Chapitre 9

38 5 24
                                    

Sous la bruyante cacophonie, j'entre dans le réfectoire déjà bondé

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


Sous la bruyante cacophonie, j'entre dans le réfectoire déjà bondé. La salle me parait soudainement étriquée alors que sa grandeur est indéniable. Flanquée sous les escaliers menant au premier étage, le plafond ne semble pas avoir de fin tant il est haut. Les tables éparpillées sont remplies de nourritures de toutes sortes vite englouties par les étudiants affamés. Je me sens comme un poisson hors de l'eau à l'affût de cette agitation, m ramenant un instant à mes années au lycée avec Dakota. L'ambiance est la même, certes, mais cette fois, je suis seule.

Après m'avoir planté sur le terrain, Aden a disparu. Je suis restée immobile un moment, le temps de mettre un mot sur ma culpabilité et de me ressaisir. Intérieurement, je pestais contre Aden tout le long de mon escapade rapide dans ma chambre pour me changer. Son comportement me semble trop ambivalent depuis la Vallée du Lotus ou même, en y repensant, à ce moment où il m'a approché lorsque j'étais recroquevillée dans un coin de ma chambre à Seattle, terrifiée de le voir débarquer chez moi. Il avait été compréhensif quelques minutes.

Au fond de la salle, je distingue soudain la silhouette de Gaïa. Accompagnée d'Icaro, j'hésite à les rejoindre. Aden a sous-entendu qu'elle m'attendait – comme à chaque repas, j'imagine –, mais après réflexion, peut-être sera-t-elle fâchée de mon comportement envers elle. Il n'y a qu'un moyen de le savoir. Avant de changer d'avis, je me fraye un chemin entre les tables et allées et venues des gens qui me coupent la route à chaque fois. J'atteins leur table, attirant leurs attentions.

— Je... je peux m'asseoir ?

Nerveuse, je triture les pans de mon haut. À ma grande surprise, Gaïa me sourit.

— Bien sûr ! Mets-toi là.

Elle désigne la place à côté d'elle. En face de nous, la place est prise par Icaro.

— Comment tu te sens ? demande Gaïa à mi-voix comme si elle craignait de me fragiliser en parlant normalement.

— Ça va mieux, je crois.

Je l'espère.

— Tu as eu d'autres... hum, comment dire ? d'autres problèmes ?

Je fronce les sourcils avant de comprendre. Elle parle du tremblement et du miroir brisé qui ont découlé de mon accès de colère. Embarrassée, je jette un regard vers Icaro qui préfère garder les yeux rivés sur son assiette, puis je le repose sur Gaïa.

— Il était avec nous dans la chambre, m'avoue-t-elle avec un sourire crispé. C'était difficile de lui cacher la vérité sur toi, après ça.

J'hoche la tête, soucieuse.

— Non, ça ne s'est pas reproduit.

Gaïa pose une main dans mon dos en signe de réconfort. Je pousse un profond soupir, bloqué dans mes poumons depuis un moment déjà. Comme si ce vulgaire et simple geste pouvait m'apaiser en un rien de temps. La Guérisseuse fait glisser son assiette pleine sous mes yeux, insistant pour que je me serve. Avec mon empressement de la retrouver, je n'ai même plus pensé à mon estomac qui criait famine.

Etheris - Naissance Des ÉlémentsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant