Chapitre 7 : Un conte pour enfant

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Comme je l'avais prédit, Aeryn et moi nous prenions la tête pour un rien. Dès qu'elle tentait de se rapprocher de moi, je l'envoyais bouler, et ça a rapidement commencé à l'agacer. Elle était du genre à ne jamais lâcher l'affaire pourtant, mais je peux me montrer très têtu parfois, peut-être plus qu'elle. Nous nous sommes donc retrouvés, après seulement quelques semaines à travailler ensemble, à nous lancer des piques gratuitement.

- T'as mal rangé le rayon BD, celles de science fiction vont à droite. C'est marqué en dessous de l'étagère, faudrait penser à t'acheter des lunettes, me lance-t-elle depuis le rayon en question.

Assis derrière la caisse, je lève la tête de mon livre et lui tire la langue. Réaction que j'ai souvent eu étant enfant et qui n'était pas vraiment digne d'un jeune homme de vingt-deux ans.

Depuis quelque temps, j'avais remarqué qu'une bande de garçons venait souvent la titiller un peu ce qui la rendait encore plus à fleur de peau, et qui me permettait de la rendre folle encore plus facilement. Mais le sourire habituel qu'elle offrait aux clients disparaissait immédiatement lorsqu'elle les apercevait. Aeryn était la fille la plus belle et la plus attirante que j'avais jamais rencontré, ce n'était pas étonnant que des connards comme eux lui prennent la tête. Ça m'a d'ailleurs fait un choc quand j'ai compris que la jolie jeune femme que j'avais renversé dans ma course il y a deux ans, était aussi la petite fille complexée par ses tâches de rousseurs. Bien qu'ils soient généralement trois ou quatre à venir l'embêter, je ne me faisais pas trop de soucis. Je savais qu'elle était capable de les rembarrer et de les remettre à leur place. Mais ça faisait quand même quelques temps qu'ils continuaient d'insister en venant la voir quasiment tous les jours. À chaque fois c'était la même chose, ils venaient prétextant chercher une bricole, ils disaient que nous ne l'avions pas, et ils repartaient sans rien avoir acheté. Aujourd'hui encore ils ne manquent pas au rendez-vous. Quand l'un d'eux l'attrape par le poignet pour la rapprocher de lui, j'hésite à m'interposer. Je sais qu'elle pourrait m'en vouloir si je le faisais, disant que je leur donne raison de penser qu'elle est faible. Mais d'un autre côté elle reste importante pour moi et c'est aussi mon rôle en tant que collègue de travail de l'aider dans ce genre de situation. Les voir la reluquer comme ça me rend dingue. J'ai presque envie de vomir. Sans plus réfléchir je m'approche et retire sa main.

- Merci de ne pas la toucher. Si vous n'êtes pas là pour acheter, veuillez quitter le magasin s'il vous plaît.

Mon ton ne laissait pas place à l'hésitation ou à la moindre réponse. Un peu sur les nerfs et me lançant un regard mauvais, les trois hommes quittent tout de même la boutique après avoir attrapé le paquet de bonbons qu'ils venaient d'acheter, près de la caisse. Incroyable, ils ont acheté quelque chose cette fois. Aeryn retire vivement sa main que je tenais encore fermement. Elle me tourne le dos et va se réfugier dans la réserve sans un mot. Nous ne nous sommes pas adressés une seule fois la parole durant le reste de la journée.

*

- Salut !

Sans laisser le temps à Ak de dire quoi que ce soit, j'entre dans son esprit. Je passe en revue notre première rencontre, mon niveau catastrophique en magie quand il me donnait mes premiers cours, mes longs monologues à propos d'Aeryn, ses blagues nulles... Puis toutes les raisons qui font que je suis là aujourd'hui.

- Je t'ai manqué ? demandé-je avec un grand sourire.

Un peu perturbé, il me regarde avec de grands yeux, submergé par toutes les informations et les émotions auxquelles il vient de faire face, il est à peine capable d'ouvrir la bouche. Après quelques longues secondes, il finit par se reprendre.

- C'est bien mon genre d'apprendre ce genre de sort à un gosse immature. Imbécile. Tu survis et tout ce que tu trouves à faire c'est embêter un inconnu ?!

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