Poèmes

Et si jamais

Je n'aime pas l'expression« et si jamais ».
Et si jamais la maladie ne m'avait pas touché,
J'aurais savouré chaque tranche de pain, à ma faim, sans m'arrêter.
Et si les calories qui se multiplient à chaque heure
Ne prenaient pas l'entièreté de mes peurs.
Et si jamais je n'étais pas tombé en dépression,
Si jamais j'avais su trouver ma raison.
Trouver de quoi rire chaque jour sans comparaison.
Et si jamais mes rêves n'étaient que de passage,
Que de vulgaires moments du soir pour me reposer de ma fatigue instable,
Et aucunement un refuge que j'ai trouvé pour affronter l'inconstance, l'indomptable.
Et si jamais je ne t'avais pas rencontré,
Peut-être alors mon cœur ne se serait pas affolé,
Peut-être alors j'aurais pu continuer, à vivre sereine, apaisée.
Et peut-être alors ne se serait-il jamais brisé.
Et si jamais mon père était resté,
Qu'il ne s'était jamais en allé,
Qu'il était resté à mes côtés,
Et que j'aurais grandi avec mes deux parents bien aimés.
Et si jamais les roses que tu m'avais offertes n'avaient pas été rouges,
Qu'elles avaient été roses comme mes joues quand je te croise à l'école chaque jour.
Et si jamais l'amour ne se perdait pas, qu'il restait accroché à deux êtres comme un doux éclat.
Ça nous économiserait des pleurs, des cœurs brisés et naîtraient alors des flammes préservées.
Et si jamais on ne mourait pas, qu'on restait proche des gens à qui l'on tient.
Et si jamais tu avais pardonné mes erreurs,
Et si jamais tu m'avais repris dans tes bras pour calmer mes pleurs.
Et si jamais la douceur de ta voix
Était restée à jamais à me murmurer tout bas les mots les plus doux, les plus arides.
Et si jamais nous ne nous étions jamais quittés, que le soleil avait continué à nous éclairer comme une unité.
Et si jamais tu ne l'avais pas choisie, elle, avec ses cheveux châtains et ses yeux verts.
Et si jamais j'étais née aussi belle qu'elle, m'aurais-tu accordé les mêmes regards que pour elle
Et si jamais nos souvenirs ne seraient pas restés comme des lames plantées dans mon cœur et qu'ils étaient restés plutôt comme des souvenirs qui m'éblouissent à chaque heure.
Et si jamais j'arrêtais de repenser à ce qui se serait passé
Ce mercredi matin devant notre lycée,
Si tu ne m'avais pas à midi pile brisé mon cœur.
Et si jamais je pouvais aller de l'avant, refermer cette page et commencer une nouvelle chanson.