15. Nicolas

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Je me réveille avec une gueule de bois à se taper le crâne contre des murs en béton armé, et je dois courir aux toilettes pour rendre mes nombreuses parts de pizza d'hier. Ma mauvaise foi hurle que celles-ci devaient être daubées, puis la réalité s'impose à moi dans un hoquet : d'accord, j'ai beaucoup trop abusé de l'alcool hier soir.

Putain, merde, ça faisait un sacré bout de temps que ça ne m'était pas arrivé de me mettre minable comme ça ! Qu'est-ce qui m'a pris ? Je vais encore comater toute la journée à rien foutre parce que je vais être trop dans le gaz ! Fait chier ! Je déteste me sentir aussi naze !

Peu fier de moi, je nettoie la zone et ouvre la fenêtre pour aérer à peine. Je me brosse les dents avec soin et me passe de l'eau fraîche sur le visage, puis me rends dans la cuisine avec la ferme intention de boire quelques verres d'eau fraîche. Bon sang, pourquoi l'eau a toujours meilleur goût le dimanche ? C'est fou !

J'entends Louve arriver avant de la voir. Elle traîne les pieds aussi discrètement qu'un éléphant sur le sol du couloir, et le bruit de ses pas résonne férocement dans ma boite crânienne. Elle apparaît dans l'embrasure, et... bon sang.

Tous les sens en éveil, subitement, mes yeux sont attirés de toutes parts. Son cou fin subtilement mis en valeur par un chignon haut réalisé à la va-vite, ses seins laissés libres dont les tétons pointent vers moi comme s'ils me réclamaient des caresses, son crop-top beaucoup trop court qui lui arrive juste sous les seins, son shorty qui moule ses fesses incroyables...

La porte des enfers t'est grande ouverte, mon garçon... Siffle ma conscience, perfide.

C'est totalement indécent d'être aussi... Baisable. Je dois m'asseoir avant qu'elle ne découvre l'érection spectaculaire dont elle est la cause, parce qu'elle va me prendre pour un sale pervers qui ne pense qu'à ça. Ouais, mais... Merde, quoi ! On ne traîne pas vêtue de la sorte – si on peut appeler ça vêtue - quand on habite seule avec un mec avec qui on n'est même pas en couple ! Punaise, elle souhaite ma mort ou ça se passe comment ?!

Elle a soudainement l'air de prendre conscience de la situation, de là où elle se trouve, avec qui, et ce qu'elle porte. Hallelujah, je n'y croyais plus... Je devine ses joues qui prennent une teinte rose.

Elle a l'air de peser le pour et le contre et ne semble pas capter que je remarque sa réflexion. Se changer et prendre le risque de reconnaître que ce n'est pas une tenue adaptée ou de paraître pudique, ou rester ainsi et faire comme si de rien n'était parce qu'après tout, elle fait ce qu'elle veut ? Je la vois clairement hésiter quelques longues secondes puis se détendre imperceptiblement avant de hausser discrètement les épaules. Merde, option B, apparemment...

"Tu restes longtemps immobile pour quelqu'un qui se réveille. Dis-je doucement, la voix rendue rauque par le désir qu'elle fait monter en moi sans même s'en apercevoir.

– Putain ! Nico ! Tu m'as filé une de ces trouilles !! Crie-t-elle en sursautant jusqu'au plafond.

– Tu ne vas quand même pas me dire que tu n'avais pas remarqué ma présence ? La cuisine n'est pas si grande et je ne suis pas petit non plus...

– Non mais je... J'étais... Dans mes pensées.

– Ou en train de cuver...

– Ou un peu les deux."

Elle m'observe par-dessous ces longs cils bruns avec son air mutin qui me perdra un jour. Ses prunelles capturent les miennes comme si elle attendait quelque chose de moi. Elle n'a pas l'air de se formaliser outre mesure de sa tenue même en réalisant ma présence, mais bon après tout, elle sort de la salle de bain quasi nue tous les jours donc ça ne devrait plus m'étonner.

RenaîtreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant