CHAPITRE II

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Diel est en train de ronfler à en réveiller les morts de l'autre côté du siège tandis que je regarde le paysage. J'envie ces nuages qui sont libres de leur mouvement et qui suivent sans soucie où le vent les emmène, une telle liberté est utopique pour moi la question se pose même si cette liberté existe. Mes démons que j'enchaîne au fond de moi m'enchaînent à leur tour pour m'attirer dans les profondeurs. Quand je pense que je ne peux m'engouffrer plus bas, la vie prend cela comme un défi et me rappelle que je n'ai pas le droit ne serait-ce qu'à un répit. Je n'ai jamais espéré avoir une fin heureuse ou encore une autre issue mais au moins un moment où je pourrais me ressourcer mais la réalité en est une autre. Voilà maintenant des années que j'ai abandonné toute espoir que je vis au jour le jour sans rien attendre de ce "demain" où tout peut se produire. Oui, tout peut-être mais pas la liberté. Avoir de telles pensées alors qu'on part pour une virée me prouve que je ne trouve plus de goût à cette vie.

Qui sait, ce serait peut-être le dernier voyage de ma vie ce qui n'est pas mal même si je le passe avec une nuisance comme Diel. Je l'observe un instant pour me remémorer son visage, Diel est un gars bien bâti surtout grâce aux heures d'entraînement intense pour être au top de sa forme lors des compétitions avec ses cheveux mi-longs et sa coupe mullet il ressemble plus à un gangster. Personne ne saurait que derrière cet air de gros dur se trouve un fils à maman et gâté jusqu'au cul mais malgré tout c'est un bon gars même si je préfère mettre une tutu et des talons plutôt que d'admettre cela à haute voix. Quand on était des mômes, on avait l'habitude de regarder Baki et les animés sur les arts martiaux. Dans mon cas, c'est une passion que quand j'ai terminé Attack on Titans jeudi dernier à l'aube j'ai ressenti cette sensation de vide quand on termine un bon animé qui nous a accompagné à une période de notre vie, ces œuvres m'aident à avoir une aperçue de ce qu'est le bonheur même si cela ne dure que pendant quelques épisodes je vis en même temps que les personnages. Mais tout cela est une partie de moi que je n'ai jamais montré à quiconque car c'est trop intime selon moi. C'est un monde qui n'est qu'à moi, inaccessible pour les autres même les règles de jeu de cette réalité ne peuvent intervenir.

Je m'en rend compte que Diel avait les yeux ouverts sans que je ne puisse le remarquer, il s'était réveillé


-"Une beauté hein?" Dit-il en me faisant un clin d'œil


-"Ton visage abstrait est un véritable œuvre d'art oui"


Diel me fait une moue et ouvre une bouteille d'eau avant d'en voir une bonne gorgée -"Aaahh... Je suis impressionné par ton organisme frère, tu es tellement frais"


-"C'est le résultat de toutes ces années d'expérience " dis-je en faisant mine de faire une révérence


-" Bon!" Dit Diel en se levant et en tapant dans ses deux mains -"On va bientôt arriver sur l'île alors prépare toi à vivre le meilleur weekend de cette année. En plus j'ai ramené de quoi s'ambiancer" et il en sort de la poche de son cargo un sachet avec de l'herbe et d'autre pilules de diverses couleurs.


-"Non merci, je sais comment m'ambiancer sans avoir à utiliser tes petits jouets"


-"Tss t'es trop vieux jeu mec, tu vas m'en demander plus tard je t'assure"


-"Oui Diel, oui..."

Je fais mine de lire un magazine qui se trouve sur la table pour couper court à la discussion ce qui s'avère être efficace car Diel consulte son téléphone. Quand on arrive à l'aéroport, Diel court hors de l'avion tel un enfant surexcité et s'exclama: -"Welcome my friend, Let's have fun*!"


Je sors en l'ignorant et rentre dans la voiture en mettant mes airpods. Je pousse un cri de dégoût quand cette merde se jette pour moi pour m'étreindre.

BreathOù les histoires vivent. Découvrez maintenant