Chapitre 1 : Don't be a writer, be writing

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Isis

Si cette putain de brute ne me lâchait pas tout de suite, j'allais finir par perdre définitivement l'usage de mon bras. L'homme à ma gauche devait mesurer vingt centimètres de plus que moi. Sa seule main entourant mon membre suffisait à me laisser entrevoir sa force.

Je ne pouvais pas m'empêcher de trembler tant j'avais conscience de ne pas faire le poids contre lui. Ses cheveux rasés de près lui conféraient une allure de militaire rendu fou par les horreurs de la guerre ou de prisonnier évadé. Au choix.

Ma gorge était tellement nouée par le stress que je ne parvenais pas à lui demander de desserrer sa prise. Je n'étais pas certaine qu'il daigne m'écouter de toute façon. Il ne m'avait pas laissée m'expliquer et n'avait même pas pris la peine de me dire pourquoi il me forçait à le suivre.

En revanche, il n'avait pas caché son agacement et sa suspicion à mon égard. Je n'avais pas assez bu pour être ivre. Je n'avais rien volé. Je n'avais fait que passer ma soirée à écrire dans les notes de mon téléphone.

Était-ce un crime ?

Pour moi, c'était une véritable bénédiction des dieux ! Je n'avais pas été capable d'aligner plus de trois mots par écrit ces derniers mois, il n'était pas question qu'un type comme lui me condamne au silence.

Merde, mais lâchez-moi ! crachai-je finalement en tentant de me débattre.

Je n'allais pas non plus le laisser m'enfermer dans une cave. Il n'y avait qu'assise bien au chaud sous une couverture, un café fumant à côté de moi et un livre ouvert dans les mains que je pouvais mettre de côté mes principes pour tolérer ça. J'avais des factures à payer et des intrigues à développer.

L'homme reçut mon coup de pied en plein en tibia. Il stoppa sa progression et tourna un visage agacé dans ma direction.

Je compris très vite que mon geste n'avait eu absolument aucun effet et mon ventre se serra.

Je faisais une piètre héroïne. Habituellement, dans cette situation, elles étaient toutes capables de s'en sortir. Tout ce que moi, je parvenais à faire, c'était me débarrasser de ma dignité.

Recommence ça et tu vas le regretter, m'ordonna-t-il d'un ton froid qui suffit à me convaincre de lui obéir.

Et ma seule réaction fut de hocher sagement la tête. Je n'avais aucune chance contre lui de toute façon. Je préférais arrêter de me ridiculiser immédiatement. Je n'avais jamais été très sportive ou très combattive. Je préférais mille fois les mots et les répliques cinglantes.

Mais ces derniers temps, je n'arrivais à rien produire.

En arrivant dans ce bar, je n'avais pas imaginé que ma soirée aurait un tel dénouement. J'avais franchi la porte de cet établissement complètement abattue par mon manque de créativité qui allait me couter mon rêve. J'étais auteure de romance depuis plusieurs années et j'avais connu un grand succès mais je n'allais pas tarder à tomber dans l'oubli par manque d'idées. En un seul regard, j'avais reçu l'inspiration que je désirais tant et à présent, on m'emmenait de force, je ne savais où.

Mon aimable guide avait sans l'ombre d'un doute été recruté pour assurer la sécurité du lieu. Tout comme son collègue qui filtrait les entrées, celui-ci était employé pour s'assurer qu'il n'y ait aucun débordement.

J'étais aux antipodes d'une fauteuse de trouble. Je n'avais absolument rien fait pour me retrouver dans cette situation.

Après avoir monté un étage et traversé un couloir, il s'arrêta devant une lourde porte noire. Tout ici hurlait le luxe. Ce bar était définitivement l'endroit le plus élégant que je n'avais jamais visité. Je me mis à soupçonner que l'argent ayant servi à décorer tout ça ne soit pas uniquement le fruit d'un honnête labeur.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 02 ⏰

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