Ijina s'étira. Ou plutôt, elle étira le corps de Kris dont elle venait de prendre possession.
Des Abominations avaient attaqué l'hôpital, constata-t-elle en observant le charnier. Des Goules, sans doute. Mais les Goules n'étaient pas cruelles et ne torturaient pas leur proie. De plus, les griffes ayant tranché la gorge du Solaire ne correspondaient pas aux leurs. En somme toute, des Goules et une, voire deux, autres Abominations.
Abominations. Un nom qui regroupait tous les monstres existants, des Goules aux Sirènes, en passant par les Licornes. Bien que la plupart étaient repoussée jusqu'à la Terrae Abominae, il en restait rôdant dans les campagnes. Cependant, en pleine ville ? Comment des Goules avaient pu s'y introduire ? La réponse était simple : quelqu'un les y avait aidé. Qui ? Dans quel but ? Autant de choses qu'Ijina ignorait.
Ijina était, elle aussi, une Abomination. Une Nécromancienne. Un vestige d'une femme déjà morte qui avait fusionné avec Kris, dont elle volait le corps.
— Bien, bien, bien, sifflota-t-elle.
Elle était de bonne humeur – tellement que ç'en était terrifiant. C'était la seconde fois depuis sa mort qu'elle pouvait traquer et tuer quelque chose. La première fois, Kris avait lutté pour l'en empêcher – quelle gêneuse, celle-là. Mais désormais, elle lui laissait le champ libre.
Ijina pouvait torturer et tuer.
Oui, définitivement, la morte était de très bonne humeur.
Doucement, presque avec tendresse, Ijina utilisa ses ongles pour faire couler son sang dans ses paumes. Puis, à mi-voix, elle chantonna :
— Je donne mon sang et je reçois la mort. Que le sang de la Vie réveille les ombres de la Mort.
Le sang qu'elle offrait en sacrifice se mit à bouillir avant de laisser place à... autre chose. Une brume noire, épaisse, visqueuse et pourtant sans consistance, se mit à couler de ses mains avant de s'amasser non loin d'elle et de prendre la forme d'un loup. Noir, comme Ijina surnommait la personnification de son pouvoir, leva la tête et huma l'air. Puis il alla poser sa truffe sur les cadavres de Byrd et d'Hélios.
— J'aimerais que tu trouves l'Abomination qui rôde, Noir, ordonna la Nécromancienne. Ne l'attaque pas et vient me trouver. Je veux le tuer moi-même, sourit-elle en frappant dans ses mains comme une enfant ravie – une fillette folle. Oh, et tu peux relever les morts en bon état. Ils me seront peut-être utiles.
Le loup hocha la tête avant de quitter la pièce. À son tour, Ijina s'engagea dans le couloir, mais choisit de prendre la direction opposée à celle où Noir s'était engagé. Après tout, c'était Kris qui voulait rester en sécurité dans cette pièce ! La Nécromancienne, elle, ne demandait qu'à croiser l'Abomination qui avait causé ce massacre. Elle pourrait alors le combattre et le tuer ! Cette idée la réjouissait.
Un grognement fit légèrement trembler les murs. Ijina se figea, utilisa ses pouvoirs pour prévenir Noir que l'Abomination était près d'elle, et s'approcha de la source du bruit.
Puis, au détour d'un couloir, la Nécromancienne rencontra l'Abomination, à l'autre bout du corridor.
Elle utilisa les quelques microsecondes où le monstre était immobilisé par la surprise pour l'observer et déterminer comment le vaincre.
Il s'agissait d'une Hydre. Trois têtes surchargées de crocs, chacun de la taille des doigts d'Ijina et enduit d'un poison fulgurant. Des yeux couleur tempête, une peau écailleuse à faire pâlir d'envie un crocodile, une queue hérissée d'épines paralysantes. Deux pattes arrière pourvues de griffes crantées, et deux avant dotées de griffes rétractiles.
L'Hydre poussa un rugissement avant de charger Ijina. La Nécromancienne avait un léger problème : elle n'avait pas d'arme. Heureusement pour elle, ses paumes continuaient de saigner ; elle transforma le sang en brume noire avant de lui donner la forme d'une dague. Elle allait faire avec.
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Quand les morts se relèvent
FantasyLes Nécromanciens sont des Abominations. Des aberrations de la nature. Kris est l'une d'entre eux. Sa lutte contre la Mort commence à peine...