Le bon moment

Il faisait encore nuit quand Pascal était venu chercher Florence chez elle. Ils ne se rendaient pas sur une scène de crime à cette heure plus que matinale. Ils avaient tous les deux pris leur journée et, sauf cas d'extrême urgence, ils ne seraient pas dérangés. Aujourd'hui était un jour important pour eux : Jules et Lili rentraient enfin du Laos.

Leur avion atterrissant vers 7h00 du matin à l'aéroport de Genève, ils voulaient y arriver avant, d'où leur départ nocturne. Florence avait hâte de les revoir et de les serrer dans ses bras. Ils lui avaient manqué. Elle savait, pour en avoir parlé avec lui, qu'il en était de même pour Pascal.

Elle avait aussi hâte que le jeune couple reprenne les rênes de l'organisation de leur mariage. Pascal et elle avaient fait le plus gros mais, à quelques semaines de la cérémonie, il y avait encore des détails que seuls Jules et Lili pouvaient régler. Ils avaient passé des heures avec Pascal à prendre des décisions qu'ils faisaient ensuite valider par leur enfants. Florence avait déjà organisé un mariage mais elle ne se souvenait pas qu'il y avait autant à faire. Mais elle avait apprécié le temps passé avec Pascal, surtout après sa séparation. Sa présence à ses côtés lui avait fait du bien. Il s'étaient encore rapprochés.

Elle s'était une fois inquiétée auprès de Pascal de la réaction de Sarah par rapport au fait qu'il passait beaucoup de temps avec elle. Il lui avait alors révélé que leur relation avait pris fin. Ils n'en avaient plus parlé après ça, tout comme ils n'avaient plus reparlé d'Antoine après le matin où Pascal était venu la chercher.

C'était derrière eux.

Florence tourna la tête vers Pascal. Il était concentré sur la route, elle put l'observer à loisir. Passer tout ce temps seule à seul avec lui avait remis les sentiments qu'elle éprouvait pour lui au premier plan. Si elle s'était efforcée de les mettre de côté lors de sa relation avec Antoine, et même avant à bien y réfléchir, ils n'avaient jamais disparu, bien au contraire. Elle avait même l'impression qu'ils s'étaient renforcés durant tous ces mois. Mais elle ne savait pas encore si elle était totalement prête à les accepter. Elle avait peur de ce saut dans l'inconnu et pourtant elle savait qu'elle s'approchait peu à peu du moment où elle ne pourrait plus reculer. Il faudrait, un jour prochain, que Pascal et elle se parlent et mettent les choses au clair entre eux.

Elle ne savait pas non plus où il en était vis-à-vis d'elle. Peut-être avait-il tourné la page. Elle en doutait cependant. Elle surprenait parfois ses regards sur elle quand il pensait qu'elle ne le voyait pas. Il recherchait aussi sa compagnie; il n'était pas surprenant qu'elle le voit débarquer chez elle alors qu'ils s'étaient accordés à une soirée off concernant l'organisation du mariage. Il prétextait toujours avoir eu une idée à lui soumettre, ou un détail à régler qui ne pouvaient attendre le lendemain. Elle l'attendait même maintenant et était déçue quand il ne venait pas.

L'après-mariage serait sans doute difficile. Elle devrait réapprendre à ne plus passer autant de temps avec lui. Sauf si...

"Que se passe-t-il dans cette petite tête ?"

La voix de Pascal la sortit de ses pensées et la ramena au moment présent.

"Rien, rien... Je pensais juste aux enfants," mentit-elle.