Une vie sous silence

Chapitre 1. Le club

Séla

Ce soir, c'est une soirée spéciale. C'est le soir de la permission. Rien de plus simple. Chaque pièce à un thème, si les partenaires y entrent, cela veut dire qu'elle accepte ce qui les attend.

La Consommation leur est offerte, s' ils prennent l'option de la nuit. Je fais ça, quand je sais que je ne travaille pas le lendemain.

Il est vingt et une heures quand j'allume les néons, et que mes deux videurs ouvrent les portes. Comme chaque soir, les personnes ne se font pas prier et entrent dès l'ouverture. Ils s'enregistrent sous leurs noms de codes avant de franchir les portes du désir. Pour l'enseigne, je ne me suis pas vraiment foulé. Le désir'Trixe. Maintenant connu de tous, ce nom est une promesse dans la bouche des personnes. Tout le monde connaît, mais tout le monde nie leur présence. D'où la confidentialité sans failles.

Je fais un dernier tour du club pour voir si tout est en place. La précision et la perfection sont de rigueur. Je ne laisse rien au hasard. Chaque chose est à sa place. Chaque détail compte. Car c'est dans ses petites attentions, qu'on voit bien plus que ce que nos yeux nous le permettent. Une serviette mal pliée signifie un manque de temps. Une danse avec des fautes signifie une mauvaise leçon. Une mauvaise boisson... et là, le bruit court, et la réputation chute. Alors je n'ai pas le droit à l'erreur, je me dois d'être irréprochable. Comme mon physique. Je dois donner envie à tous ses hommes de me désirer. À toutes ses femmes de vouloir me ressembler. Et, j'y arrive à la perfection.

Je pourrais même dire que j'excelle dans ce domaine. Bien plus que la journée où je laisse place à Séla. La femme peu sure d'elle, qui s'est fait violer... Un fardeau que je traîne au pied comme des chaînes. La mise en place faite, je rejoins les jumeaux qui m'attendent dans la pièce principale.

Côme et Cône. On pourrait croire qu'il se ressemble en tout point. Mais c'est des putains de connerie. À part le physique, ils sont complètement différents. Que ce soit sur leurs caractères, ou Côme est bien plus autoritaire, bien plus caractériel. Cône, lui, est beaucoup plus docile. D'ailleurs, Trixe ressemble bien plus à Côme, et Séla beaucoup plus à Cône. Mais cela ne m'empêche pas de m'entendre à merveille avec les deux. Malgré leurs différences, ils sont toujours fourrés ensemble. Et, ils m'ont aussi bien aidé dans ce projet qui a du succès depuis maintenant quatre belles années.

— Quatre. Dis Cône, en tendant sa main vers son jumeau.

— Non, tu plaisantes... Plutôt deux. Vu sa tête en arrivant... Elle n'aura pas le temps à plus. Lui répond Côme en serrant la poignée de son frère.

Mes sourcils se froncent alors que je les regarde à tour de rôle avec leurs sourires.

— Puis-je connaître le sujet de votre discussion ?

— Le nombre d'hommes que tu mettras dans une pièce différente.

Les enfoirés.

Pourtant cela ne devrait même pas me choquer, c'est comme ça, pratiquement tous les soirs.

— Deux.

Les deux froncent leurs sourcils ne comprenant visiblement pas de quoi je parle.

— Deux mille dollars en moins de votre paie ce mois-ci.

— Quoi? Tu plaisantes j'espère.

— C'est notre paie du mois! affirme Cône. Ils ont l'air beaucoup moins heureux tout d'un coup.

Je tourne les talons alors que la musique commence à prendre beaucoup trop de place dans la pièce principale. C'est un nouveau DJ, mais je ne tolère pas pour autant une pareille erreur. Alors c'est de mon devoir d'aller le remettre à sa place. Après ce bref échange, mon petit téléphone professionnel se met à vibrer dans ma main. En le regardant, je constate qu'une de mes chambres clignote en rouge. Le signal qu'un des deux est allé beaucoup trop loin. Dans les pièces, j'ai mis à disposition pour les deux partenaires un système de protection. Deux boutons. La première orange, qui signale qu'il ou elle en demande bien plus que nécessaire et le deuxième rouge, qui signifie qu'il ou elle va à l'encontre du consentement de la personne. Je jette un coup d'œil rapide aux jumeaux, qui hoche la tête pour me suivre.