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Flora

    Ma dernière valise est prête et m'attend sagement à l'entrée. Mes parents ne sont pas venus hier, et j'espère secrètement qu'ils vont débarquer d'une seconde à l'autre. Je n'ai pas envie de quitter le pays sans leur dire au revoir une dernière fois, mais je sais que je suis trop optimiste; s'ils ne sont pas venus hier, les chances de les voir aujourd'hui sont très faibles, même inexistantes.

Ils sont devenus si distants entre le moment où je leur ai annoncé la grande nouvelle et maintenant. Je vérifie l'heure une dernière fois et ouvre la porte avant de me figer.

Ils sont là.

Ils sont venus. Je me retiens de leur sauter dans les bras tellement je suis heureuse de les voir. Je n'arrive pas à retenir mon sourire qui doit être énorme. Pourtant, ils ne sourient pas, c'est à peine s'ils ont une quelconque émotion.

– Bonjour Flora.

Je me retiens de grimacer face au ton plat de mon père. Je crois que je vais détester cette dernière discussion.

– Bonjour. Vous n'êtes pas venus hier, je leur dis d'une voix douce, espérant leur faire comprendre que je ne suis pas triste mais seulement déçu.

La seule réponse que j'obtiens est un haussement d'épaule de ma mère.

– On avait oublié.

Je hoche lentement la tête. Oublier de venir dire au revoir à votre unique fille qui s'en va à l'autre bout de la planète ?

J'essaye de ne pas avoir ce genre de pensée, de me dire qu'ils ont vraiment oublié parce que quelque chose s'est passé mais c'est difficile en voyant leur visage fermés.

– Bon, j'allais aller à l'aéroport.

Est-ce qu'ils vont me dire qu'ils vont m'accompagner ? Ça me ferait tellement plaisir.

– Donc tu pars vraiment.

La voix de mon père est presque froide, et j'ai un mouvement de recul. Alors ce sera ça nos au revoir ? La même discussion qu'on a depuis maintenant des mois et qui fait qu'on arrive pas à tomber d'accord ?

J'ai laissé passer ça trop de fois, ils ne me gâcheront pas cette journée, pas quand c'est ce que j'attend depuis si longtemps, pas quand ils savent à quel point c'est un rêve qui se réalise pour moi.

– Oui, vraiment.

Ma mère croise les bras et regarde ailleurs, comme étant vraiment déçue de ma décision.

– Est-ce que vous voulez m'accompagner à l'aéroport ? Je leur propose au bout de quelques secondes de silence.

– Non.

Je retiens mes larmes qui menacent de couler face à leur froideur, pourquoi être venus jusqu'ici si c'est pour agir comme ça ? Vouloir me gâcher ma dernière journée ? Me laisser une image négative d'eux ?

– D'accord, alors je vais y aller.

Ils ne me retiennent pas et j'ai les yeux qui piquent. Je sais que je fais le bon choix en partant, j'en suis tellement certaine, mais j'aurais aimée même un tout petit peu plus de joie de leur part, ou au moins de soutien, mais là, j'ai l'impression que si je m'engage dans la rue, je leur tourne définitivement le dos, comme si j'étais une honte pour eux.

– Vous n'allez rien dire ? Je leur demande, presque implorante d'une réaction.

– Te dire quoi ? Tu as fait ton choix et ce n'est pas nous.

– Pourquoi est-ce que vous le prenez comme ça ? Vous savez que ça n'a rien à voir avec vous. L'Australie c'est mon rêve.

J'essaye de garder une voix douce, ils le prennent comme une trahison et une partie de moi refuse de le comprendre.

– On pensait que ça allait te passer.

– Ce n'est pas le cas. Ça fait des années que je vis ma vie en la calant sur la votre. Essayant d'être toujours présente quand vous avez besoin de moi, laissant mes propres besoins et envies de côtés, mais maintenant que je veux faire quelque chose qui me plaît, ça ne vous convient pas, et j'en suis désolé, mais vous devriez être heureux pour moi.

J'essaie d'être positive, vraiment, mais il n'y a aucun effort de leur côté, et c'est ce qui me fait comprendre que je devrais lâcher l'affaire.

Mais je n'y arrive pas, ça reste mes parents.

Peut-être qu'une fois que je serais là-bas, ils se rendront compte de leur point de vue ?

J'attrape ma valise et ferme la porte avant de leur lancer un regard triste.

Ne pas pleurer. Ne pas pleurer. Ne pas pleurer.

– Au revoir.

Je ne peux faire que trois pas avant que la voix froide de mon père me stoppe net.

– Tu nous déçois énormément, Flora.

Je prends une grande inspiration avant de déglutir.

Ne pas pleurer.

J'en peux plus d'essayer d'arranger les choses.

– Vous aussi.

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768 mots.

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De tout mon cœur,

-albatross

Fight for loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant