trou noir

ix.

j'ai du mal à savoir si c'est le temps, une réalisation ?, simplement ma mauvaise volonté ou une espèce d'acharnement stupide, peut-être que tout cela n'est en réalité qu'un caprice, un faux combat, dont mes réactions se trouvent disproportionnées, enfantines, mes paroles acérées pourraient sonner injustifiées, irrationnelles, totalement illégitimes au final,
je me trouve indulgente, et puis à la fois je réalise que ce n'est « rien », que de petits évènements par-ci par-là, insignifiants, indolores (des évènements que je ne supporte plus pourtant)

je pense que c'est la colère surtout, difficile à exprimer, parfois pas partagée – incomprise par autrui, qui rend la situation désagréable, qui me découvre plus sèche, plus sévère, moins empathique, il y a quelque chose de solitaire dans ces pensées qui rend ça plus amer sur la langue liée, comme l'impression que c'est un sujet si difficile à aborder sous tous ses angles, peut-être que ce n'est pas ma colère (ce n'est pas celle de ma mère non plus), peut-être celles de autres – inconnus, mais si étroitement liés par ce sentiment –

parfois je pense à ce que ça me fait, à moi, et je sais que ce n'est pas si terrible, mais quand je pense à ceux qui en ont subis les plus horribles supplices permis par cette société sans aucune punition n'atteignant les fautifs, je ne sais pas, rien que pour ça, je ne peux tolérer même le plus moindre des faux-pas, intransigeante puisque personne ne le fera à ma place, j'essaye de me rassurer en me disant que si un rien me fait tilt, alors je ne serais pas piégée à mon tour, jamais, et pourtant il n'y a nul besoin d'être piégée pour qu'un jour ça me brise, je sais, j'attends le moment où ça viendra, à mon tour, ce serait plus beau de croire que ça n'arrivera jamais, mais je sais, c'est arrivé à d'autres, ça arrivera à d'autres – comment ça ne pourrait pas m'arriver, ça m'arrive déjà, imperceptiblement, mais ça existe, c'est réel, je ne suis pas folle –, je le sais, le risque n'est plus un risque, c'est une menace, imminente, un jour, moi aussi, ça me tombera dessus et je me sentirais impuissante, honteuse

c'est une tragédie et pourtant, je sais que je ne suis pas la seule à me sentir comme ça à cause d'eux, mais, if i speak