Seul dans cette chambre, il faisait noir, extrêmement noir. L'enfant entendait des cris, une bagarre, il y avait plusieurs personnes il en était sûr. Il s'était réfugié dans son armoire, encore, attendant que tout ça se calme. Il commençait à en avoir l'habitude, tout ça ne datait pas d'hier. Il pleurait, encore et encore. Il voulait partir, sortir dehors, jouer avec ses copains au foot ou aux billes, n'importe quoi mais il ne voulait pas rester ici. Mais tout ça était impossible. S'il en parlait à quelqu'un, il aurait des problèmes, il le savait. Il était donc là, assis, tout seul.
Des sourires. Tout le monde souriait, criait. De la joie emplissait les cœurs de toutes les personnes présentes à l'intérieur de stade. Des masses de pancartes et d'applaudissements emplissaient l'endroit depuis le coup de sifflet final. Cette sensation qu'ont les joueurs lors de ces moments est extraordinaire, une certaine puissance, une plénitude, une joie mêlée à de la fierté de voir que des gens les soutiennent, et qu'ils sont là pour eux. Oui, ce n'est pas toujours facile, les coups sont parfois dures, puissants et emplis de colère mais rien ne vaut des moments comme ceux-là. L'impression d'être libre, de pouvoir être qui on veut être et faire ce que l'on veut faire. Personne pour leur dicter leurs choix, personne pour leur obliger un chemin à suivre. Seulement une gigantesque plaine verte, fleurie, joyeuse s'offre à eux. Elle est emplie de gaité, elle sourit au monde. Tout comme eux le font en ce moment même. Un monde si vaste, tant de possibilités, de choix, de décisions. Tant de personnes. Tant d'émotions, d'amertume, de jalousie, de tristesse. Mais aussi tant de bonheur. Et si nous revenions en cours de maths et que nous faisions le pourcentage de gens heureux et de gens malheureux, qui gagnerait ? Espérons encore une fois rater ce calcul, se tromper, sourire et recommencer. Ne dit-on pas que la vie est belle ? On a cas le dire ouais.
Tous ces garçons sont heureux. Ils se sont tous sauté dans les bras. Gagner la demi-finale du championnat national de Lacrosse est pour eux une énorme victoire, mais c'est aussi un pas de plus vers la victoire du championnat. Et çà, ils en rêvent tous. Pas pour les mêmes raisons, certains en rêve car ils veulent accomplir quelque chose par eux-mêmes, sans l'aide de personne. Ils veulent se prouver des choses, comme on le fait tous. D'autres veulent cette victoire pour prouver à leurs parents qu'ils peuvent arriver à faire quelque chose. D'autres simplement pour se faire remarquer de leur père, qui est peut-être trop occupé avec son cabinet d'avocats, ou de leur mère, trop occupée à être la meilleure chirurgienne de la ville.
Et ils ont tous foi. Ils veulent la gagner ce foutu championnat. Mais pour le moment ils sont seulement tous les uns au-dessus des autres, hurlant leur joie au monde, plus heureux que jamais.
Mais attendez, j'ai bien dit « tous » ? Oups....
Pour l'instant tout va bien, tout le monde est heureux, la soirée continue, ils vont enchainer vers un bar, sourire aux lèvres, main en l'air. Demain ils seront encore fiers, encore souriants. Ils retourneront étudier avec cette petite fierté. Tout le monde vit le moment parfaitement dans l'insouciance d'une vie de jeunes adultes mais plus pour longtemps. Tout va changer. Un événement va venir bouleverser le monde d'un garçon.
Ils étaient rentrés à l'hôtel un peu plus tard dans la soirée. Ils avaient de la chance, leur fac leur avait payé un hôtel car le match était à deux heures de chez eux. Toute l'équipe dormait dans l'hôtel, deux par chambre. Ils avaient franchi les portes dans la joie et la bonne humeur, mais tous ne pensaient pas qu'au match. Parmi l'équipe, un avait d'autres pensées, plus sombres. Mais il se l'était promis, jamais il n'en parlerait. Il en avait fait la promesse. Jamais il ne la brisera, l'enjeu est beaucoup trop gros et bien trop important pour lui. La vie d'une personne très chère à ses yeux.
