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Cependant, les problèmes revinrent rapidement. Une journée qui avait commencé si bien, a fini si mal.


Je me suis réveillée vers minuit cette nuit-là, mais je ne sais pas si c'est l'instinct ou un manque de sommeil. Lorsque j'ai essayé de me rendormir, j'ai entendu des bruits étranges provenant du lit derrière moi. Je me glisse à tâtons entre les deux lits, puis je relève ma main vers le lit shinso alors que la pièce était complètement noire. 


Mes doigts touchent doucement la texture de sa peau et, à l'aide de l'arête de son nez, il ne me faut pas longtemps pour comprendre que c'est la joue de Shinso. Elle est humide. Sa voix rauque, comme si elle était brisée, glaciale à m'en faire frissonner, m'ordonne de dégager et de l'ignorer. Cependant, mon poignet se resserre sous sa poigne. 

Je prends la décision d'écouter son corps plutôt que sa voix et je m'agenouille entre les deux lits. Bien que je ne le vois pas, je peux à peu près le localiser. Je parcoure sa joue avec ma main libre pour l'essuyer. Je veux faire ça pour lui, malgré notre désaffection. Il ne réagit pas vraiment et retient toujours mon bras, comme si c'était la seule façon pour qu'il puisse rester connecté à la réalité. Mon esprit est rempli de questions. Est-ce fréquent pour lui de pleurer ainsi la nuit? Pourquoi est-ce? Il n'a pas l'air de simuler sa neutralité, mais peut-être qu'il la cultive au quotidien, comme beaucoup de héros? Est-ce qu'il se développe de cette manière? Des pensées sombres?

Un mouvement de sa part interrompt mes pensées. Il sort du lit et me repousse contre la bordure en bois de mon lit. Comme un enfant blessé par la vie, il s'installe dans mes bras, sa poigne toujours ferme pendant que son autre main saisi et froisse le dos de mon pyjama. Je refuse de bouger. C'est vraiment..différencié de son comportement habituel antisocial. Je peux simplement affirmer qu'il s'agit de lui car il demeure silencieux et refuse de pleurer actuellement. En certains endroits, il ne communique que ce qui est absolument nécessaire. Je ne peux pas concevoir ce qu'il cache encore en lui.


Je repose ma main sur le sol. Une étreinte n'est pas très souhaitable, car elle n'est pas notre affaire et ne fera que gêner. Dans un silence de mort, le creux de son nez se calle contre mon épaule. Bien que cette situation ne soit pas la plus apaisante, aucun de nous deux n'a l'intention de changer de position. Il est presque possible de penser qu'il est en train de dormir, mais je suis consciente que ce n'est pas le cas.


Au bout d'un certain temps, il finit par me lacher et quitter silencieusement la pièce. Une dizaine de minutes après, je l'entends parcourir le bungalow. La porte de sortie s'ouvre et se referme finalement, indiquant son départ.


Je restai immobile, assise là, jusqu'à ce que l'aube m'éblouisse, et mes bras retombèrent sur le sol.


Shinso est rentré tard ce jour-là. Il l'a probablement fait volontairement, en souhaitant que je sois endormie, car lorsque j'ai croisé son regard dans le petit salon du bungalow, il avait un mélange étrange de tristesse, de refus et de colère qui tordaient ses lèvres et plissaient son front. Sans même passer par la salle de bain, il m'a tourné les talons et est entré dans la chambre.

Lorsque j'y suis allé à mon tour, tout était plongé dans le noir et une tension que l'on pourrait presque trancher au couteau pesait dans l'air.

Notre relation, dont je voyais enfin le progrès, a chuté depuis ce jour-là à un niveau bien pire que celui de notre rencontre. Shinso est enveloppé d'un silencieux mortel.

Pendant un mois entier. 

qu'une seule nuit (Shinso x Reader)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant