Épisode 1

141 3 1
                                    

J'étais sur le lit allongé sur le dos tout en regardant le plafond quand ma mère cria mon nom:

-Albert  tes amis sont là, sort !

C'était un 21 Mai, le jour de la
proclamation des résultats du Baccalauréat deuxième partie (communément appelé BAC-2).

Ma mère m'appela depuis le dehors parce que mes amis m'y attendaient pour qu'ensemble nous filions vers le centre d’écrits de la proclamation des résultats des examens.

Ils n'attendaient que moi pour que le groupe soit au complet. J'ai vite mis un t-shirt et un pantalon avant qu'on ne prenne le chemin du dit centre.

Nous avions marché une quinzaine de minutes avant d'atteindre notre destination. C’est à peine arrivés sur les lieux que les résultats
commençaient à tomber; la tension était au high level.

Quelques minutes plus tard, mes deux camarades ont entendu leurs
noms et ont commencé à sauter de joie devant moi. Pendant ce temps, j'étais sur place à cogiter sur le sort que me réservait le BAC et comment allais-je faire pour
poursuivre mes études s'il arrivait que les choses tournassent mal.

Mille et une idée me traversait l’esprit chaque seconde telle
une horloge. Puisque la vie ne m'a jamais fait de cadeau, il était normal que je commençasse à réfléchir sur mon sort.

BAC ou sans BAC il fallait que je me prépare en conséquence.
Je vivais avec ma mère pour qui j'étais le seul fils. Notre père nous a quitté très tôt et puisqu'il n'y avait pas laissé de testament,

ma mère se retrouvait dehors virée par mes tantes et oncles qui se sont accaparés de notre toit traitant ma mère de sorcière.

À cette époque, j'étais en classe de 6ème. Je m’en rappelle encore comme si c'était hier.D'une vie que je qualifierai d’aisée, je me retrouve du jour au lendemain seul avec
ma mère dans la maison de son père. Une maison familiale où insultes et injures étaient notre quotidien. Face à ces attaques
verbales ma mère ne céda point.

Elle répéta une seule et unique une phrase :
«Naître pauvre n'est pas un choix mais le demeurer, n'engage que le signataire».

Je trouvais de l'espoir et du réconfort dans ces propos. Je nourrissais cette idée de grandir
et de devenir riche et qu'elle sera toujours là à faire son maximum pour que je réussisse quoiqu'il advienne.

Après plus de deux (2) ans passés dans la maison familiale, ma mère se lançait dans le commerce des fruits.

Elle vendait des papayes, des oranges et quelques fruits au
grand marché. Dotée d’une certaine
courtoisie et amabilité, elle finissait
toujours son lot de marchandise par coût de grâce. Au marché, en cour de route comme dans le quartier elle avait ses clients. Ma mère avait le sens des affaires.
Elle savait charmer ses clients, bref était unique.

Quand ma mère allait au marché, moi je restais toujours à l'école pour apprendre ou dormir jusqu'à 18h avant qu'elle ne vienne
me chercher pour qu'on rentre ensemble à la maison. Tout cela pour éviter les problèmes à la maison. J'aimais passer du
temps à l'école qu'à la maison car cela me permettait de faire un peu le vide autour de moi.

Un jour comme d'habitude ma mère était venue me récupérer pour qu'on rentre à la maison. Elle me donna une mangue que je mangeais avec ardeur. J'étais content de voir la façon dont elle prenait soin de moi.
En cour de route elle engagea la conversation:

-Berto ?

-Oui maman...

-J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer...

-Ahhh bon? quoi donc maman ? Où as-tu gagné un two-sure? (Lonato)

-Non mon fils! La bonne nouvelle est que ce week-end nous allons quitter la maison familiale car j'ai trouvé une chambre pour nous.

-Super maman. Gloire à Dieu. Qu’est-ceque je suis content ; désormais je vais pouvoir rentrer à la maison après les cours et bien me reposer.

-Oui et devine ?

-Quoi donc maman ?

-Tu auras une télévision que tu auras le droit de regarder que le week-end. N'est-ce pas magnifique mon fils?!

-Ahh non maman; je vais porter plainte ! C'est quel genre de télévision qui ne s'allume que les week-ends.

-Trêve de bavardage fiston. Marche vite pour qu’on rentre tôt et que je puisse te faire à manger.

Ma mère faisait tout ce qui était à son pouvoir pour que je mène une vie normale voire  identique à ceux de mes camarades et j'étais assez fière d'elle car elle faisait tout
pour que j’ai le minimum, que je n’envie pas les autres et que je ne sois surtout pas triste.

Comme promis, le weekend on a quitté la maison familiale de mon grand-père. On est parti s'installé à quelques mètres de mon école. Une nouvelle page, un nouveau départ pour nous.

Je savais qu'au fond de maman c'était une décision assez difficile, mais en face de moi elle faisait tout pour cacher sa tristesse et garder la tête haute.

Quand j'y pense, la vie ne nous avait pas fait cadeau. Dès Fois le commerce marchait bien voire très bien et j’obtenais tout ce que je voulais mais parfois non. Tout ce
que je pouvais faire était de réussir avec ou sans aide, et faire sa fierté.
Arrivé au lycée je décidais de faire la série D.

A chaque fois que j'évoluais dans les études, les dépenses aussi grimpaient.
Alors pour aider maman à tenir le mois, je donnais des cours aux élèves des classes inférieures sous forme de travaux dirigés contre une maigre somme puisque j'étais doué dans les matières scientifiques notamment les Maths, les Sciences
physique et la S.V.T/ Biologie; ce qui me permettait d'acheter les supports du cours et les annales.

Avec le temps, j'ai quitté mon statut
d'élève à un enseignant suppléant dans mon école.

Arrivé en classe de terminale certains élèves voulaient que je vienne m'occuper d'eux à leur domicile comme répétiteur mais ça me prenait encore trop de temps.

Alors pour résoudre cette équation, j'ai revue mon emploi du temps en ne les proposant que des TD (Travaux Dirigés)collectifs à l'école; ce qui avait marché.

Dans cette perspective et organisation, j'ai eu à bien terminé mon année scolaire. Ma mère de son côté prenait de l'âge et c'était
elle ma seule famille. Je me suis fixé des objectifs de vite finir mes études et de lui venir en aide quand elle aura besoin de moi.

Nous voilà à ce jour fatidique des
proclamations des résultats du BAC-2.

Vais-je réussir ou pas ? Même les premiers de classe échouaient à l'examen qu’en serait-il de moi?
J'étais inquiet; je n'avais pas depuis lors entendu mon nom.

Mes amis étaient inquiets également. Voilà arriver à la fin de la proclamation du Baccalauréat deuxième partie passant par la liste des admis d’emblés et des admissibles, je n'entendis pas nom sortir du micro du Président du Jury. La galère!

A suivre

Le Voyage d'une Ombre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant