De ses Yeux

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Étreinte ardente.
Souffrance de l'absence.

Nos deux corps, l'un sur l'autre. Nos langues qui s'entremêlent, jouent, se taquinent, se caresse. Impossibilité d'être rassasiés.

Lèvres mordues, tirées, dans un ballet sensuel pourtant déroutant pour un observateur extérieur. Qu'importe, cette scène doit rester intime, personnelle, permanente et invariable, souvenir sensoriel.

Les cœurs s'échauffent, accélérés par l'ardeur de ces baisers. Les corps sont jetés sur un lit bas, presque au ras du sol. Le matelas est dur.
Jambes embrassées, comme les rimes d'un sonnet amoureux. Baisers, brûlants sur la peau transpirant de désir.

Les baisers sont lents, profonds, enivrants. Parfumé à la légère odeur de cigarette et d'Eau de Cologne. Les baisers font perdre la tête, l'estomac se tord.
Souffrance exquise que celle de l'amour.

Les mains caressent, au départ hésitantes. Au fil du temps, elles seront plus entreprenantes, assurées. Les mains, reflets de l'âme. Mains solides, doigts longs, mains douces. Les ongles sont courts. Les mains touchent, tentative insensée de se fondre dans l'autre, de s'en rapprocher jusqu'au point de rupture.
Les mains caressent, griffent, pénètrent. Reflets d'un plaisir futur, elles préparent les jouissances suivantes.
Miroir de deux âmes qui se lient par la chair, la vie, la main se pose sur la joue, juste en dessous de l'œil gauche, glisse sur la nuque, caresse les cheveux courts et attire le visage dans un autre baiser.

Les nez se collent, créés une distance entre les lèvres, encore gonflées par les baisers. Les nez se frottent, synonyme de complicité. Le jeu, les rires, restent ancrés dans les corps, même dans la chaleur des étreintes. La main posée sur la joue remonte légèrement, titille le nez. Les dents claquent, menace innocente mais bien présente. Il ne faut pas toucher ce nez, sous peine de représailles.

Les mains du partenaire descendent. Les doigts trouvent les cuisses, les écartent. Ils se glissent dans l'intimité tant convoitée.
Gémissements, halètements. Les yeux sont ancrés les uns dans les autres, cherchant avec attention le point de rupture, quand les yeux se fermeront et que les gémissements seront plus forts. Les corps tremblent, reliés par les yeux, les mains, les sentiments partagés qui rendent ce moment intense.
Un tremblement plus intense, la tension du corps disparait, les membres retombent, mous, sur le matelas.
Baiser volé, sourire du partenaire. Une phrase, récurrente, traverse ses lèvres. Compliment, surnom affectueux.

Baisers, mains, corps. Tout est mélangé. Le visage descend vers le corps, poitrine, aine. Ces lèvres sont embrassées avec la même ardeur. Les mains, cette fois-ci passives, sont retenues contre le matelas. Liberté pourtant totale, le corps finement entravé ne ressent rien d'autre qu'un plaisir total, une chaleur irradiant de son bas-ventre.

Des lèvres s'échappent des gémissements, semblant demander au partenaire de remonter, de partager un baiser humide de fluides. Le corps vénéré, autrefois passif, est désormais à califourchon.

Les hanches frottent, glissent contre celles de l'autre. Les dernières barrières de textiles sont retirées avec précipitation, les mouvements sont tremblants, hésitants à cause des sensations passées. L'appréhension accélère le cœur, les respirations.

Les frottements reprennent, toujours plus saccadés, toujours plus hâtifs. Baisers enragés. Gémissements de plaisir, désir de complétude. Une supplique.
Les corps se connectent enfin. Les mouvements sont profonds, accentués par des baisers. Intensité croissante. La tête plonge dans le cou du partenaire. Morsures, succions, toujours discrètes, ne laisse pas de marque. Il n'aura pas été aussi clément, les marques prendront plusieurs jours à disparaitre complètement des seins.
Parfaite coordination des corps, jusqu'à la jouissance. Collusion, collision des âmes, qui sont désormais liées à vie.

Les respirations ralentissent, le corps roule pour se retrouver à la droite du partenaire. Les dernières preuves de cet acte sont effacées.

Souffrance de l'absence.

Le partenaire ne reviendra pas, il a tiré un trait sur ces étreintes. 

De ses yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant