Chapitre X : Tornade

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TW : Mention de s*icide (oui c'est joyeux Normal Boys en ce moment)

Les vacances de Noël étaient arrivées aussi vite que la neige, pour le plus grand malheur d'Eli. Il n'avait pas eu le temps de se préparer mentalement...Alors il s'était rapidement retrouvé assis, le dos contre son lit, plongé dans la lecture d'un carnet qu'il s'était promis de ne plus jamais rouvrir.

Plus de victime, plus de crime, n'est-ce pas ? Plus de crime, plus de souffrance...Plus rien, juste le vide, juste le silence...Je veux juste qu'on me laisse tranquille Eli...S'il te plait, promets-moi que je ne serais pas seul.e là-haut...

« Eli, lâche ça, lui chuchota Ariel d'une voix bien trop douce. »

Il retira avec délicatesse le cahier des mains de son petit-ami, celui-ci n'opposant aucun résistance. Le blond s'installa prêt de lui, sans oser le prendre dans ses bras.

« Je suis désolé.

— C'est pas grave, Eli...

— Je crois qu'ille tenait autant à moi que je tenais à lui.

— Je sais, murmura le percé en lui prenant la main, je sais...

— Ille me répétait tout le temps que quand ille me voyait, ille était pris.e d'une vague de bonheur à lui en faire mal. Mais que ça finissait toujours par disparaitre, et qu'ille se sentait affreusement vide après. »

Ariel décida de ne rien dire ; il avait remarqué les larmes qui déchiraient les joues de celui qu'il aimait. Ce dernier agrippait la main du blond comme si sa vie en dépendait.

« Ille disait...Ille disait que je marchais mieux que ses médicaments... »

Eli fondit en larmes, enfouissant son visage dans ses mains. Il en avait oublié la présence d'Ariel à ses côtés, qui le câlinait et lui murmurait des mots doux. Pendant un abominable instant, il eut l'impression que son ami.e était de retour prêt de lui.

« Ille disait aussi que c'était un gâchis quand tu pleurais. Ille avait raison. Je suis là, Eli...Tout va bien... »

Le garçon aux cheveux violets se retint–juste à temps–de répliquer que ce n'était pas lui qui aurait dû le réconforter.

« Ille est parti.e, hein ? Ille reviendra pas...Ille m'a abandonné, ille m'a laissé tout seul, et je suis censé faire quoi maintenant ? »

Le cœur d'Ariel se détruit devant la lueur terrifiée dans le regard d'Eli. Même après deux ans, il ne parvenait pas à faire son deuil, restant constamment dans le déni ou le chagrin...

« Tu dois avancer. C'était ce qu'ille t'avait dit de faire, non ? Avancer, même sans lui. Parce que tu mérites d'être heureux Eli. »

Une bouffée de panique secoua le plus jeune des deux suite à cette dernière phrase. Ille lui avait dit exactement la même chose, mot pour mot. Avec un doux sourire sur les lèvres, ses cheveux bouclés mal coiffés, et les larmes qui lae défiguraient complétement. Eli tremblait, tremblait comme le faisant son ami.e décédé.e lors de chacune de ses crises, le regard planté dans le mur, incapable de tourner la tête.

« Eli. Respire. Ça va aller, d'accord ? C'est juste une mauvaise passe. L'hiver va se terminer, et tu iras mieux. Tu veux que j'appelle Rain ? »

Devant le manque de réaction d'Eli, Ariel hurla presque pour que le brun vienne. Ce dernier arrêta d'insulter leurs vieux voisins pour venir se blottir contre l'efféminé.

« Eli ? C'est moi, Rain.

— Je voulais pas...Je voulais pas lae perdre...

— Je sais. Ille ne voulait pas que tu sois triste pour ça...

— J'aurais dû faire quelque chose...

— Sa psy te l'a dit : tu as fait tout ce qui était dans ton pouvoir pour l'aider.

— Oui, et maintenant ille est mort.e... »

Ses yeux trempés de larmes étaient aussi vides que ceux de lae décédé.e, autrefois.

« Ille me manque.

— Je sais...

— Ille aimait bien la neige...Et ille est parti.e avec la neige... »

La douleur qui traversait Eli lui apportait une touche de réconfort que je ne saurais décrire. Il faut l'avoir vécu pour le comprendre.

« Ari...Rain...

— Oui ? répondit le premier.

— Pour Noël, je veux une peluche...Un chaton, comme celle qu'ille avait...

— Bien sûr, approuva Rain, cachant du mieux qu'il pouvait sa tristesse. »

Une partie de lui se disait que c'était mal pour Eli, qu'il allait encore plus souffrir, mais il ne pouvait pas se résoudre à lui dire non. Pas quand il était dans cet état-là.

« Ça va un peu mieux ?

— Ille me manque.

— C'est normal, Eli...C'est normal... »

Ariel se força à sourire avant de déposer un baiser sur le front du garçon aux cheveux violets. Ce dernier essuya son visage, le cœur gros, puis prit Rain dans ses bras.

« J'ai mal...J'ai tellement mal...

— Je te promets que ça va aller mieux...C'est qu'une question de temps...

— Je veux que le temps s'arrête Rain...

— Eli, tu veux que je prenne un rendez-vous chez ta psy pour toi ? »

Eli se contenta d'acquiescer d'un petit signe de tête, incapable de lâcher son petit-ami.

« Elle va croire que je fais semblant d'aller mal, à force de venir la voir que l'hiver...

— Ne dit pas n'importe quoi..., chuchota Rain à son oreille.

— Comme si je l'oubliais toute l'année et que je me rappelais de lui que l'hiver...Tu crois qu'ille m'en veut ? Que je l'oublie ?

— Tu ne l'oublies pas, tu penses à autre chose, affirma Ariel. Et même si tu l'avais oublié, ille ne t'en voudrait pas.

— Rain...Ari...J'ai pas réussi à oublier sa voix en deux ans... »

Ariel vint rejoindre le câlin, serrant ses deux petits-amis contre lui aussi fort qu'il pouvait, sous une tornade de larmes et de souffrance principalement alimentée par Eli.

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