Tension sous silence

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« Je vous prie de bien vouloir me suivre, Oméga Prescott, nous allons commencer votre toilette. »
La voix douce de la servante, bien que courtoise, trahissait une certaine distance imposée par les règles strictes de la maison. Harriel se releva lentement, ses muscles tendus après une nuit agitée. Le vertige le frappa brusquement et l'obligea à s'arrêter, les yeux fermés, en quête d'un équilibre précaire.

« Avez-vous besoin d'aide, monseigneur ? » demanda la servante, tendant un bras mince dans sa direction.

Harriel secoua légèrement la tête, refoulant une vague de fatigue et de confusion.

 « Non, ça ira. »

 Sa voix semblait étrangère, basse, comme étouffée sous le poids des événements récents. Ses pensées se bousculaient, embrouillées, chaque décision paraissant lui échapper. Lentement, il suivit la servante jusqu'à la salle de bain où d'autres domestiques l'attendaient pour réaliser sa toilette.

Les gestes des domestiques étaient précis et professionnels, mais Harriel sentait leur distance, comme s'il était une simple statue qu'ils polissaient sans réellement le voir. Tout cela faisait partie de sa nouvelle réalité : il n'était plus maître de son corps, ni de son avenir. Les eaux tièdes glissant sur sa peau auraient dû être apaisantes, mais il ne ressentait qu'une angoisse sourde.

Alors qu'il était habillé avec soin, une question qu'il ne comprenait pas entièrement lui échappa : « Savez-vous quand aura lieu ma morsure d'ancrage ? »

Lorna, la domestique en charge de ses vêtements, le fixa un instant, les yeux écarquillés par l'étonnement. Elle haussa finalement les épaules et secoua la tête avec embarras. Il était absurde de demander à une simple servante une information aussi personnelle et confidentielle. Pourquoi lui avait-il posé cette question ?

Harriel soupira, agacé contre lui-même. Il savait que seuls les Alphas avaient le pouvoir de décider de telles choses, et encore moins une domestique. Ses pensées étaient floues, brouillées par un mélange de stress et de résignation. Le poids de sa condition d'oméga l'écrasait, plus lourd qu'il ne l'avait jamais ressenti. L'ancrage serait bientôt là, inévitable, et il n'y avait aucun échappatoire.

Alors qu'il ouvrait la bouche pour poser une autre question, un autre domestique entra, interrompant le fil de ses pensées. 

« Lorna, nous sommes en retard dans le planning. Il faut y aller. » Son ton pressé révélait une urgence que Harriel ne comprenait pas encore.

Lorna jeta un coup d'œil rapide à son comut, l'appareil vissé à son poignet émettant une faible lueur rouge. Son expression changea immédiatement, passant de la gêne à la panique. 

Elle agrippa le bras de Harriel et le tira avec plus de force que nécessaire. « Venez avec moi, vite ! » 

Le désespoir dans sa voix n'échappa pas à Harriel, mais il n'eut pas le temps de protester. Ses pas maladroits s'accélérèrent alors qu'elle le guidait à travers les couloirs.

Dans l'agitation, Harriel trébucha sur une chaise, émettant un petit gémissement de douleur. Lorna lâcha immédiatement son bras en entendant son cri, se retournant avec inquiétude. Son regard balaya rapidement Harriel, cherchant une blessure potentielle. Mais en le voyant indemne, elle poussa un soupir de soulagement. Puis, soudain, son visage se figea dans une expression d'horreur.

« Oh non... Non, non... » balbutia-t-elle, son visage se décomposant sous le poids de la réalisation. Ses mains tremblaient. Elle tomba à genoux devant Harriel, sa voix brisée par la peur. « Pardonnez-moi, Oméga Prescott ! Je... je ne voulais pas... »

Harriel, encore abasourdi par la scène, regarda autour de lui, confus. « Ce n'est rien, je vais bien, » dit-il doucement, essayant de la rassurer. Mais elle continuait à sangloter, le visage tordu par le désespoir.

L'époux du régent chefOù les histoires vivent. Découvrez maintenant