Chapitre 1

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PDV Charme

Une nouvelle journée s'écoule dans ce bâtiment foisonnant de vie, où se mélangent les âmes les plus diverses, des plus bienveillantes aux plus impitoyables. Je ne fais pas exception, je me situe quelque part entre les deux extrêmes. Mon nom véritable est Charme Sanchez. Pourquoi ma mère a-t-elle choisi un attribut de beauté pour baptiser sa fille, je l'ignore. À l'entrée du lycée, tous les regards se portent sur nous, en réalité, sur elle : ma meilleure amie.

"Je n'ai pas envie d'y aller, et si on séchait les cours ?" lance-t-elle, un sourire singulier aux lèvres, cherchant à me convaincre.

"Encore ! Nous sommes en terminale, je te rappelle !"

"Nous venons à peine de débuter l'année scolaire !" réplique-t-elle, affichant un air boudeur auquel je ne saurais résister bien longtemps.

C'est ainsi avec Mia, elle sait pertinemment que je ne peux lui refuser quoi que ce soit, et elle en profite. Contre ma volonté, nous quittons une fois de plus le lycée parce que mademoiselle a "la flemme". Elle ne cherche même pas à inventer une excuse, cela arrive au moins deux fois par mois. Heureusement, nos résultats scolaires sont excellents, ce qui s'ajoute au fait que le propriétaire du lycée n'est autre que le père de Mia et le mien, si l'on peut dire, ce qui nous met à l'abri de sanctions. Un simple mot de Mia et toute opposition se retrouve balayée.

Nous nous sommes rencontrées lorsque nous étions enfants. Je n'ai jamais été particulièrement sociable, je n'avais pas d'amis, voire aucun, contrairement à elle. La perte de ma mère, emportée par une maladie cardiaque alors que je n'avais que dix ans, a été un tournant dans ma vie. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée sans foyer, la propriétaire du modeste studio, une femme dénuée de compassion, me jetant à la rue une semaine à peine après le décès de ma mère. Je peine à expliquer comment j'ai réussi à survivre jusqu'à ce que Mia me trouve, pleurant seule dans la rue.

C'est ainsi que je suis devenue une Sanchez à part entière, adoptée par cette famille aimante et accueillante depuis l'âge de dix ans. Huit années se sont écoulées depuis lors. La famille Sanchez est la plus généreuse que j'aie jamais connue. Ils m'ont accueillie sous leur toit, m'ont nourrie et traitée comme leur propre fille. Je me demande encore pourquoi, enfin si, je le sais : parce que Mia est une personne extraordinaire ! Cette fille incarne la perfection : elle est bienveillante, presque naïve, prête à tendre la main aux autres. Son principal défaut ? Sa bonté excessive. Mais sans cela, je ne saurais dire où je serais à l'heure actuelle. Peut-être déjà morte...Avant leur intervention dans ma vie, celle-ci était plutôt morne. Avec ma mère, nous vivions seules, je n'ai jamais connu mon père et elle refusait d'en parler. Malgré sa maladie, elle a continué à travailler comme caissière dans une petite épicerie près de chez nous, assurant ainsi notre survie et me permettant d'aller à l'école. Elle est décédée suite à sa maladie cardiaque, dont l'origine reste un mystère. Mia et sa famille m'ont offert une vie que beaucoup envieraient, et je leur suis reconnaissante chaque jour. Ils n'ont jamais rien exigé en retour, mais pour ma conscience personnelle, je me suis engagée à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour le bonheur de Mia. Je la placerai toujours avant tout et la protégerai à tout prix. Jusqu'à présent, je n'ai jamais manqué à cette promesse et je ne le ferai jamais. Je vivrai pour elle, car elle m'a sauvé la vie et je lui en suis redevable.

"Ah, je suis épuisée, Charme ! Pourquoi est-ce que je n'arrive jamais à garder un mec ?"

Nous étions étendues sur son lit après avoir séché les cours pour aller manger au restaurant. Mia, comme d'habitude, se plaint de son incapacité à trouver le "bon gars". Elle est d'une beauté à couper le souffle, une fille que tout homme rêve d'avoir et que toute femme envie. Avec ses boucles blondes et ses yeux bleus, elle attire tous les regards. Cependant, elle joue souvent avec les sentiments des hommes. Mia n'est jamais satisfaite, ainsi, lorsqu'une relation ne répond pas à ses attentes, elle passe à autre chose. Je plains parfois ces pauvres hommes qu'elle laisse derrière elle avec une facilité déconcertante, invoquant souvent un manque quelconque comme raison de leur rupture.

"Peut-être que tu en demandes trop !" lui fais-je remarquer.

"Tu sais, Mia, tu dois accepter que tout le monde ne puisse être aussi parfait que toi."

"Mais si tu dis que je suis parfaite, alors je mérite un homme parfait, non ?" argumente-t-elle.

"Oui, et même plus que parfait, mais malheureusement, cela n'existe pas."

"Il existe quelque part, j'en suis sûre, je te le prouverai !" affirme-t-elle, cherchant à se convaincre elle-même.

Et ainsi, nous passons notre après-midi à bavarder de tout et de rien, jusqu'à ce que vienne ce moment que je redoute tant, car nous sommes le dernier vendredi du mois. Cette journée est de loin la pire de toutes, ou plutôt la soirée la plus redoutable du mois. Mia a le droit d'organiser une fête ou d'aller en boîte une fois par mois. Malgré les caprices de Mia, nos parents restent assez stricts, étant donné que nous sommes encore jeunes, Mia ayant dix-sept ans et moi dix-huit. Ce vendredi, Mia organise une fête chez nous. Pourquoi je déteste cela ? Simplement parce que je suis asociale, voire associable selon les dires de Mia. Je n'aime pas la foule, le bruit, les cris, et tout ce qui accompagne ce type d'événements. C'est peut-être pour cette raison que je ne m'adresse qu'à Mia, aux parents, et aux professeurs lorsque ceux-ci me posent des questions. À chaque fête qu'elle organise, je me terre dans ma chambre, bien que Mia demande toujours pour que je me joigne à elle. C'est la seule et unique chose que je lui refuse, et elle respecte cela, bien qu'elle insiste souvent. Alors, à l'heure actuelle, je l'aide à ranger le salon et à déplacer les objets précieux dans les chambres pour accueillir ses invités. Nous sortons les boissons et les snacks, que nous disposons sur une table improvisée. Il est déjà vingt heures, et les invités ne devraient pas tarder à arriver. Une fois le travail accompli, je me hâte de prendre ma douche du soir et de me retirer dans ma chambre.

"Charme, mon cœur, juste pour ce soir, s'il te plaît !" insiste-t-elle une fois de plus.

"Mia, nous en avons déjà discuté. Ce n'est pas avec tes beaux yeux que tu vas me convaincre !"

"Je veux juste que tu passes une soirée avec moi..." supplie-t-elle.

"Mia, s'il te plaît, nous passons déjà beaucoup de temps ensemble" dis-je d'un ton ferme.

"Je suis désolée..."

"Ne t'en fais pas ! Profite bien de ta fête, et demain nous irons nous balader quelque part, je t'invite."

"Merci, Charme, tu es un amour. Je suis vraiment désolée, je t'aime."

"Ouais, c'est ça, bye !" dis-je en fermant la porte de ma chambre.

Mia est très sentimentale malgré son tempérament, elle exprime ses sentiments avec une telle aisance. Pour ma part, je ne me vois pas lui dire "je t'aime" comme elle le fait, ni lui faire des bisous ou des câlins. Mais avec le temps, je m'y suis habituée, et c'est devenu presque une habitude d'avoir une Mia aussi démonstrative. Il est vingt-et-une heures, la musique commence à résonner. Pour ne pas l'entendre, je mets mon casque et m'endors au son d'une mélodie.

CharmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant