𝙽𝙴𝚂𝚂𝙰𝚈𝙴𝙼 - 𝚄𝚗𝚠𝚊𝚗𝚝𝚎𝚍 𝙻𝚘𝚟𝚎 [ CORRECTION]

28 𝙰̀ 𝚕'𝚊𝚞𝚋𝚎

𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚅𝚒𝚗𝚐𝚝 𝚑𝚞𝚒𝚝

𝙽 𝙴 𝚂 𝚂 𝙰 𝚈 𝙴 𝙼
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Les rues sont désertes, le soleil s'est déjà couché, laissant la lune flotter au-dessus des nuages. L'air frais d'autrefois est devenu glacial, assez mordant pour engourdir les mains en un seul souffle.

J'avais repris mes esprits. Maintenant, je me dirige vers cet arrêt de bus, celui où je m'arrête souvent pour marcher. Il est situé juste avant le lycée, le long d'une petite allée. Comme toujours, il est vide... ou du moins, c'est ce que je pensais. Je n'avais pas tout de suite remarqué cette silhouette affalée sur le banc usé. Je ne me souvenais même pas l'avoir vue arriver, mais son aura était pesante, presque oppressante.

Pas juste une simple présence, non. Quelque chose en elle transpirait la mort. Pas la mort physique, mais celle qui s'installe lentement à l'intérieur, celle qui ronge

Je soupire et m'assois à côté, le bois du banc grinçant sous mon poids. Le froid de novembre s'infiltre sous mes vêtements, mordant ma peau. À chaque expiration, un mince nuage de buée s'échappe de mes lèvres, se dissipant aussitôt dans l'air figé de la nuit.

Je sens son regard furtif sur moi, insistant mais hésitant, comme s'il cherchait à me replacer dans un souvenir brumeux. Ça ne me dérangerait pas, mais sa manière de fixer, oui. Ce regard, plein d'interrogation, me donne l'impression d'être une énigme qu'il tente de résoudre.

Je resserre mon écharpe autour de mon cou glacé, cherchant un semblant de chaleur. Mon regard se fait plus dur, plus tranchant, alors que je tourne la tête vers lui.

— T'as fini de me fixer ? Demandais-je mal à l'aise.

Ma voix tremble légèrement sous l'effet du froid, mes mains glissent dans les poches de mon manteau, à la recherche d'un refuge contre l'air mordant.

Il ne répond pas immédiatement. Je sens qu'il réfléchit, qu'il pèse mes traits dans sa mémoire.

—  Je t'ai déjà vue quelque part... ou peut-être que c'est cette écharpe, je ne sais pas, murmure-t-il, le regard toujours braqué sur moi.

Je fronce légèrement les sourcils, troublée malgré moi. Sa voix est basse, presque mélancolique, comme si ce qu'il disait dépassait la simple reconnaissance d'un visage. Comme si, au-delà de ma silhouette, il cherchait quelqu'un d'autre.

Je détourne les yeux, fixant un point invisible devant moi. Ce genre de conversation m'agace. Les gens qui pensent vous reconnaître, qui vous accrochent du regard comme s'ils cherchaient à vous replacer dans un souvenir effacé. Comme si j'étais un fantôme d'un passé qu'ils n'arrivent plus à toucher.

Le vent souffle, soulevant une mèche de mes cheveux que je rabats derrière mon oreille d'un geste automatique.

— T'es sûr que tu me confonds pas avec quelqu'un d'autre ? Je souffle agacé, sans vraiment attendre de réponse de sa part, je m'en fiche un peu de savoir si il insiste ou pas

Il ne répond pas tout de suite. Il prend son temps, comme s'il évaluait la justesse de mes mots. Je sens son regard peser sur moi, ce genre de regard qui scrute, qui cherche à percer ce qu'on ne dit pas.