Ma Destinée

CHAPITRE 1

Point de vue Destiny, à 17ans,

Le 2 septembre 2022,

A la librairie, 14 heures,

Confortablement installé sur les marches de l'escalier dans la réserve, je feuilletais pour la dixième fois le premier volume de Harry Potter. L'univers magique décrit dans ces pages me captivait sans cesse, et je me visualisais déambulant dans les couloirs de cette école grandiose, qui ressemblait tant à celle où j'avais espéré être admis. Cela faisait un mois que j'avais envoyé ma lettre d'inscription et l'absence de réponse me plongeait dans le désespoir. Cependant, je ne pouvais m'empêcher de penser que cela pouvait être un signe du destin, une manière de me dire que je ne devais pas abandonner ma mère aux mains de mon père.

Ma mère percevait la situation différemment ; pour elle, il était normal que nous n'ayons pas encore reçu de courrier étant donné la longueur de la liste d'inscription. Très peu de personnes avaient la chance d'être acceptées par cette école, surtout avec une bourse. Elle me conseillait donc de ne pas perdre patience et me rassurait en disant que mon tour viendrait. Tellement absorbé par ma lecture, je n'ai pas remarqué l'arrivée de ma mère.

— Destiny ! Es-tu là ? Il criait mon nom pour attirer mon attention.

— Oui, je suis à l'escalier, lui répondis-je.

Elle s'approcha et prit place à mes côtés. Curieuse, elle entrouvrit la couverture de mon livre pour découvrir quel titre j'avais entre les mains cette fois-ci, un sourire complice se dessinant sur ses lèvres en reconnaissant l'ouvrage tant de fois parcouru.

— Toujours plongé dans Harry Potter ? s'enquit-elle, feignant l'ignorance de ma réponse habituelle.

— Oui, tu sais combien j'apprécie cet univers, lui dis-je, rien que l'idée me transporte dans un rêve.

Je me replongeais dans ma lecture, cependant, le silence de ma mère m'interpella et je levai les yeux pour la contempler. Son regard se perdait au loin, trahissant une préoccupation intérieure.

— Maman, tout va bien ?

— Mmh. Qu'est-ce que tu disais ? Elle releva la tête et me fixa.

— Je te demandais si tout allait bien pour toi ? En attendant sa réponse qui se faisait attendre, je fronçais les sourcils.

Elle se leva et me dit :

— Tout va bien, ma puce, déclare-t-elle en m'embrassant pour me rassurer.

— Es-tu certaine ? J'ai vraiment le sentiment que quelque chose n'allait pas, comme si tu dissimulais quelque chose.

— Mais oui, ne t'en fais pas.

Elle posa sa main sur ma joue et exprima :

— Ma fille, tu es si belle, et j'attends avec impatience le jour où tu déploieras tes ailes pour poursuivre tes propres rêves.

— Oui, mais pour cela, il faudrait d'abord que nous obtenions la réponse de l'école, ce qui n'est pas encore le cas. Exprimai-je, avec une pointe de déception.

— Ne perds pas espoir, elle finira par arriver, même si c'est tard, j'en ai l'intuition. Elle exprimait cela avec un tel enthousiasme que je ne trouvai rien à redire.

Ma mère avait toujours cette intuition particulière. Pendant mon enfance, elle avait l'habitude de répéter une phrase qui se révélait vraie ou parfois fausse. Quant à moi, j'étais persuadé que je n'allais rien recevoir. Je me demandais souvent si le courrier avait été correctement adressé ou si mon père l'avait intercepté avant qu'il ne parvienne à la poste. Néanmoins, ma mère m'avait assuré de son envoi, l'ayant remis elle-même à la postière pour prévenir toute interception par mon père. Au cas où une réponse arriverait, elle avait donné l'adresse de la librairie à laquelle elle travaillait, avec l'accord de sa patronne, informée du cauchemar que nous vivions à la maison.