Je ne cachai pas ma surprise et il me regarda comme si c'était la première fois qu'il me voyait.
- Je pensais que tu serais contente pour moi...
- Je le suis... Ils t'ont répondu?- Euh oui...
- Depuis quand?
- Hier matin! sourit-il.
Une angoisse naquit en moi et sans que je ne puisse le comprendre un sentiment étrange m'envahit...
Je l'enviai: il arrivait à obtenir toujours ce qu'il voulait. Né de parents riches il n'avait jamais eu besoin de travailler pour payer ses études, il vivait dans une villa à deux mille euros le mois et il ne tirait pas cet argent de sa poche mais de celle de ses parents tandis que moi, pauvrette comme je le suis j'ai juste assez pour me payer mes études, mon loyer et de quoi manger.. A cet instant je me sentis minable... minable tout court.
- Ça ne va pas?
- Tu veux vraiment savoir? raillai-je.
- Qu'est-ce qui t'arrive?
- Moi aussi je m'y suis inscrite, je me suis donnée à fond pour ça... j'ai travaillé dur et pourtant je n'ai jamais eu de réponses alors que toi.. toi c'est différent, il te suffit de dire que tu t'appelles John Caster et tous tes vœux sont exaucés... Je t'aime beaucoup John et ce n'est pas contre toi mais je pense que j'ai besoin de rester seule...
Une immense peine se peignit sur son visage et à sa voix je compris que je l'avais blessé... Un sentiment de culpabilité me rongeait maintenant et je ne savais que faire ni que dire pour me racheter auprès de mon meilleur ami. J'étais si égoïste! Une larme roula sur ma joue et un souvenir que j'essayai d'oublier refit surface:
« - Maman maman! J'ai eu un B+ en sciences aujourd'hui!
- Et John, il a eu quoi?
La petite fille que j'étais fit la moue et resta sceptique quant à la réponse qu'elle allait donner à sa mère. Elle gesticulait ne sachant que dire ni que faire. Elle se décida enfin à prendre la parole lorsqu'elle vit les petits yeux perçants de sa mère.- A+.
- Quoi A+ ?
- Il a eu un A+.
- C'est bien ce que je me disais! Tu es bonne à rien ma petite!
- J'ai progressé maman, ça ne te suffit donc pas?
- Ce n'est pas ce que j'appelle une progression ma petite! Si tu veux que je sois fière de toi.. il faudrait que tu sois la meilleure à l'école et ça c'est impossible pour toi! »
Le rire sarcastique de ma mère résonnait encore dans mes pensées et je me mis à penser que j'en étais vraiment une au final: une bonne à rien!