Kwayandiz (Titre provisoire )

Prologue parti 1

— Une histoire ! Une histoire ! Une histoire ! Demanda le petit garçon à son père.

— Oui, vas-y, Papa raconte nous celle sur les esprits, s'il-te-plaaaaaaît, ajouta son grand frère.

    Le père attendit que sa femme quittât la chambre et s'assit entre ses deux enfants. Il prit la lampe à huile qui éclairait la chambre et réduit l'intensité de la lumière.

— Tu me fascineras toujours Gérard, dis le père, tu as toujours été attiré par les histoires spirituelles.

— Sé toujou Jéra ki ka chwazi, chuchota son autre fils.

— Ne t'inquiète pas Jean-Baptiste ce soir, je vais vous raconter une autre histoire, dit-il en sortant une photo de sa poche, mélangeant amour, comme tu aimes, et spiritualité comme aime ton frère. É arété kaché-w lè ou vlé palé kréyòl !

— Désolé Papa, je ne recommencerai plus, répondit Jean-Baptiste, allez vas-y raconte-nous cette histoire !

    Il montra la photo à ses enfants et sur cette dernière se trouvait une jeune femme. Ses cheveux épousaient avec élégance ses beaux habits. Elle semblait heureuse et épanouie.

— C'est qui cette fille Papa ? Demanda Jean-Baptiste ébloui par celle-ci.

— Eva, elle s'appelait Eva, elle n'habitait pas loin de chez moi. Elle vivait avec sa mère et s'était ma meilleure amie d'enfance. Mais aussi...

   Albert prit un temps pour souffler et finit sa phrase.

— Mon premier amour.

    Les enfants n'avaient jamais vu leur père ainsi. Les mots d'Albert avaient atteint leur corde sensible. Cependant un sourire narquois se dessina sur son visage, il les surprit en s'exclamant :

— É si zòt té sav ki jan fanm-lasa té bèl, sé timoun-la. Sété on tété...

— ALBÈÈÈÈÈ KA OU TÉ KAY DI-LA ! S'écria sa femme pour l'interrompre, sé mwen ki fanm a-w ou tann ?! Ou pa oblijé di yo tout.

     Les enfants ne se génèrent pas pour exploser de rire, on les entendait dans tout le voisinage, ils étaient tout ouïe pour écouter la suite.

— Sa famille n'était pas très aisée. Depuis la mort de son père, sa mère avait plusieurs dettes à payer et Eva ne pouvait plus supporter ses lamentations, expliqua Albert en regardant la photo, elle venait me voir chaque après-midi pour fuir sa maison. Mais ce que je ne savais pas c'est que ce jour-là fut la dernière fois qu'on se vit.

    En effet, la mère d'Eva partit un après-midi en ville acheter des œufs, ce qui lui laissa le champ libre pour venir chez Albert. Elle se dépêcha de mettre des sandales et courut jusqu'à chez lui.

    Tandis qu'Albert, lui, se trouvait dans son jardin avec son père. Il se préparait à arroser les légumes quand Eva arriva.

— Bonjour Mr LANDRY, bonjour Albert.

— Bèl bonjou Eva, ça tombe bien, j'allais envoyer Albert t'apporter quelques patates pour ta mère et toi.

— Merci, Monsieur ne vous inquiétez pas, je viendrai prendre tout ça après. Ça ne vous dérange pas si je vous emprunte Albert quelques petites secondes ?

    Albert se retourna et vit que son amie avait l'air impatiente de le revoir.

— Bonjour mon pissenlit, woy zafè an-mwen mélé, ka ki ni ? Demanda Albert d'un air surpris.

— Oui, vas-y Eva, il est tout à toi.

   Eva prit Albert à part et lui expliqua ce qu'elle avait.