Blood on blood // Changlix //

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Après avoir compté jusqu'à mille pour être sûr que Minho ne revenait pas, Felix sortit du manoir d'un pas sautillant en traînant à sa suite de lourds rideaux. Malheureusement, l'autre vampire avait fait dresser un portail de fer pour empêcher toute créature magique d'entrer, alors cela compliquait la tâche de son fledgling, puisque les vampires eux-mêmes étaient blessés par ce métal. Mais s'il y avait bien une chose que tous, c'est-à-dire Minho, s'accordaient à reconnaître chez Felix, c'était sa détermination. Le menton haut, il se planta devant le portail et déchira soigneusement des bandes de tissu pour s'en envelopper les paumes. Son idée était simple : se protéger suffisamment les mains pour ensuite pouvoir gravir le portail et atterrir de l'autre côté. Alors une fois bien protégé, il inspira profondément pour se donner du courage avant d'empoigner les grilles de fer afin de commencer son ascension. Et malgré le tissu qui entravait ses mouvements, qui l'empêchait d'avoir une prise suffisante, grâce à sa force surhumaine, il réussit à grimper en haut du portail et à se laisser glisser de l'autre côté. Et s'il se cogna le visage, si une trace rouge s'imprima sur sa joue, personne n'était obligé de le savoir.

Pour la première fois en cent cinquante ans, Felix se tenait de l'autre côté du portail. Il défit les bandes de tissu, qu'il laissa tomber par terre, avant d'observer les alentours avec les yeux écarquillés. C'était surréaliste. Il avait rêvé de cet instant pendant des années, et à présent qu'il se trouvait dehors, il se sentait presque perdu. L'immensité des possibilités qui s'offraient à lui le submergea. Que faire ? Où aller ? Qu'explorer ? Le jeune vampire mordilla sa lèvre en étudiant les alentours. Il finit par faire quelques pas hésitants vers la forêt à sa gauche. Son sire était parti trois jours, alors il avait tout le temps de découvrir les lieux. Il valait mieux y aller progressivement. Sur des jambes peu assurées, Felix s'enfonça dans la forêt. L'odeur des arbres et de la sève envahit ses narines, il huma avec un léger sourire. Il se sentait bien. Peu à peu, il se détendit et l'excitation reprit le dessus. Il déambula dans les bois, le nez en l'air pour s'imprégner de toutes les odeurs qui y régnaient, ses doigts effleuraient les quelques fleurs et arbustes qui poussaient, il s'arrêta même dans une clairière pour faire un bouquet de fleurs des champs. Il était occupé à les arranger soigneusement quand le bruit d'une branche qui se brise attira son attention. Il releva vivement la tête, aux aguets, en inspirant profondément. Il sentait la forêt, les fleurs, et... De la lavande ? Ses sourcils se froncèrent avant qu'il n'écarquille les yeux quand une silhouette se détacha de derrière un arbre.

C'était un jeune homme aux yeux d'un bleu si clair qu'il rappela à Felix les peintures de la mer qui étaient suspendues dans les escaliers du manoir. Ses cheveux bouclés étaient retenus en un lâche chignon qui dégageait des joues rebondies et des yeux arrondis, coupant net la respiration du jeune vampire. Il était magnifique. En se forçant à inspirer, il sentit une effluve mêlée à la lavande. Comme de la terre ou du musc, une odeur animale presque. Ses yeux s'agrandirent encore plus alors qu'il bredouillait :

« - Tu es... Un loup-garou ? »

Si son sire ne lui avait pas raconté ses rencontres passées avec ces créatures et l'odeur si particulière qu'elles dégageaient, il ne l'aurait jamais deviné. Le jeune loup l'étudia un instant avant d'acquiescer prudemment :

« - Oui. Et toi... Un vampire ? Comme Felix hochait à son tour la tête, enthousiaste, il reprit. Que fais-tu ici ? Ce n'est pas ton territoire. Tu ne devrais pas être là. »

Felix sentit sa joie s'atténuer. Il était extatique à l'idée de rencontrer enfin quelqu'un d'autre que son sire, mais le loup ne semblait pas ressentir la même chose. Il recula d'un pas pour lui montrer qu'il ne lui voulait pas de mal en répondant d'une voix qui dissimulait mal son excitation :

« - C'est la première fois que je peux sortir du domaine- je voulais visiter la forêt ! Je m'appelle Felix, et toi ? »

De nouveau, le loup l'étudia quelques instants avant de répondre :