Bonjour mon cher gournal,
Le monde est formidable, telle est ma conviction renouvelée à chaque fois que j'y songe.
Je suis blasé de tous ces pisse-froid, râleurs invétérés, ronchonneurs acariâtres et autres rouspéteurs. Se rendent-ils seulement compte d'avoir ce privilège insensé de vivre à notre époque ? Je rejoins cent et mille fois le philosophe Michel Serres et son roboratif Petite Poucette lorsqu'il bat en brèche ces théoriciens fumeux, apôtres de la désespérance, qui veulent nous obliger à croire qu'avant c'était mieux.
Je ne supporte d'ailleurs plus ces messages Facebook ou Instagram, envoyés par leurs sbires, nous expliquant que nos enfances furent gaies, insouciantes et cultivées quand les enfances actuelles seraient mornes, insipides et incultes. Paradoxe au passage de les voir inonder Facebook pour nous expliquer qu'on y perd son temps. Qu'ils aillent donc en ce cas utiliser le leur, si précieux semble-t-il, autre part !
Ces oiseaux de mauvaise augure mériteraient plusieurs de tes pages, gournal, mais je noterai simplement que jamais il n'y a eu autant de monde qu'aujourd'hui dans les expositions, les musées, les concerts, les cinémas, les restaurants, les parcs de loisirs, les bibliothèques...
Qu'on me donne des chiffres si l'on veut le contester.
Et quant à ceux, nombreux certes, qui n'utilisent les réseaux sociaux que pour montrer, la belle affaire, un chat faire des mimiques de chats, un chien faire des mimiques de chiens ou leur gosse faire des mimiques de gosses, de toute façon ils ne feraient rien de plus glorieux s'ils n'avaient pas les réseaux sociaux au bout de leur clavier.
Je tiens pour ma part que notre époque est formidable. Chaque journée est source de découvertes scientifiques et d'avancées technologiques.
Le paysan d'il y a quelques siècles se levait comme il se couchait, rien n'avait changé (étant un inconditionnel du Moyen Âge je sais que ce n'est pas tout à fait exact, je parle plus exactement de l'impression qu'avait le paysan que chaque jour ressemblait au précédent et au suivant).
La crainte du changement ne doit pas nous empêcher de nous émerveiller de ce monde en mouvement. J'avais lu, et j'y crois assez, qu'il avait nécessité cent ans pour qu'un milliard de téléphones fixes soient produits alors que dix ont suffi pour vendre un milliard de téléphones portables.
Et dans dix ans notre société aura, sans nul doute, totalement changé. Je crois même ne pas exagérer en écrivant que nous aurons changé de civilisation.
Comme cela s'est produit à de très rares reprises dans l'histoire de l'humanité.
L'agriculture, l'écriture, l'imprimerie et dorénavant l'internet.
Te souviens-tu, gournal, de cette discussion lors d'une réunion familiale, il y a vingt-deux ou vingt-trois ans déjà, quand j'affirmais qu'un jour tout un chacun aurait une adresse email ? J'étais le seul à en disposer d'une et quel brouhaha ce fut, les « à quoi ça sert », « je n'en vois pas l'utilité », « je n'en veux pas », etc.
Oui, je suis enthousiasmé par l'ingéniosité humaine : il y a plus de chercheurs en activité en notre belle année qu'il n'y en a eu, en cumul, dans toute l'histoire de l'humanité. Et j'attends deux ruptures, celle de l'ordinateur quantique et celle de la singularité.
Bien entendu tout cela est fort secret mais Google semble sur le point de dévoiler une avancée majeure sur l'ordinateur quantique, dans quelques mois probablement. Une puissance de calcul qui deviendrait du coup phénoménale et permettrait de passer à l'étape suivante, la singularité, c'est à dire le jour où le QI de l'ordinateur dépassera le QI de l'ensemble des humains, aux alentours de 2030.
Je te rappelle tout de même, fidèle gournal, que je ne suis pas scientiste, la science en tant que telle est neutre.
Savoir si la Terre se portera mieux dans dix ans qu'aujourd'hui dépend avant tout du choix qu'en feront les humains et que les humains ne soient guère raisonnables est, hélas !, une tautologie et un facteur qui risque de nous amener quelques déconvenues.
Pour finir sur une note moins sérieuse, j'attends l'ordinateur quantique pour résoudre mon problème de tirage de dé évoqué précédemment :-)
Car je commence à penser qu'il n'y a pas de solution simple. Choisir, de manière équiprobable, un nombre de 1 à 7 avec un dé à 6 faces m'apparait redoutablement complexe parce que 6 et 7 sont premiers entre eux. J'ai tenté plusieurs méthodes en passant par la base 6 et les modulos 7 mais rien n'y fait, ggrrrrrrr
Et je pense que la réponse est ardue car JF ne m'a pas encore répondu alors que cela fait plusieurs jours que je lui ai soumis la question. Je l'ai rarement vu sécher sur une énigme plus de 24 heures. Si je n'ai rien dans la semaine je vais carrément lui téléphoner, ça ne se fait pas de laisser son vieux pote cogiter depuis des jours et des jours !!
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Mon journal intime
RandomMon journal intime. J'expliquerai pourquoi je le nomme affectueusement "gournal".