Chapitre 13

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Chers lecteurs,

La bonne société londonienne fourmille actuellement d'impatience à l'idée de retrouver la famille Bridgerton lors du bal auquel tout à chacun sera sans nul doute invité. Actuellement partis à la campagne, votre chroniqueuse ne peut que souligner le fait qu'avec huit enfants dont cinq en âge de se marier, cette famille nourrit avec passion sa plume. Par ailleurs, n'oublions pas que ces retrouvailles seront d'autant plus importantes que la famille Sharma et Miss Dawley sont en repos parmi eux. Une joyeuse nouvelle sera-t-elle annoncée au détour d'une valse car le Vicomte Bridgerton n'avait pas caché la cour qu'il pouvait offrir au diamant de Sa Majesté ? Et lorsque la muse des bals vient ponctuer ce défilé de ravissement, votre chroniqueuse ne peut qu'imaginer tout ce qui a bien pu se passer en quelques jours. Rien qui ne m'échappera, soyez en sûrs.

La chronique mondaine de Lady Whistledown, le 27 avril 1814


En arrivant au repas ce soir-là, Colin se sentait remplit d'une détermination exceptionnelle. Miss Dawley était attablée non loin de sa mère et resplendissait encore dans sa magnifique robe mauve. Colin s'assit à côté de Benedict pour le surveiller car le thé l'avait plongé dans un état d'euphorie certes hilarant, mais quelque peu gênant également. Il prit donc place au milieu des autres convives mais croisa le regard de la jeune française. Une chaleur brula dans son ventre et il lui sourit légèrement. Elle lui rendit son sourire puis détourna le regard.

La conversation démarra doucement et Lisa appréciait de ne pas être le centre de l'attention. Toute la famille Bridgerton tentait d'apprendre à connaitre Edwina et tout le monde espérait secrètement une demande en mariage de la part du Vicomte. Après tout, il n'avait pas caché ses intentions dès le bal du début de la saison. Pourtant, Lisa trouvait son comportement très étrange. Elle ne connaissait rien à l'amour, le schéma familial étant erroné à n'en pas douter, mais elle était pourtant certaine que les regards que lançaient Lord Bridgerton à Edwina n'étaient pas ceux d'un homme amoureux. Ceux pour sa sœur ainée en revanche...

Lisa avait la chance d'avoir découvert le monde et beaucoup de ses composantes. Elle connaissait aussi beaucoup d'émotions et avait vu moult personnes les vivre. Sa mère était désireuse de ne jamais la laisser dans l'inconnu, pour aucune situation. Elle lui avait donc parlé de l'amour et du désir. De ses regards puissants, de cette sensation intense et démesurée. Le désir était un feu incandescent que seul un être particulier pouvait assouvir. Peu de jeunes filles savaient cela, elle ne s'en vantait donc jamais. Mais lorsque le Vicomte regardait Kate, Lisa était persuadée qu'un feu brulait ardemment dans son esprit. Pouvait-on épouser une femme et en désirer une autre ? Cela semblait inconcevable. Lisa ressentirait-elle ce fameux désir un jour ? Ne l'aurait-elle pas d'ailleurs déjà ressenti ? Non, impossible, elle s'en souviendrait. Pourtant, un nœud se forma dans sa gorge quand l'image de deux agates bleu surgirent dans son esprit et lui arrachèrent un frisson.

- Miss Dawley ? Voudriez-vous nous parler de vos voyages ? Colin nous a indiqué que vous aviez beaucoup voyagé étant enfant, avait questionné Eloïse.

Lisa sortit de sa torpeur et se retrouva nez à nez avec la totalité des pairs d'yeux braqués sur elle. Anthony et Colin échangèrent un regard et attrapèrent simultanément leur verre qu'ils vidèrent d'un trait.

- Oh oui racontez-nous ! applaudit Benedict tel un enfant.

Lisa tenta de retrouver une contenance et remit son esprit en ordre.

- Et bien, mon père était à la tête d'une grande entreprise de commerce qui l'obligeait à voyager aux quatre coins du monde. Je n'ai connu uniquement que la vie sur un navire. J'ai vu des cultures, des couleurs et des personnes remarquables. Je pense pouvoir dire que c'était une chance. J'ai des souvenirs magnifiques. Les aurores boréales, les plages de sable blanc à Santorin, les mets épicés d'Inde, les couleurs des marchés égyptiens et la musique de la nouvelle Orléans aux Amériques. C'est une chance que m'a offerte la vie.

Fuyez-moi Colin [Colin Bridgerton]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant