Chapitre 1

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Chers lecteurs,

Alors que le doux parfum du printemps vient éclairer notre belle ville de Londres, on peut aussi constater que la chaleur extraordinaire cette année, vient également réchauffer les salons de nos nouvelles débutantes. Une saison démarre et votre dévouée chroniqueuse attend avec impatience de connaitre les frasques de la haute société afin, je vous l'assure, de vous en conter les péripéties les plus croustillantes. Car, si notre Reine et ses sujets se sont un temps retirés à la campagne, les rues retrouvent dès à présent le bourdonnement de l'impatience. Et je n'en suis pas en reste, sachez-le. Pourtant, je ne peux que me demander si cette saison nous apportera son lot de mystères et de nouveautés, car, nous serons tous d'accord sur ce point, notre belle société a bien besoin d'un petit coup du sort pour s'exhorter de la terrible routine annuelle. Un diamant nommé ou non par sa Majesté viendra-t-il briller de mille feux pour ravir ma plume ?

La chronique Mondaine de Lady Whistledown - 10 avril 1814


Lisa Dawley se trouvait sur la poupe d'un navire qui la conduisait vers sa nouvelle vie. Elle laissait derrière elle son enfance et ses habitudes, bien décidée à cacher dans les tréfonds de son âme ses secrets les plus noirs. Elle accosterait seule en Angleterre dans un peu moins d'une heure, sous le soleil levant, et atteindrait la capitale dans la soirée. Un renouveau se dessinait et la jeune femme retenait sa respiration. Peu de gens avait la chance de pouvoir tout recommencer à zéro. Beaucoup aurait tout donner pour cela. Pourtant, Lisa était loin d'être de ceux-là. Mais elle devait faire avec. Elle retourna donc dans sa cabine, empaqueta les quelques affaires qu'elle avait pu emmener avec elle et noua ses cheveux noirs dans le fichu de tissu bleu qu'elle avait chipé à un matelot. Voyager sur un bateau de marchandises, entourée d'hommes de l'océan n'avait pas été une mince affaire. Lisa se réjouissait de son fort caractère qui lui avait surement sauvé bien plus que son honneur pendant cette traversée. Elle était une Lady mais ici, il était hors de question qu'elle le montre ou elle aurait été dévorée toute crue.

Quand elle vit enfin le port, une adrénaline la saisit et une chaleur la traversa de part et d'autre de son corps. Elle alla remercier le Capitaine qui l'avait aussi protégée. Il n'y avait pas que les hommes de la haute société qui étaient des gentlemans. Elle descendit ensuite du bateau et fut enchantée de poser pied à terre. Elle avait toujours été à l'aise en mer, son enfance lui avait au moins apporté cela. Cependant, elle appréciait la quiétude de la terre sous ses pieds. Quand elle ne voulait plus bouger, rien ne s'agitait autour d'elle !

Un des matelots lui apporta ensuite son cheval qui avait fait la traversée avec elle, comme toujours. Chef, de son petit nom, avait lui aussi le pied marin mais apprécierait plus de se dégourdir les sabots. Elle grimpa donc sur son dos, ne se formalisant pas de ne pas se positionner en amazone. Elle avait une longue route à faire, elle aurait bien le temps d'être une demoiselle distinguée plus tard. Elle jeta un dernier regard sur le navire, signe de son ancienne existence, et lança Chef au galop.

Les heures passèrent, cheveux aux vents avec pour seul bruit dans la campagne que le bruit des sabots du destrier martelant le sol. Lisa adorait cela. Chevaucher jusqu'à n'en plus pouvoir. Elle était une habile cavalière comme sa mère aimait le lui rappeler. Rien qu'à se remémorer son air fier, un sourire se dessina sur son visage. Mais la mélancolie céda vite la place à ce doux souvenir et elle fit accélérer sa monture pour arriver plus rapidement.

Elle arriva enfin aux portes de Londres alors que la nuit était déjà tombée. Les rues étaient calmes et plus elle approchait des beaux quartiers, plus Lisa se sentait seule dans ses rues désertes. Elle arriva finalement à Grosvenor Square devant la splendide et immense demeure de celle qui l'attendait. Elle descendit, confia les rennes de Chef à un valet étonné et alla frapper à la grande porte.

- Mademoiselle, que puis-je faire pour vous à cette heure tardive ? demanda le valet en lui ouvrant avec un air fatigué.

- Je viens voir Lady Danbury. Elle m'attend. Indiquez-lui que Miss Dawley est arrivée.

- Mais il est minuit Mademoiselle.

- En effet, et à moins que vous ne souhaitiez laisser une demoiselle sur le perron de votre maitresse, qui plus est alors qu'elle est attendue, je vous saurais gré d'aller la prévenir de mon arrivée.

- Bien Mademoiselle Dawley. Entrez je vous en prie. Veuillez rester ici s'il vous plait.

- Bien entendu, je vous remercie.

Lisa patienta donc quelques minutes en regardant autour d'elle. L'immense entrée était faiblement éclairée à la bougie. Pourtant, elle distingua le portrait d'un vieil homme et d'une jeune femme au mur. Elle était belle. Beaucoup trop pour lui qui semblait tenter de la dominer rien que sur ce portait. Pourtant, il ne semblait pas savoir que ses desseins étaient irréalisables tant la jeune comtesse brillait de par son charisme.

- Miss Dawley ? entendit-elle derrière elle.

- Bonjour Lady Danbury, répondit-elle en une profonde révérence. Je suis vraiment désolée de vous réveiller à cette heure tardive. J'ai fait au plus vite pour arriver mais la nuit a été plus rapide que moi.

La femme qui se trouvait devant elle était aussi belle et charismatique que la jeune femme du tableau. Elle regardait Lisa avec un air étonné et désolé.

- Ne vous en faites pas ma chère. Mais comment êtes-vous arrivé ici ? Vous m'avez l'air épuisée. Loin de moi l'idée de vous contrarier, vous êtes tout de même ravissante malgré ces... guenilles.

- Chef, mon cheval, est le plus rapide que je connaisse. Et le plus endurant. Pensez-vous qu'il pourrait être conduit à vos écuries afin de se reposer ?

- Bien entendu. Lewis, conduisez le cheval de Miss Dawley et veillez à ce qu'il soit bien traité. De plus, merci de laisser sous silence l'arrivée de Miss Dawley pour le moment. Je compte sur vous.

Le valet prit congé après avoir acquiescé, laissant les deux femmes se faire face. Dans sa tenue de nuit, Lady Danbury restait bien plus élégante que les haillons que portait Lisa. Mais comment faire autrement quand vous devez rester incognito et fuir ?

- Je me permets de vous remettre ceci Lady Danbury, reprit Lisa en lui tendant une petite lettre que la matriarche lu rapidement.

Quand elle reposa les yeux sur son invitée, une lueur particulière, emplit de nostalgie et de tristesse y brillait.

- Bien, reprit-elle à son tour doucement. Je vais vous conduire à vos appartements. Une chambre est prête depuis quelques temps puisque je ne savais pas quand vous arriveriez parmi nous. Nous allons aller nous reposer et nous discuterons de votre arrivée demain. Prenez votre temps. Reposez-vous. Nous avons tout le temps d'apprendre à nous connaitre.

- Merci pour votre hospitalité Lady Danbury, répondit poliment Lisa avec un joli sourire.

Elle suivit la maitresse de maison à travers les couloirs de la demeure et entra dans l'immense suite que celle-ci lui avait faite préparer. Un poids quitta son corps quand elle vit le grand lit moelleux. D'une certaine manière, elle se sentait chez elle ici alors qu'elle n'y avait jamais mis les pieds.

- Merci Lady Danbury. Passez une bonne nuit.

- Bonne nuit Miss Dawley. Oh et je tenais à vous dire que vous avez les yeux de votre mère. Elle me manque terriblement, murmura-t-elle.

- A moi aussi Lady Danbury. A moi aussi...


***

Voilà le premier chapitre, j'espère qu'il vous aura donné envie de lire la suite. Prochain chapitre vendredi ! Merci !


Fuyez-moi Colin [Colin Bridgerton]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant