Sang Pour Sang: Anarchie

Chapitre 23

Dans les rues embrumées de Port-au-Prince, Diane errait, son esprit tourmenté par les tourments de ceux qui l'entouraient. Les murs, témoins silencieux de tant de douleurs et de désespoir, devenaient son canvas, sa toile pour exprimer les angoisses qui la rongeaient. Comme les fissures dans le vieux mur, son âme était marquée par les épreuves, les secrets qui la dévoraient de l'intérieur.

Sa rencontre avec les jeunes hommes ne faisait que rajouter à son fardeau. Leurs regards brûlants la traversaient, mais elle les ignorait, leur feu ne parvenant pas à l'atteindre. Elle continuait son chemin, déterminée à échapper ne serait-ce qu'un instant à la tempête qui faisait rage en elle.

Pourtant, en rentrant chez elle, elle découvrit un tourbillon de chaos encore plus sombre que celui qu'elle avait laissé derrière elle dans les rues. Sa mère, l'ancrage fragile dans ce monde de tourments, était devenue un mirage brisé. La drogue, ce démon insidieux, avait repris sa prise sur elle, brisant les promesses fragiles comme du verre sous le poids du désespoir.

- J'en étais sûre ! S'exclama-t-elle, folle de rage.

Sa mère prit au dépourvu faillit s'étouffer avec la fumée de son long cigare.

- Chérie ..(toux) ...je peux...(toux)...t'expliquer ! Glapit-elle.

- Ne t'en donne pas la peine, Martha ! Cracha la jeune fille.

La confrontation qui s'ensuivit fut brutale en grossièreté, opposant deux âmes écorchées, deux femmes liées par le sang mais séparées par les ombres qui les engloutaient. Les mots jaillissaient comme des lames tranchantes, chaque phrase un coup de poignard dans le cœur déjà meurtri de Diane. Et lorsque sa mère, repentante mais impuissante, tenta de retenir sa fille, ce fut comme si les chaînes qui les liaient se brisaient définitivement.

Dans un élan de rage et de désespoir, Diane claqua la porte, laissant derrière elle le foyer qui n'était plus qu'une coquille vide, hantée par les démons du passé et du présent. Dans les rues sombres de la nuit, elle se perdit, cherchant un refuge qui semblait toujours se dérober devant elle.

La lune, témoin muet de tant de drames humains, éclairait son chemin incertain alors qu'elle errait sans but, cherchant un sens à cette existence qui semblait se dérober à chaque pas. Et tandis que les ombres de la nuit l'enveloppaient, elle sentit une résolution étrange grandir en elle, une détermination à ne plus s'en remettre qu'à elle-même et à affronter seule, les démons qui la hantaient, qu'ils soient cachés dans les ruelles sombres ou dans les recoins les plus sombres de son âme tourmentée.

***

Dans les ruelles tortueuses de la capitale haïtienne, Port-au-Prince, où l'ombre règne en maître et où les murmures des âmes égarées se mêlent aux bruits étouffés de la ville, se déroulait un spectacle des plus sinistres. Duroy, échappé des geôles infâmes, se tenait là, une silhouette imposante et menaçante, ses muscles tendus comme des cordes prêtes à se déchirer. Libéré de l'étreinte étouffante de l'horrible uniforme orange de la prison, il retrouvait une liberté qui lui était chère, une liberté teintée d'ombre et de danger.

À ses côtés se dressait le redoutable GrennSenk, chef de gang du sud de la capitale, un homme dont la réputation n'avait d'égal que sa cruauté. Secondé par une cohorte d'hommes de main, il incarnait la puissance et la violence de ce monde souterrain. Duroy lui exprimait sa gratitude pour son rôle dans son évasion, reconnaissant envers celui qui lui offrait une seconde chance dans ce monde impitoyable.

Mais derrière les mots de gratitude se cachait une dette impayée, une somme colossale réclamée en échange de sa liberté retrouvée. GrennSenk, d'une voix grave et glaciale, rappelait à Duroy l'entente qui les liait : un demi-million de dollars en échange de sa vie sauve. Duroy, le regard sombre, acquiesçait sans broncher, promettant de régler sa dette dans les plus brefs délais.

Pourtant, derrière le visage impénétrable de GrennSenk se dissimulait une ambition plus grande encore. Son esprit calculateur envisageait les richesses insoupçonnées que lui offrirait la livraison de Duroy à des puissances internationales avides de vengeance. Dans les méandres de son esprit tordu, il imaginait déjà les bénéfices colossaux que lui procurerait cette transaction, prêt à trahir celui qu'il avait sauvé pour servir ses propres intérêts.

Pendant ce temps, autour d'eux, les hommes de main de GrennSenk veillaient, silencieux et vigilants, leurs yeux scrutant les ténèbres à la recherche du moindre signe de danger. Le décor lugubre des ruelles délabrées servait de toile de fond à cette scène sombre et troublante, tandis que les échos lointains de coups de feu résonnaient dans l'air vicié de la nuit, rappelant à tous les dangers qui guettaient dans l'ombre.