m'indique qu'il doit encore être en train de dormir. Merde, merde, merde... Une solution, vite ! Je devrais tout simplement prendre son bras et me glisser hors du lit, il n'y a rien de compliqué en soi ! Pourtant, quelque chose m'en empêche et je dois alors me rendre à l'évidence.

J'ai mieux dormi que jamais cette nuit, blottie dans ses bras, et je n'ai strictement aucune envie de sortir de cette bulle confortable et chaude. Chaude, c'est le cas de le dire. Sa main descend pour se placer délicatement sur mon ventre, juste sous mon nombril, et mon cœur loupe deux ou trois battements, affolé. Je suis morte de honte. Pas de ne pas oser bouger, non, mais d'adorer son contact alors même qu'il n'est pas conscient de ses gestes... Mon corps en demande bien davantage et je lui en veut d'être aussi faible.

Nicolas, qui habituellement est taciturne, grincheux et parfois même franchement désagréable, dans son sommeil je le découvre doux. Il aurait parfaitement pu s'éclipser une fois l'orage passé. Il n'était même pas obligé de rester lorsque je le lui ai demandé. Pourquoi l'a-t-il fait ? Par pitié, par compassion ? Aucune idée, mais je lui en suis infiniment reconnaissante.

RenaîtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant